BIBLIOTHEQUE - Tous les articles

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Louis Leger pour la Macédoine

Le devoir des savants est avant tout de rechercher et de proclamer la vérité... [consulter l'article entier]

Le Congrès de Berlin

HISTOIRE GENERALE
LAVIS, ERNEST (1842—1922) et RAMBAUD, ALFRED (1842 — 1905). [consulter l'article entier]

Gustav Schlumberger pour tzar Samuil

La mort du grand tsar Samuel marqua vraiment la fin de l'indépendance bulgare [consulter l'article entier]
si admirablement personnifiée en lui...

Cyrille et Méthode

Sous la protection du roi bulgare Boris I ils (les disciples) fondèrent deux écoles littéraires
– une à Preslav, la capitale, et l’autre à Ohrid. Le premier centre culturel fut organisé par
Naoum, le deuxième – par Kliment...

...
En Bulgarie, Kliment créa le deuxième alphabet slave – le cyrillique, qu’il nomma ainsi en
l’honneur de son maître...
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La Crise en Macédoine

UNE CINQUIEME GUERRE BALKANIQUE ? [consulter l'article entier]
Assia STANTCHEVA

Les Bulgares avant la Bulgarie

Kouber s‘installa avec son peuple en Macédoine actuelle, aux alentours de Bitola... [consulter l'article entier]

Macédoine – brève présentation

Situation géographique, Données démolinguistiques, Économie [consulter l'article entier]

Brève histoire de la Macédoine

Un petit essai de démontrer le non-respect de la vérité historique... [consulter l'article entier]

Les frontières de la Macédoine

« Où commence la Macédoine,» écrivait-il, « où finit-elle ? Ques­tion qu'on a intentionnellement
embrouillée, en divisant la Macédoine de la façon la plus arbitraire. On en recule, on en
restreint les frontières, au gré des intérêts que l’on défend ...»
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La Macédoine Bulgare

L'épisode des fils du tsar Pierre (Petar), le roi captif Boris II et Roman, évadés de Constantinople,
nous montre quels sentiments nourrissait-on à la cour du roi Samuel à l’égard de la Bulgarie orientale...
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La Question Macédonienne

L’analyse des faits historiques prouve que la Macédoine n’a jamais été un pays ethnique
et qu’il n’a jamais eu de nationalité macédonienne... [consulter l'article entier]

Quelques mots de réponse aux calomniateurs des Macédoniens

La « Tribune de Lausanne » du 20 novembre 1918 a publié un extrait d'un appel que la jeunesse yougoslave de Lausanne
et la société grecque «Koraïa» ont adressé aux professeurs, étudiants et hautes autorités suisses, ainsi qu'aux consulats alliés... [consulter l'article entier]

Les qualités spirituelles des Bulgares de Macédoine

GUEORGHI TRAITCHEVSOFIA, 1930 [consulter l'article entier]

LA VÉRITÉ SUR LA MACÉDOINE

PAUL HAUPT  AKAD. BUCHHANDLUNG VORM. MAX DRECHSEL
BERNE 1918 [consulter l'article entier]

Les communautés bulgares en Macédoine

La population macédonienne rejetait tous les projets de compromis bulgaro-grec, car elle estimait
qu'aucune solution ne saurait être trouvée en dehors de l'unité de tout le peuple bulgare. [consulter l'article entier]


 
à suivre...


 

Todor Alexandrov


***
“Азъ съмъ оръдие само на идеята за освобождението на Македония и обединението на българския народъ. Това съмъ го доказълъ съ целия си животъ, като съмъ пожертвалъ за тази идея всичко освенъ живота ми, който слъчайно е оцeлялъ.”

Тодоръ Александровъ, 3 априлъ 1917 година.

  • Je ne suis qu’ instrument à l’ idée de la libération de la Macédoine et l’unification du peuple bulgare. Cela je l’ ai prouvé par toute ma vie, en sacrifiant à cette idée tout sauf ma vie, qui est sortie indemne par hasard.”

Todor Alexandrov, le 3 Avril 1917.








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Damian Gruev


***

“Ние смe българи и всeкога работимъ и ще работимъ за обединението на българския народъ. Мислихмe да създадемъ организация по образеца на революционната организация въ България преди освобождението, да действаме по примера на Ботевъ, Левски, Бенковкси и др.”

Дамянъ Груевъ, 1905 година.

  • “Nous sommes Bulgares et nous oeuvrerons toujours pour l’ unification du peuple bulgare. Nous voulions créer une organisation sur le modèle de l’ organisation révolutionnaire en Bulgarie avant la libération, agir à l’exemple de Botev, Levski, Benkovski et autres.”

Damian Gruev, le 1905.










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Gotse Delchev


***

Писмо от Гоце Делчев до Никола Малешевски: „Отцѣпленията и разцѣпленията никакъ да не ни плашатъ. Действително жалко е, но що можемъ да правимъ, когато си сме българи и всички страдаме отъ една обща болѣсть! Ако тая болѣсть не съществуваше въ нашитѣ прадѣди, отъ които е наследство и въ насъ нѣмаше да попаднатъ подъ грозния скиптъръ на турскитѣ султани...“


  • Lettre de Gotse Delchev,adressée à Nikola Malashevski : « Nous ne devons pas craindre les dissidences et les séparations. En effet c’est dommage, mais que pouvons-nous faire quand nous-tous sommes Bulgares et nous-tous souffrons d’une maladie commune ! Si cette maladie n’existait pas dans nos ancêtres, dont elle est restée en héritage chez nous aussi, ils n’auraient pas tombé sous le sceptre vilain des sultans turcs… »












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Ivan Mihaylov


***
“Нека утрешните поколения знаят, защото времето отминава, а нашата преходност е налице, че ние направихме Вътрешно-македонска революционна организация не за да правим две Българии, а защото нямаме една целокупна! Македония без българите, огън да я гори!” ("Македония безъ българи, огинъ да я изгори")

Иванъ Михайловъ

  • “Que les générations de demain le sachent, parce que le temps passe et notre fugacité est évidente : que nous avons fait l’Organisation révolutionnaire interne de Macédoine non pas pour faire deux Bulgaries, mais parce que nous n’avons pas une-seule intégrée ! La Macédoine sans les Bulgares – que le feu la brûle !”
Ivan Mihaylov








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Citations

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“Нека утрешните поколения знаят, защото времето отминава, а нашата преходност е налице, че ние направихме Вътрешно-македонска революционна организация не за да правим две Българии, а защото нямаме една целокупна! Македония без българите, огън да я гори!” ("Македония безъ българи, огинъ да я изгори")

Иванъ Михайловъ

  • “Que les générations de demain le sachent, parce que le temps passe et notre fugacité est évidente : que nous avons fait l’Organisation révolutionnaire interne de Macédoine non pas pour faire deux Bulgaries, mais parce que nous n’avons pas une-seule intégrée ! La Macédoine sans les Bulgares – que le feu la brûle !”

Ivan Mihaylov



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“Ние смe българи и всeкога работимъ и ще работимъ за обединението на българския народъ. Мислихмe да създадемъ организация по образеца на революционната организация въ България преди освобождението, да действаме по примера на Ботевъ, Левски, Бенковкси и др.”

Дамянъ Груевъ, 1905 година.

  • “Nous sommes Bulgares et nous oeuvrerons toujours pour l’ unification du peuple bulgare. Nous voulions créer une organisation sur le modèle de l’ organisation révolutionnaire en Bulgarie avant la libération, agir à l’exemple de Botev, Levski, Benkovski et autres.”

Damian Gruev, le 1905.





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“Азъ съмъ оръдие само на идеята за освобождението на Македония и обединението на българския народъ. Това съмъ го доказълъ съ целия си животъ, като съмъ пожертвалъ за тази идея всичко освенъ живота ми, който слъчайно е оцeлялъ.”

Тодоръ Александровъ, 3 априлъ 1917 година.

  • Je ne suis qu’ instrument à l’ idée de la libération de la Macédoine et l’unification du peuple bulgare. Cela je l’ ai prouvé par toute ma vie, en sacrifiant à cette idée tout sauf ma vie, qui est sortie indemne par hasard.”

Todor Alexandrov, le 3 Avril 1917.



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Писмо от Гоце Делчев до Никола Малешевски: „Отцѣпленията и разцѣпленията никакъ да не ни плашатъ. Действително жалко е, но що можемъ да правимъ, когато си сме българи и всички страдаме отъ една обща болѣсть! Ако тая болѣсть не съществуваше въ нашитѣ прадѣди, отъ които е наследство и въ насъ нѣмаше да попаднатъ подъ грозния скиптъръ на турскитѣ султани...“


  • Lettre de Gotse Delchev,adressée à Nikola Malashevski : « Nous ne devons pas craindre les dissidences et les séparations. En effet c’est dommage, mais que pouvons-nous faire quand nous-tous sommes Bulgares et nous-tous souffrons d’une maladie commune ! Si cette maladie n’existait pas dans nos ancêtres, dont elle est restée en héritage chez nous aussi, ils n’auraient pas tombé sous le sceptre vilain des sultans turcs… »





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Le Congrès de Berlin



HISTOIRE GENERALE


LAVIS, ERNEST (1842—1922) et RAMBAUD, ALFRED (1842 — 1905).

Historiens français de l'école libérale bourgeoise. Après 1880 tous les deux sont professeurs à la Sorbonne, le premier — d'Histoire du Moyen Age et le second — d'Histoire des temps modernes.
E. Lavis et A. Rambaud acquirent une renommée mondiale, surtout par l'édition, organisée par eux de 1893 à 1901, de l'énorme ouvrage que constitue l'„Histoire Générale du IVe siècle à nos jours", paru en 12 volumes» et traduit dans les principales langues.
Le présent extrait est emprunté au tome 12 de l'édition mentionnée: Le monde contemporain (1870—1900); le chapitre „La politique européenne jusqu'au traité de Berlin (1871 — 1878)". Ce chapitre est écrit par A. Malet, historien français de mérite, auteur d'un ouvrage remarquable, la «Nouvelle histoire universelle depuis l'antiquité à nos jours", t. I—IV, Paris, 1924.
L'extrait dont il s'agit, révèle bien la politique cupide des grandes puissances capitalistes qui, poursuivant leur buts antirusses au Congrès de Berlin, ont sacrifié les intérêts nationaux de la Bulgarie.


"..LE CONGRÈS DE BERLIN (JUIN-JUILLET 1878)
Le congrès s'ouvrit à Berlin le 13 juin 1878. Ses séances durèrent exactement un mois: l'acte final fut signé le 13 juillet. La présidence avait été déférée à Bismarck. Les représentants du tsar, Gortchakof et Schouva-lof, eurent l'amère surprise de ne plus trouver chez lui les bonnes dispositions qu'ils lui supposaient à l'égard de la Russie: rien qu'une froide et rigide impartialité, et jamais aucun appui, si ce n'est dans les questions qui intéressaient la Turquie seule, comme la question de l'indemnité de guérie. Les Turcs se déclaraient hors d'état de payer et de prendre aucun engagement financier; l'Angleterre les soutenait. Bismarck coupa court à la discussion: ?La Turquie n'a pas d'engagement à prendre, dit-il; l'engagement a été pris à San Stéfano." Mais il ne soutint pas Gortchakof, même lorsqu'à la fin des séances celui-ci demanda très sagement que le congrès déterminât les mesures à prendre pour assurer le cas échéant l'exécution de ses décisions. La proposition fut repoussée. On devait voir bientôt quelle faute avait été commise lorsqu'il s'agit de régler la question monténégrine et grecque. Tandis que les ministres anglais Disraeli et Salisbury se montraient âpres et agressifs envers la Russie, les plénipotentiaires russes firent presque constamment preuve de modération et d'un esprit conciliant. Sur un seul point on les trouva intransigeants: quand les délégués de la Roumanie, appuyés par les Anglais, vinrent protester contre la rétrocession de la Bessarabie, Gortchakof déclara que „la Russie ne saurait reculer devant cette question". En revanche, à la surprise générale, il se rallia à la motion des Anglais lorsque ceux-ci proposèrent l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine par l'Autriche-Hongrie.


STIPULATIONS DU TRAITÉ DE BERLIN
Les principales dispositions du traité de Berlin furent les suivantes:
La Grande Bulgarie du traité de San Stéfano fut partagée en trois tronçons. La partie macédonienne retomba simplement sous la tyrannie turque. Au sud des Balkans on constitua une Roumélie Orientale, province autonome, relevant du sultan, mais administrée par un gouverneur chrétien nommé par la Porte avec l'assentiment des puissances. Au nord des Balkans, la Bulgarie proprement dite formait une principauté vassale et tributaire du Sultan, dont le prince, élu par les Bulgares, ne pourrait appartenir à aucune des familles régnantes.
La Bosnie et l'Herzégovine demeurent partie intégrante de l'empire turc. Mais elles sont occupées et administrées par l'Autriche-Hongrie, qui peut en outre établir garnisons et créer des routes stratégiques et commerciales dans le sandjak de Novi-Bazar. Cette dernière clause a uniquement pour objet de couper toute communication entre les deux États serbes, entre Belgrade et Cettigné. Le Monténégro, la Serbie, la Roumanie étaient reconnues indépendantes, sont la réserve que l'égalité religieuse, civile et politique y serait établie. Le Monténégro recevait Antivari et son littoral: sa superficie était doublée ; mais la police du port et des côtes appartenait à l'Autriche, et le Monténégro ne pouvait construire ni route ni chemin de fer à travers son nouveau territoire sans s'être préalablement entendu avec l'Autriche.
La Serbie recevait le district de Nisch et Pirot. — La Roumanie rétrocédait à la Russie la Bessarabie et la rive gauche du Delta du Danube. A titre de compensation et d'agrandissement, elle recevait les îles du Delta, antérieurement attribuées à la Russie, et la Dobroutcha.
Quant à la Russie, elle rentrait en possession de la Bessarabie ; mais ses acquisitions en Asie se réduisaient à Kars, Ardahan, Batoum, ce dernier port devant être déclaré port franc et uniquement consacré au commerce.
La Grèce, en faveur de laquelle étaient intervenus les plénipotentiaires français, russes et anglais, eut la promesse d'une rectification de frontières en Thessalie et en Epire. Mais on lui laissait le soin de négocier directement avec la Porte, les puissances se bornant à promettre leur médiation pour faciliter l'entente. En ce qui concernait la Crète et les provinces chrétiennes, le sultan renouvelait les engagements pris à San Stéfano. La liberté religieu­se, l'égalité civile et politique étaient de nouveau promises à ses sujets par le sultan. Rien n'était modifié en ce qui concernait la question des Détroits dont le passage était toujours interdit aux vaisseaux de guerre. Le Danube' était neutralisé, et la Commission européenne était maintenue. Enfin un ar­ticle réservait expressément les droits acquis à la France et stipulait le maintien du statu quo aux Lieux Saints.
Telles étaient les dispositions principales du traité de Berlin: il en est peu dans l'histoire d'aussi étranges, d'aussi iniques. Deux puissances qui n'avaient pris ancune part à la guerre, et dont l'une, l'Angleterre, l'avait rendue inévitable par ses encouragements aux Turcs, en tiraient le plus clair bénéfice. L'Angleterre occupait Chypre et s'assurait ainsi un nouveau poste dans la Méditerranée; l'Autriche-Hongrie gagnait la Bosnie et l'Herzé­govine. Par là l'équilibre dans les Balkans s'est trouvé bouleversé. L'Au­triche y domine à l'ouest, comme il semblait que la Russie dût dominer à l'est avec la Bulgarie. Mais l'Autriche était désormais plus près de la Médi­terranée, même de Constantinople, que la Russie. Le peuple serbe, qui avait espéré se reconstituer en un seul corps de nation, se trouvait, contre son vœu légitime et sa volonté nettement exprimée en juillet 1876, divisé en trois groupes, entre lesquels l'Autriche se chargeait d'empêcher les commu­nications. On était allé de même contre la volonté d'un peuple en partageant la Bulgarie en trois tronçons. En replaçant la Macédoine sous la domination du sultan, l'Europe, poussée par l'Angleterre et l'Autriche, a commis un crime de lèse-humanité. A San Stéfano la Russie s'était préoccupée d'assurer l'émancipation de tous les chrétiens; à Berlin, on n'a pris souci ni de la justice, ni de la volonté des peuples, ni même du bon sens et de l'intérêt général. L'Acte final est un monument d'égoïsme, une œuvre de jalousies, de rancunes personnelles, immorale et misérable, parce que, loin d'assurer la paix, il a préparé de nombreux sujets de conflit et de guerres pour l'avenir. Question bulgare, question de Macédoine, question de Bosnie et d'Herzégovine, Alsace-Lorraine balkanique, voilà le bilan de la diplomatie européenne au congrès de Berlin.
Le traité de Berlin a eu son contre-coup dans la politique générale. La Russie, dupe de l'Allemagne,a songé dès lors à trouver ailleurs un appui: les déceptions de 1878 ont préparé le rapprochement franco-russe. Par contre, l'Autriche, grassement payée, encouragée dans sa «marche vers l'Est", devait se lier plus étroitement à l'Allemagne, et de la geurre d'Orient devait sortir l'alliance des deux empires..."

Louis Leger pour la Macédoine







LEGER, LOUIS (1843—1923).

Slavisant français, fondateur de la philologie slave en France, qui, le premier, a ouvert le monde slave à la connaissance de ses compatriotes. Il a fait un cours de littérature slave à l'Institut des Langues Orientales, à la Sorbonne et au Collège de France. Léger entretenait des relations avec les représentants des milieux bourgeois-nationaux dans les pays slaves et sympathisait aux mouvements de libération nationale des peuples slaves, les considérant comme alliés de la France dans sa lutte contre l'expansion de l'Allemagne, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.





Ses ouvrages plus connus sont :

Le monde slave. Voyages et littérature (1873);
La Save, le Danube et le Balkan.
Voyage chez les Slovènes, les Croates, les Serbes et les Bulgares (1884);
La Bulgarie (1885);
Serbes, Croates et Bulgares. Etudes historiques, politiques et littéraires (1913);
Le Panslavisme et l'intérêt français (1917);
Les anciennes civilisations slaves
(1921), etc.


Le texte que nous reproduisons constitue des extraits du livre de L. Léger : Le Panslavisme et l'intérêt français, Paris, Ernest Flammarion éditeur, 1917, Chapitre I, Coup d'œil sur l'ensemble des peuples slaves.


* * *


“..Je reviens aux Bulgares. Ils ont pris rang parmi nos ennemis et nous n'avons aucune raison d'avoir pour eux une tendresse particulière. Mais le devoir des savants est avant tout de rechercher et de proclamer la vérité.
Les Bulgares se sont alliés aux Allemands et aux Austro-Hongrois dans l'idée de se venger des Serbes. Or, quel était le point de départ du conflit ? la question de la Macédoine. En laissant de côté les passions actuelles (La passion, a dit Montesquieu, fait sentir et jamais voir), examinons cette question au point de vue purement scientifique.
Voici ce que j'écrivais vers 1888 dans la Grande Encyclopédie, a une époque où l'on était loin de prévoir que le conflit franco-allemand aurait sa répercussion dans la Péninsule balkanique : „La Macédoine, disais-je, malgré les affirmations contraires des Grecs et des Serbes, est à peu près entièrement peuplée de Bulgares. Les prétentions des Grecs et des Serbes ne sauraient prévaloir contre les constatations précises des ethnographes indépendantes tels que Lejean, Kiepert, Rit-tich, Grigorovich, Hilferding, Mackenzie. En réalité, le mont Char (Char Dagh) indique la limite des nationalités bulgare et serbe... Les Slaves, macédoniens se considèrent comme Bulgares et parlent un dialecte bulgare.
Ce n'est qu'après le traité de Berlin, lorsque la Serbie s'est vu définitivement enlever la Bosnie et l'Herzégovine que certains de ses hommes d'État ont eu l'idée de chercher une compensation du côté de la Macédoine et de supposer des Serbes dans des pays peuplés de Bulgares." Voilà ce qu'écrivait en 1888, un savant français très slavophile, parfaitement impartial et désireux de voir s'établir sur les débris de l'empire ottoman une confédération balkanique.
Les lecteurs désireux de connaître tous les détails de la question qui nous occupe devront se référer au volume de M. Niederlé (pp. 211 et suivantes). Voici ce que ce savant écrivait dans l'édition tchèque publiée en 1909. (La première édition française est de 1911, la second de 1916):
„I1 est hors de doute que la partie la plus considérable du peuple de Macédoine se sent et se proclame bulgare, qu'elle se rattache à l'Église bulgare autocéphale dont le chef est l'exarque. Dans son ensemble et par certains détails, la langue se rapproche beaucoup plus du bulgare que du serbe. La solution naturelle, concluait M. Niederlé en 1909, est celle qui adjugerait la Vieille-Serbie aux Serbes et la Macédoine aux Bulgares. Les relations des deux peuples se trouveraient ainsi réglées et leur développement national assuré."
Quelles que soient actuellement les erreurs de la politique bulgare, menée par un prince étranger, il ne faut pas désespérer de les voir un jour réparées et de voir la Bulgarie rentrer dans le giron du monde slave régénéré.
Quand l'ardeur de la lutte sera refroidie, quand une paix honorable aura rendu aux parties la sécurité qui leur manque aujourd'hui, les ennemis d'hier feront bien de méditer les vers du grand poète panslave, du Slovaque Kollar. „Slaves, peuple à l'esprit anarchique, qui vivez dans la lutte et les déchirements, allez demander des leçons d'union aux charbons ardents.
„Tant qu'ils sont groupés dans un unique monceau, ils brûlent et chauffent; mais le charbon s'éteint solitaire quand il est séparé de son compagnon. Faites cette joie à votre mère la Slavie, Russes, Serbes, Tchèques, Polonais, vivez en bon accord.
„Alors, ni la guerre mangeuse d'hommes, ni les perfides ennemis ne pourront vous entamer, et votre peuple sera bientôt le premier du monde.
Kollar ne nomme pas les Bulgares dans ce sonnet écrit vers 1830. Ils n'étaient pas encore ressuscites. Mais les perfides ennemis du monde slave existent toujours; ils exploitent leurs divisions et les Bulgares regretteront quelque jour de s'être liés à eux...”

Gustav Schlumberger pour tzar Samuil





SCHLUMBERGER, GUSTAVE (1844—1929)
Célèbre byzantiniste français, qui a laissé environ 200 ouvrages et articles traitant des sujets de l'histoire politique et de la numismatique. L'une de ses monographies les plus connues est „L'épopée byzantine à la fin du Xe siècle", en trois volumes (1896 1900, 1905) dans laquelle il fait revivre avec une verve extraordinaire et une fidélité scrupuleuse, la lutte épique entre l'Empire byzantin et l'Etat bulgare, vers la fin du Xe s. et le début du XIe s. S'inclinant devant le génie politique et militaire de l'empereur Basile II, Schlumberger rend aussi hommage à son digne adversaire, le tsar bulgare Samuel, ainsi qu'aux qualités sans égales de ses chefs militaires.
Nous reproduisons ici deux extraits des chapitres I et VI du IIe volume, retraçant le début et la fin de cette lutte épique.
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"...Toute l'année 990 s'était encore écoulée à liquider les suites dernières des grandes rébellions des deux Bardas, à châtier, à pacifier leurs derniers alliés et partisans. Le basileus Basile, libre du côté de l'Asie, put enfin s'occuper activement à nouveau de la non moins grave question bulgare, de cette guerre cruelle qui menaçait de lui faire perde les thèmes d'Europe, comme ceux d'Anatolie avaient failli lui échapper dans ces dissensions à peine conjurées. Malgré cette rancune séculaire et nationale dont il avait hérité de ses glorieux ancêtres contre ce peuple insoumis, incommode, toujours prêt à reprendre la lutte contre les Grecs, le jeune basileus n'en mena pas moins cette guerre pénible entre toutes avec.une grande prudence et une résolution admirable. D'autre part, la résistance fut aussi héroïque, aussi acharnée que l'attaque fut opiniâtre, patiente, incessante. Il fallut à Basile II vingt-sept années encore de luttes presque ininterrompues, de 991 à 1018, presque toute la fin de son règne si long, pour arriver à terminer cette grande guerre bulgare commencée dès la mort de Jean Tzimiscès, inaugurée véritablement en 986 lors de la déroute de la Porte Trajane, et pour subjuguer définitivement cet immense et sauvage royaume du sauvage Samuel (1).
Ce fut la grande affaire du règne, celle qui procura enfin pour un très long temps le repos à toute la moitié européenne de l'empire en anéantissant entièrement cette monarchie si constamment, si irrémédiablement hostile. Cette sage lenteur ne doit pas nous étonner d'ailleurs, car elle était bien dans le génie byzantin. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire certains des conseils pleins d'une circonspection minutieuse que le grand seigneur grec dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises donnait à ses enfants1.
Cette guerre, célèbre, longue de près d'un tiers de siècle, sanglante entre toutes celles du Moyen âge oriental, qui devait coûter un nombre de vies incalculable, et causer la destruction de plus de la moitié de la nation bulgare, cette guerre qui constitue certainement une des pages les plus brillantes et les plus héroïques de l'histoire byzantine, nous est, hélas, à peine connue dans ses détails. Les documents fournis par Skylitzès, par son copiste Cé-drénus, par Zonaras qui, seuls, à peu près, parmi les annalistes grecs, en ont dit quelques mots (2), sont si peu de chose, tellement maigres et clairsemés, si souvent inexacts et confus, que la simple chronologie de ces événements ne peut même pas encore aujourd'hui être établie avec certitude.
D'autre part, les historiens orientaux, Yahia, Elmacin, Ibn el-Athir, presque toujours très exactement informés pour ce qui concerne l'Asie, le sont, on le comprend, beaucoup moins dans les rares paragraphes qu'ils consacrent à cette guerre européenne si éloignée, complètement hors de portée de leurs moyens d'information habituels.
Il est juste d'ajouter cependant que, si la chronologie de la guerre de Bulgarie présente encore d'innombrables lacunes dont beaucoup, probablement, ne seront jamais comblées, les points de repère principaux sont d'ores et déjà fixés.
La mort du grand tsar Samuel marqua vraiment la fin de l'indépendance bulgare si admirablement personnifiée en lui. Avec ce héros si hardi, si infatigable, périt l'espoir de sa race, et le pied brutal et lourd du basi-leus tout-puissant s'appesantit, dès lors, plus cruellement chaque jour sur la patrie mutilée, privée des talents et de l'ardeur invincible de son plus courageux fils. „Après la mort du tsar Samuel, dit, dans ses souvenirs, l'auteur anonyme du manuscrit que je viens de citer, tous les autres Bulgares durent se rendre au basileus et furent réduits en esclavage, grâce à l'astuce, au courage, à l'énergie d'un homme, le grand Basile Porphyro-génète." Certes il y eut encore des années de résistance et de luttes partielles opiniâtres, des combats héroïques, des dévouements sublimes, mais la grande guerre était finie; l'œuvre de soumission et d'asservissement était véritablement commencée. La Bulgarie indépendante, totalement épuisée d'hommes et de ressources, mena durant quatre années encore, après la mort de son héros, une existence qui ne fut plus qu'une lente agonie. Tout espoir de salut avait vraiment disparu. Nous n'avons pour nous en convaincre qu'à nous en rapporter aux trop rares allusions éparses dans les sources contemporaines. Le parti national, décimé par quarante années de guerre incessante par les sanglantes exécutions des dernières campagnes, luttait encore avec une énergie admirable, contre le terrible basileus de Roum, mais il était devenu trop peu nombreux. L'immense majorité de la nation, lasse de ces interminables horreurs dans lesquelles il semblait qu'on eût toujours vécu épuisée, effroyablement ruinée, portant dans chaque chaumière un deuil cruel,' aspirait de plus en plus à la paix à tout prix, à la paix par l'union avec Byzance. Ce fut sous ces influences que les premières propositions sérieuses de soumission furent, ainsi que nous le verrons, présentées en l'an 1017 au vainqueur..."
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1 Voyez dans Gfrœrer, op. cit.* II, pp. 641 sqq., l'exposé des causes qui rendirent possible cette résistance si prolongée des Bulgares. Ce furent, en première ligne, les sympathies qu'ils inspirèrent aux populations conquises par eux, populations détachées de cceur du régime impérial par l'effroyable dureté de son gouvernement.
2 A. Fr. Gfrœrer, Byzantinische Geschichte, Graz, 1872—1877.
3 Voyez, par exemple, les chapitres 49 et 66 dont le dernier est intitulé : Des constances oh il est nécessaire de s'en tenir à l'égard de l'ennemi au système de la porisation.
4 Psellus n'en parle pas. — Voyez dans Jirecek, op. cit.* le très intéressant cru 1er consacré à la géographie physique de la Bulgarie.
* Il s'agit de Jirecek, Geschichte der Bulgaren, Prague, 1876.

Cyrille et Méthode


Cyrille et Méthode, créateurs du premier alphabet slave


A l’époque où les grands états européens Byzance et l’Empire des Francs se partageaient le monde, les peuples slaves s’opposèrent à l’assimilation politique et culturelle en créant leurs états indépendants et leur propre culture. Ce fut l'initiative des deux frères Cyrille et Méthode originaires de Thessalonique par la création du premier alphabet slave, le glagolitique, donnant ainsi aux Slaves l’idée de leur identité ethnique et culturelle. Jusque là les Slaves utilisaient des alphabets étrangers – latin et grec – et cela renforçait le risque d’être assimilés. L’écriture slave que Cyrille et Méthode introduisirent dans la vie culturelle d’Europe ainsi que la traduction des livres liturgiques qu’ils firent tant eux-mêmes que leurs disciples suivaient le principe que chaque peuple a le droit de glorifier Dieu dans sa langue maternelle. Ce fut la première grande idée démocratique dans l’histoire européenne – l’idée défendant l’égalité de tous les peuples, petits et grands, sur le plan de l’esprit et de la spiritualité. De plus, l’initiation au christianisme par l’intermédiaire de la langue maternelle contribua à l’établissement et à la consolidation de l’état féodal avec la protection de l’église.
Cyrille et Méthode étaient d’une famille de grande réputation. Leur père Lion (Лъв) fut le gouvernant militaire de la région de Thessalonique, leur mère était d’origine slave, elle s’appelait Marie. Méthode est né en 815, Constantin qui adopta le nom de Cyrille lorsqu’il fut sacré évêque, est né en 827. Méthode reprit le poste de son père. La région de Thessalonique qu’il gouvernait fut à cette époque peuplée par des Slaves, surtout des Bulgares, la langue desquels il connaissait très bien. Constantin fit des études à l’école supérieure de Constantinople, appelée Magnaour qui à cette époque était l’école supérieure la plus prestigieuse d’Europe. Après il fut nommé bibliothécaire au patriarcat de l’église Sainte-Sophie. Il fut connu comme un des plus grands érudits de Byzance. Il fut envoyé par l’empereur Michel III chez les Sarrasins et plus tard avec son frère Méthode chez les Hasards à participer dans des débats philosophiques et religieux pour défendre les intérêts de l’empire contre l’islam et le judaïsme.
C’était l’époque où les Slaves étaient en train d’organiser leurs états mais dans des conditions très difficiles à cause de la rivalité entre l’église catholique et l’église orthodoxe. Jusqu’à ce moment-là le seul état slave qui avait terminé ce processus était la Bulgarie. Ce fut le premier état slave déjà crée (681) et le premier état slave converti au christianisme (le roi Boris Ier fut baptisé en 865, l’année considérée comme la date de la christianisation de la Bulgarie).
A cette époque-là, le Royaume de Moravie la Grande(aujourd’hui la région de la Moravie fait partie de La République tchèque) sous le règne de Rostislav subissait les attaques de la part de l’empire des Francs, menacé d’une assimilation tant politique que culturelle à cause de la germanisation, car la christianisation dans ce pays s’effectuait par le clergé allemand.
Rostislav décida de s’y opposer en supprimant le latin et en introduisant la langue slave dans l’église. Il s’adressa à l’empereur byzantin et, à son appel Michel III envoya en 863 Cyrille et Méthode à Véléhrad, la capitale de la Moravie. Les deux frères introduisirent l’alphabet glagolitique qu’ils avaient fondé pour les besoins de cette mission. Ils traduisirent la Bible en slavon, organisèrent l’office religieux d’après le modèle orthodoxe et réunirent autour d’eux en cercle de disciples qui firent les premiers prêtres slaves dans cette région.
En 867 Cyrille et Méthode ainsi que leurs disciples furent invités par le pape Adrien II. qui accepta la liturgie slavonne. Il leur rendit de grands honneurs et bénit leur activité. Cyrille tomba gravement malade et décéda à Rome. En son honneur le pape céda le tombeau qui lui était destiné, mais Méthode refusa car son frère était toujours modeste et tout ce qu’il faisait était au nom de Dieu.
Méthode continua seul sa route, qu’il consacra à la vie spirituelle des Slaves. Mais quelques années plus tard il fut mis en prison pendant deux ans car le clergé allemand avait repris ses positions en Moravie. Parallèlement le nouveau pape Jean VIII interdit l’emploi des langues étrangères, y compris la langue slave, dans l’église.
Après la mort de Méthode en 885 le clergé slave fut persécuté, chassé de la Moravie ou même vendu en esclavage. Le seul pays slave qui accueillit les disciples de Méthode fut la Bulgarie. Sous la protection du roi bulgare Boris I ils fondèrent deux écoles littéraires – une à Preslav, la capitale, et l’autre à Ohrid. Le premier centre culturel fut organisé par Naoum, le deuxième – par Kliment.
Le clergé grec fut obligé de quitter la Bulgarie : l’église orthodoxe ainsi que la vie culturelle devinrent indépendants.
Dès ce moment-là la Bulgarie entra dans une période d’épanouissement extraordinaire – sous le règne de Siméon, le fils de Boris Ier, elle connut son apogée et son siècle d’or.
En Bulgarie, Kliment créa le deuxième alphabet slave – le cyrillique, qu’il nomma ainsi en l’honneur de son maître. Celui-ci était beaucoup plus simple que le glagolitique et plus accessible aux différentes couches de la société. Ce fut l’alphabet ainsi que les livres religieux écrits en bulgare, qui furent répandus parmi les autres Slaves, les Russes et les Serbes, qui avaient repris le christianisme orthodoxe. C’est ainsi que la Bulgarie devint le berceau de la langue et de la culture slave.

G. Tcholakova

http://martin.jean-marie.club.fr/Cyrillique.htm

La Crise en Macédoine



LA CRISE EN MACEDOINE : UNE CINQUIEME GUERRE BALKANIQUE ?

Assia STANTCHEVA


L’histoire a fait des pays du Sud-Est de l’Europe une mosaïque de peuples. Au cours du 20e siècle, plusieurs rectifications des frontières ont eu lieu dans cette région suite aux guerres successives. Les remaniements territoriaux ont été effectués, le plus souvent, en fonction des intérêts des vainqueurs, sans prendre en compte le principe des nationalités. Le résultat : des Etats qui deviennent multietniques et multinationaux, une exacerbation des nationalismes, des minorités nationales qui s’estiment persécutées et discriminées, des mouvements de populations volontaires ou forcés. Aujourd’hui, des foyers de tensions et de conflits continuent à exister dans les Balkans.
Dix ans après l’éclatement de la Fédération yougoslave, la Macédoine[1], le seul pays issu de l’ancienne Yougoslavie qui ait réussi le passage au statut d’Etat indépendant sans effusion de sang est, elle aussi, en proie à une crise interne à caractère interethnique.

1. Historique

La Macédoine (2 millions d’habitants, 25 500 km²) a accédé pour la première fois à une formation étatique en septembre 1991. Le territoire macédonien – en tant qu’appellation d’une région géographique – a été longtemps une pomme de discorde dans les Balkans. Faisant partie de l’Empire ottoman, après la guerre russo-turque de 1877-1878, le Traité de San-Stéfano l’attribua à la Bulgarie, mais les Grandes puissances en décidèrent autrement au Congrès de Berlin en 1878 et la Macédoine resta territoire ottoman jusqu’aux guerres balkaniques, avant d’être partagée en 1913 entre la Grèce (Macédoine de l’Egée, 51%), la Serbie (Macédoine du Vardar, 39%) et la Bulgarie (Macédoine du Pirin, 10%). Au sein du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, puis de la Yougoslavie, elle a été « énergiquement serbisée de 1918 à 1941, puis bulgarisée non moins énergiquement durant l’occupation de 1941 à 1944 »[2] avant d’être utilisée comme enjeu dans les projets avortés de fédération balkanique en 1944-1947. En tant que l’une des six républiques constitutives de la Fédération yougoslave, la Macédoine a eu comme objectif premier la confirmation de l’identité nationale de son peuple.
Après son indépendance en 1991, la Macédoine a trois défis majeurs à relever : sa reconnaissance internationale, sa survie économique et sa stabilité politique interne en raison du nombre considérable de ressortissants macédoniens appartenant à des minorités ethniques, dont la plus importante est la minorité albanaise.
Les données statistiques concernant les minorités nationales, en premier lieu les résultats des recensements, sont un enjeu important dans le débat relatif aux rapports majorité-minorités. Elles sont fréquemment utilisées comme argument politique de part et d’autre et par conséquent régulièrement contestées. Tel est le cas également en ce qui concerne le nombre des Albanais en Macédoine. Les Albanais ont boycotté plusieurs recensements dans le pays et contesté leurs résultats. Selon le recensement qui a eu lieu en 1994 sous contrôle international, financé par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, 67% de la population du pays est constituée de Macédoniens slaves, 23% sont des Albanais, mais ceux-ci considèrent que leur nombre est supérieur de 10 à 20%, et que, en tout état de cause, ils constituent au moins un tiers de la population du pays.
En raison de cette importance numérique, les Albanais n’acceptent pas le statut de minorité nationale - selon eux infériorisant - qui leur est conféré par la Constitution macédonienne de novembre 1991. En effet, dans le préambule de la Constitution - qui a été l’objet de polémiques et n’a pas été votée par les députés albanais - le peuple macédonien est mentionné comme peuple constitutif de l’Etat, tandis que les Albanais le sont au titre de nationalité-minorité. C’est notamment dans la revendication des Albanais d’être reconnus comme peuple constitutif de l’Etat que réside la raison apparente des tensions interethniques en Macédoine ainsi que de la crise actuelle.

2. « La Question albanaise »

La trame de fond du problème réside dans ce qu’il est convenu d’appeler « la Question albanaise ». Après la prise de conscience nationale des Albanais à la fin du 19e siècle (la Ligue de Prizren, 1878-1881 ; la Ligue de Peć, 1897-1900) et la proclamation de leur indépendance en novembre 1912, les frontières du nouvel Etat sont tracées suite à une transaction diplomatique tenue lors de la Conférence des Ambassadeurs des Grandes puissances, tenue à Londres de décembre 1912 à août 1913, sans participation de représentants albanais. Une partie des Albanais se retrouvent ainsi dispersés dans les Etats voisins : en Grèce, en Macédoine, au Monténégro et en Serbie (Kosovo). Après un passage par une configuration de « Grande Albanie » au cours de la Seconde guerre mondiale, sous patronage fasciste puis nazi et avec la fin de l’Albanie isolationniste d’Enver Hoxha, les Albanais ressentent de plus en plus fortement la dispersion de leur peuple comme une injustice historique subie.
La montée du nationalisme albanais, étayé par des mythes nationaux étrangement symétriques aux autres mythes nationalistes dans les Balkans et combiné à plusieurs autres facteurs, a constitué un des catalyseurs des crises successives liées en partie à la recherche de l’unité nationale albanaise. On garde en mémoire l’évolution dramatique de la crise au Kosovo, suite à laquelle se pose à présent le problème du statut politique futur de la province. Des foyers de tensions sont toujours ouverts : les confrontations armées dans le Sud de la Serbie, peuplé majoritairement d’Albanais, depuis l’automne 2000; et, la dernière en date, la crise en Macédoine dans les premiers mois de 2001. Bien sûr, les conditions au Kosovo, en Serbie du Sud et en Macédoine ont leurs spécificités propres.
Dans son livre La Question albanaise[3], l’universitaire kosovar Rexhep Qosja - qui a aussi des responsabilités politiques - avance une thèse selon laquelle la question albanaise n’est pas un problème de minorité nationale, mais celui d’une nation morcelée qui compterait 7 millions de membres dont 3 millions en Yougoslavie. Il estime que de nouvelles frontières doivent être établies dans les Balkans pour réaliser l’unité nationale de tous les Albanais dans une « Albanie naturelle », notion qu’il substitue à celle d’une « Grande Albanie »[4]. On retrouve ici les mêmes ressorts que ceux du nationalisme serbe : injustice historique subie, morcellement politique de la nation, revendication d’autodétermination et de nouvelles frontières. Un tel plaidoyer se situe tout entier dans la perspective de l’ethno-nationalisme, comme le remarque à juste titre Michel Roux, et qui devrait être dépassé pour permettre la stabilisation des Balkans[5].
Un point de vue semblable est présent dans le discours d’une partie de la classe politique en Albanie. En mai 1992, le leader du Parti démocratique et Président de l’Albanie pendant cette période Sali Berisha évoque devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le problème des Albanais en tant que « nation divisée en deux », en soulignant que 3 millions d’entre eux vivent sur « des terres millénaires albanaises », actuellement en Yougoslavie, et sont privés de droits humains et nationaux. Faisant une nette distinction entre les Albanais du Kosovo et ceux de Macédoine qu’il estime être entre 700 et 900 000, la seule solution juste selon lui est « l’autonomie territoriale et politique des Albanais », l’autodétermination au Kosovo et la cantonisation de la Macédoine. Il déclare en outre que son pays est prêt à accorder la double nationalité à tous les Albanais. On devrait cependant souligner que les dirigeants albanais actuels accentuent plutôt sur le fait que « les Albanais n’aspirent pas à la Grande Albanie, mais à la Grande Europe »[6].

3. Les Albanais en Macédoine

La situation des minorités albanaises au Kosovo et en Macédoine n’est évidemment pas similaire. La Constitution macédonienne garantit aux Albanais l’exercice de leurs droits culturels, la liberté de religion, d’expression et d’association (art. 7 et 48) ; ils disposent de nombreuses associations, d’organes de presse, d’émissions en albanais à la télévision et la radio d’Etat ainsi que de chaînes privées ; la langue albanaise est enseignée y compris à l’Université albanaise de Tétovo créée en 1995. Surtout, les Albanais de Macédoine ont leurs propres partis politiques qui participent très activement à la vie politique du pays sont représentés au parlement depuis 1990 et font partie de la coalition gouvernementale pendant les deux dernières mandatures. Le Parti démocratique albanais (DPA, Arben Xhaferi), participe au gouvernement avec 5 ministres sur 16 ; le Parti pour la prospérité démocratique des Albanais de Macédoine (PPD ; Imer Imeri - Président ; Muhamet Halili - secrétaire général) est, lui, dans l’opposition.
Certains membres du DPA, du PPD et de l’Union des détenus politiques albanais en ex-Yougoslavie reprochent au dirigeant du DPA Arben Xhaferi d'avoir échoué dans sa tentative d'améliorer les droits des Albanais en Macédoine par des réformes législatives et politiques. Ces radicaux ont fondé un nouveau parti albanais, dont la création a été rendue public le 11 mars 2001 - le Parti démocratique national (PDN), dirigé par un ancien du DPA, Kastriot Haxhirexha, secrétaire général Adem Xheveti. Ce parti semble être la structure politique de l'Armée de libération nationale de Macédoine (UCK-M), le groupe armé qui a lancé les opérations ayant déclenché la crise actuelle en Macédoine.

4. Caractère et évolution de la crise

4.1 Rappel des faits

A la suite de quelques manifestations en janvier, mais surtout depuis le début du mois de mars 2001, une organisation de guérilleros albanais, s’intitulant l’Armée de libération nationale, UCK-M (le rapport avec l’UCK du Kosovo est évident), opère dans les montagnes de la région frontalière entre le Kosovo et la Macédoine, sans expliciter dès le début ses revendications et la raison de ses actions. On estime que la révolte est liée à l'Armée de libération de Presevo, Medvedja et Bujanovac (UCPMB) qui opère depuis l’automne dernier dans le Sud de la Serbie, 10 à 20 km au nord-est de la frontière macédonienne.
Les informations au sujet de cette nouvelle structure armée sont contradictoires. Créée probablement le 20 janvier 2000, après un an de clandestinité[7], l’UCK-M se manifeste ouvertement au début de 2001. Selon Adem Xheveti, Secrétaire général du Parti démocratique national (PDN) qui est la vitrine politique de l'UÇK-M, le leader politique de cette dernière est Ali Mehmeti. D’après d’autres sources[8], son dirigeant est Fazli Veliu, secrétaire général de la branche extérieure du Mouvement populaire albanais (LPK) – l’ossature politique de l’UCK – élu au congrès du LPK en Suisse en août 2000 et resté en clandestinité jusqu’au 11 mars 2001. Ancien professeur, la soixantaine, il est recherché par les autorités de Skopje qui le soupçonnent d'avoir participé à un attentat terroriste à Krcevo, en 1998, ce qu’il réfute. Veliu est associé à divers mouvements de libération du Kosovo, et tout comme lui, de nombreux militants de l’UCK-M ont participé aux activités armées de l'autre côté de la frontière. Devant l'agence de presse italienne ANSA, Veliu déclare avoir choisi la voie des armes en raison de l'inefficacité de l'approche politique et nie avoir pour objectif la création d’une «Grande Albanie». Cependant, avant même le début des combats à Tetovo, un dirigeant de l'UÇK-M a prévenu que celle-ci avait des cellules dans toute la Macédoine et que sa stratégie était d'étendre la lutte armée à Skopje, Gostivar et à l'ensemble du territoire macédonien.
Les accrochages avec les forces gouvernementales deviennent de plus en plus vifs, et font des victimes de part et d’autre. Les combats se déroulent autour de Tanusevci et de Tetovo – la deuxième ville du pays, fief de l’albanité. Les cortèges de personnes fuyant précipitamment leurs maisons réapparaissent. Bien qu’absents des images des télévisions européennes, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU a recensé 30 000 réfugiés et déplacés à la fin du mois de mars. Le gouvernement macédonien décide de riposter avec l’armée et les forces de sécurité, et, quinze jours après l’offensive du 14 mars, il déclare que la crise est terminée dans la région de Tetovo et qu’il est prêt à reprendre le dialogue politique. Les combats continuent cependant dans une autre zone, à une dizaine de kilomètres seulement au nord de la capitale Skopje. On estime qu’une nouvelle offensive albanaise n’est pas à exclure après Pâques.

4.2 Les revendications albanaises

Derrière quelques demandes peu substantielles (reconnaissance des diplômes de l’université albanaise de Tetovo, etc.), les revendications portent sur des questions bien plus sérieuses, concernant le statut de la minorité albanaise. Le Parti de la prospérité démocratique (PPD) et du Parti démocratique national (PDN), les deux partis albanais macédoniens radicaux, considèrent que les Albanais en Macédoine sont discriminés et les réformes ne sont pas un moyen efficace, tandis que le Parti démocratique albanais (DPA) ne partage pas ce point de vue et ne soutient pas les irrédentistes. Les 20 000 partisans du DPA qui ont manifesté pacifiquement à Skopje le 13 mars, demandaient «Paix et justice». Le lendemain, la manifestation organisée par le PDN à Tetovo (5000 manifestants, dont des hommes armés qui ont tiré sur la police), exigeait « la fin du régime de terreur de l'Etat macédonien à l'encontre des Albanais», scandant le nom des combattants cachés dans les collines surplombant la ville.
Les revendications principales visent l'organisation d'un nouveau recensement national de la population, car le chiffre officiel de 23 % d'Albanais en Macédoine serait inférieur à la réalité ; et la reconnaissance des Albanais non comme une minorité nationale, mais comme une nation constitutive de l’Etat, avec une modification du préambule de la Constitution macédonienne dans ce sens. L’objectif à terme est la constitution d’un Etat fédéral, composé de deux entités, de deux nations égales, disposant chacune de sa langue. Cette dernière option a toujours été fermement rejetée par tous les macédoniens. Le gouvernement macédonien sera cependant probablement amené à négocier – il s’est déjà dit prêt à « reprendre le dialogue politique », mais la perspective de morceler encore un pays de la région n’a rien d’exaltant.
Il n’y a pas suffisamment de données pour le moment pour analyser la base politique et sociale de cette crise. La population albanaise est partagée, tandis que l’opinion publique macédonienne a fait part de son incompréhension quant aux motifs des opérations de la guérilla albanaise : « Pourquoi prennent-ils les armes alors qu’ils participent au gouvernement ? On a accueilli 500 000 Albanais pendant la guerre du Kosovo, on les a protégés contre Milosevic, maintenant cela nous revient au visage comme un boomerang ».
On analyse l’action de l’UCK-M comme faisant partie, à long terme, d’un plan visant à réunir les territoires à population albanophone dans un Etat ayant pour centre Pristina (et non Tirana). A court terme, les revendications restent limitées à l’autonomie des régions à forte population albanaise, afin de ne pas irriter les occidentaux. Le Kosovo servirait de base arrière des guérillas de l’UCPMB et de l’UCK-M.

4.3 La réaction internationale

Le gouvernement macédonien, confronté pour la première fois à une crise de ce genre, disposant d’une armée petite et inexpérimentée – en fait, ce fut la première campagne de l’armée macédonienne depuis l’époque d’Alexandre le Grand de Macédoine – et souhaitant protéger ce qu’il considérait comme « le modèle macédonien, fait de tolérance », a demandé d’emblée l’aide des européens et des américains, de la « communauté internationale ». La réponse a été « oui, mais…».
Peut-être surpris par les propos déterminés et durs du président macédonien Boris Trajkovski lors du Sommet de l’Union Européenne (UE) les 23 et 24 mars 2001 à Stockholm, les Chefs d’Etat européens ont adopté une déclaration de soutien, mais en demandant aux macédoniens « de la modération », le chancelier allemand Schröder ajoutant l’exigence de réformes en faveur de la minorité albanaise.
Les Etats-Unis ne se sont pas montrés, non plus, très empressés à réagir. Serait-ce une manifestation des intentions de la nouvelle administration de Washington de se retirer progressivement des Balkans et de laisser le règlement des crises européennes aux européens ? Devant l’ampleur de la crise, l’OTAN a tout de même envoyé quelques renforts de l’autre côté de la frontière, en face du village de Tanusevci.
Le Président russe Vladimir Poutine a été celui qui a exprimé à Stockholm un soutien sans réserve au gouvernement macédonien, non sans l’idée de faire un parallèle avec la situation en Tchétchénie. L’appui chinois a été également explicite.
Bien sûr, tout le monde s’est dit préoccupé, y compris les organisations internationales ; bien sûr, tout le monde s’est déclaré pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la Macédoine, mais les macédoniens ont exprimé leur vive déception face à la passivité de la KFOR, stationnée à quelques kilomètres des zones d’affrontement, mais qui n’a pas de mandat en Macédoine. Les visites d’urgence de Javier Solana, le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, et du Secrétaire général de l’OTAN George Robertson à Skopje n’ont pas suffi à les convaincre.
Dans ce contexte on pourrait s’interroger sur l’efficacité de la mission de la KFOR, qui n’a pas vraiment réussi à garantir la sécurité du territoire et des frontières du Kosovo, à empêcher l’expulsion de la minorité serbe de la province et à désarmer l’UCK. Dès le début des affrontements à la frontière entre le Kosovo et la Macédoine, les troupes allemandes de la KFOR se sont rapidement retirées du secteur. Toutefois, quelques jours plus tard, pas moins de 40 000 hommes, c’est-à-dire l’équivalent de la KFOR, assuraient la sécurité d’un convoi de déchets nucléaires en Allemagne, attaqué par les écologistes.
La crise a provoqué un vif émoi dans les pays voisins de la Macédoine, étant donné le danger qu’elle représente pour la stabilité régionale. Certains pays de la région, en premier lieu la Grèce et la Bulgarie, ont soutenu le gouvernement macédonien sans ambiguïté. Sous la pression de l’UE qui a laissé entendre qu’elle supprimera les aides pour le Kosovo, les trois principaux leaders albanais de la province, Ibrahim Rugova, Hashim Thaçi et Ramush Haradinaj ont appelé les extrémistes albanais de Macédoine à déposer les armes. Les dirigeants de l’Albanie ont, à leur tour, désapprouvé « la violence, d’où qu’elle vienne », tandis que le parlement du pays a exprimé son mécontentement des intentions de « certains Chefs d’Etat », à savoir les présidents bulgare et grec, d’apporter de l’aide au gouvernement macédonien.

5. Conclusion

Dans l’analyse de la crise actuelle, il ne faudrait pas perdre de vue que la Macédoine n’est pas le Kosovo, et une modification la concernant aurait des conséquences sur l’équilibre stratégique de la région. Surtout à côté d’autres Etats dont l’avenir politique reste instable.
La crise en Macédoine vient prouver, une fois de plus, la difficulté de trouver le délicat équilibre entre la protection des droits et des revendications légitimes des groupes ethniques et des minorités nationales, d’une part, et la nécessité de ne pas encourager des irrédentismes nuisibles à la stabilité du continent. Dans cette curieuse combinaison de mouvements d’intégration communautaire et de désintégrations en chaîne que l’on observe en Europe depuis dix ans, il est certain que la recherche d’un mécanisme véritablement efficace de gestion des crises et des conflits, surtout ceux mettant en jeu les minorités nationales, est d’une importance vitale.



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[1] La dénomination officielle du pays à l’ONU est « Ex-République yougoslave de Macédoine »

[2] Bernard LORY, L’Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipses, 1996, p. 36

[3] Rexhep QOSJA, La question albanaise, Paris, Fayard, 1995, 326 p.

[4] idem, p. 269

[5] Michel ROUX, Le Kosovo : dix clés pour comprendre, Paris, La Découverte, 1999, p. 41

[6] M. Gjinushi, Président de l’Assemblée du peuple albanais, intervention devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, AS (1999) CR 27, 21 septembre 1999 ; Ilir Meta, Premier Ministre de l’Albanie, AS (2000) CR 10, 4 avril 2000

[7] Christophe CHICLET, « L’UCK cherche une revanche en Macédoine », Le Monde diplomatique, avril 2001, p. 22

[8] ibid.



http://www.robert-schuman.org/synth4.htm

Les Bulgares avant la Bulgarie


 

Le premier foyer du peuple bulgare
 
Des trois grands peuples qui formèrent la population de la Bulgarie Danubienne, les Anciens Bulgares furent les derniers venus sur nos terres. C‘était un peuple nombreux, considérablement plus avancé, de par ses traditions étatiques, ses connaissances techniques et son activité économique, que la population slave peuplant les Balkans. Apportant une culture de type iranien, une longue tradition d‘orfèvrerie, de viticulture et d‘agriculture, d‘élevage de chevaux, d‘architecture monumentale, les Anciens Bulgares se mélangèrent harmonieusement avec la population Thrace. Ce peuple joua un rôle civilisateur considérable auprès des populations des Balkans, surtout pour les tribus slaves peuplant la région.
L‘origine des bulgares a longuement été discutée, les opinions penchant consécutivement vers une parenté Finne, Turque, Slave, Iranienne, Celte ou Sarmate. Aujourd‘hui encore, l‘origine et la langue des bulgares sont des problèmes ouverts ; cependant, suite à un nombre de fouilles et découvertes récentes, la majorité des spécialistes penche vers l‘hypothèse iranienne. Selon cette hypothèse, confirmée par des sources indiennes et arméniennes, les bulgares étaient un des peuples, formant la population de l‘antique Bactriane. Leur ancien foyer étaient probablement les plaines et les vallées au Nord et au Sud du
Pamir œ l‘Afghanistan du Nord d‘aujourd‘hui œ une région où fleurit, à partir du 8ème-7ème siècle av. J.-C., un état, appelé par les auteurs anciens « Bolgar » ou « Balhara ». Encore aujourd‘hui, les noms de deux grandes régions gardent le souvenir de cette époque - la région montagneuse de Palgar dans le Pamir du Nord, appelée dans les sources sogdianes « Bulgar », et une vaste région à l‘intérieur du Pamir et Hindokoush, que les Tadjiks appellent « Bolor » ou « Bulhor », et que les habitants de la région appellent « Bulgar ».

Les migrations bulgares

 
Sous la pression de conflits locaux et d‘invasions, quelques masses bulgares avancèrent consécutivement vers l‘Europe. Selon les chroniques celtes et bavariennes, au 4ème s. av. J.-C. un peuple appelé « Bolg » se déplaça de la région de la Parphie (Iran contemporain) vers les Iles Britanniques.
Au 3ème siècle avant J.-C. deux princes, appartenant au même groupe, migrèrent de l‘Asie vers le territoire de la Bulgarie actuelle, où ils créèrent un royaume qui exista pendant quelques décennies. Leur noms étaient Bolg et Bren. C‘est à partir de l‘année 268 que le nom «
Bulgaria » commença à paraître sur les cartes de l‘Europe. Entre le 2ème et le 4ème siècle, une masse considérable du peuple bulgare s‘installa dans le Caucase - entre le Donets, le Don et la mer d‘Azov, assimilant les restes des antiques tribus sarmates et entrant de nouveau en contact avec un autre peuple hautement civilisé œ les alanes, dont l‘ancien foyer était, aussi, le Pamir. C‘est de là qu‘au 4ème siècle un groupe de Bulgares, mené par leur chef Vanand, descendit vers l‘Arménie, où ils furent, peu a peu, assimilés. Emballé par la vague des Huns, une nombreuse population bulgare se dirigea vers l‘Europe Centrale et peupla la Pannonie et les plaines autour des Carpathes. Au 6ème siècle, deux groupes bulgares se séparèrent de cette population, s‘installant en Italie du Nord et (avec le consentement de Byzance) dans les régions au sud du Danube.

L‘Ancienne Grande Bulgarie
 
Les populations bulgares qui restèrent dans le Caucase créèrent un état, le premier état bulgare européen, entre la Mer Noire et la Mer Caspienne. Cet état était appelé par les chroniqueurs byzantins « L‘Ancienne Grande Bulgarie ». La capitale du pays était Fanagoria, sur la mer d‘Azov. La généalogie des souverains bulgares au Nord de la Mer Noire commence à l‘an 153 avec, pour premier souverain, le mythique Avitohol. Selon les chroniques caucasiennes, dans le Caucase les bulgares onogoures avaient leurs grandes villes de pierre. C‘est là aussi que commença la première christianisation des anciens bulgares. En 451 les bulgares tombés à la défense de la nouvelle religion (bataille du champ d‘Avarayr) furent canonisés par l‘église arménienne. (Ce procès de christianisation, commencé par les kanas bulgares Grod et Koubrat dans le Caucase, fut achevé quelques siècles plus tard par le souverain du Premier Royaume Bulgare Boris I, qui imposa aussi cette religion aux tribus slaves peuplant le royaume). A partir du 5ème siècle les armées de l‘Ancienne Bulgarie luttaient souvent sur le territoire des Balkans. En 568 le pays fut subjugué par le khanat Turc, mais quelques décennies plus tard, en 632, il fut libéré par Koubrat du clan Doulo. Le tombeau de Koubrat, trouvé près du village « Malaya Pereshkepina » en Ukraine actuelle, montre que ce kanas bulgare était chrétien et qu‘il maintenait des relations d‘amitié avec l‘empereur de Byzance.

Les fils de Koubrat

 
Après la mort de Koubrat en 651, ses fils - Bat Bayan, Kotrag, Asparouh, Kouber el Altsek œ se séparèrent, probablement dans le but d‘élargir plus tard ensemble le territoire de l‘état. Le fils aîné de Koubrat, Bayan ou Bat Bayan, resta sur les terres paternelles de l‘Ancienne Bulgarie. Même après la subjugation de ce territoire aux Khazars, les sources arabes témoignent d‘une population bulgare considérable dans la région, menant une vie économique active, et appelée par eux « Bulgares de l‘intérieur » ou « Bulgares Noirs ». Asparouh mena une large masse de bulgares à l‘Ouest et s‘installa dans la région « Ongala », à la bouche du Danube. Pendant une période prolongée, la « route » entre l‘Ancienne Bulgarie et la Bulgarie du Danube resta ouverte pour le déplacement de grandes masses bulgares de l‘Est à l‘Ouest. C‘est l‘année du premier contrat entre ce nouveau état et Byzance œ 681 œ qui est considérée comme l‘année de la fondation du Premier Royaume Bulgare Danubien, c‘est à dire de la Bulgarie contemporaine. Kouber et Altsek rejoignirent les bulgares habitant l‘Europe Centrale, puis sedirigèrent, déjà avec des masses considérables, vers le Sud.
Quelques années après la fondation de l‘état d‘Asparouh, Kouber s‘installa avec son peuple en Macédoine actuelle, aux alentours de Bitola. L‘activité militaire des deux populations bulgares sur le territoire byzantin était bien synchronisée, et pendant le règne de Kroum le Terrible leurs territoires furent unifiés.
Les bulgares d‘Altsek s‘installèrent dans une région dépeuplée de l‘exarchat de Ravenne (Campo-basso). Deux cent ans plus tard, un auteur antique témoignait qu‘ils parlaient le latin et, encore, l‘ancien bulgare. Les deux vagues de bulgares qui s‘installèrent sur le territoire actuel de l‘Italie - au 6ème et au 7ème siècles - , furent assimilées, ne laissant que quelques toponymes et anthroponymes. Kotrag se dirigea au nord, où il créa la Bulgarie de Kama-Volga, un état qui exista 550 ans (jusqu‘en 1237, quand il fut subjugué par les Mongolo-Tatares de Gengis khan) et qui resta en contact avec la Bulgarie du Danube jusqu‘au 13ème siècle. La capitale de cet état, Véliki Bolgar, était un grand centre de commerce d‘une beauté impressionnante, comme en témoignent les auteurs arabes. Après la subjugation du territoire par les princes moscovites, quelques centaines de princes de familles nobles bulgares passèrent en service militaire et administratif russe. Beaucoup d‘eux jouèrent un rôle important dans la consolidation de l‘état russe. Les familles suivantes sont d‘origine bulgare : Aksakov, Ahmatov, Batourine, Boulgakov, Gogol, Godounov, Golitsine, Eltsine, Zhdanov, Korsakov, Koutouzov, Ogaryov, Rahmaninov, Souvorov, Tourguenev, Cheremetiev. Au début du 20ème siècle, le territoire de la Bulgarie de Volga s‘appelait encore Bulgaristan. En 1917 son nom fut changé par les soviétiques à « Tatarstan ». Dans ces terres-là, le souvenir des origines bulgares est encore vivant pour une partie de la population: de nos jours, il existe à Tatarstan un mouvement, appelé Congrès National Bulgare, dont les membres se déclarent descendants des Bulgares et insistent pour avoir cette nationalité inscrite dans leurs documents d‘identité.
 
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Origine de ce document:
http://facdeslangues.univ-lyon3.fr/docts/histoire_bulgarie.pdf

Brève histoire de la Macédoine

Peinture murale de Boris I - Eglise "St.Naum" - Lac d'Ohrid


Un petit essai de démontrer le non-respect de la vérité historique


Le texte principal en noir est pris de :
[http://www.francophonie.org/membres/etats/membres/articles/cl_
892.html], le 12.04.2005.


*Les passages  marqués en rouge dans le texte original sont formulés de manière à dissimuler la vérité historique.
**Commentaires en bleu rajoutés par l'auteur de cet article.


Les Slaves se sont installés au VIe siècle après J.C. (on ne mentionne pas les Bulgares de Kouber) Le christianisme s’est affermi parmi les Slaves macédoniens, principalement pendant la période d’évangélisation par les disciples des apôtres des Slaves: St Cyrille et Méthode. Ceux-ci avaient élevé de nombreuses églises en Macédoine (on ne mentionne nul part l’Etat bulgare, comme si l’on aurait pu bâtir « de nombreuses églises » sans une institution étatique. Encore plus, l’Etat bulgare en cette époque est une monarchie centralisée), vers la fin du IXe et au début du Xe siècle. Dès la fin du IXe siècle, la littérature religieuse de type byzantin (on se tait de l’Age d’or de la littérature bulgare) se développe et connaît une ascension rapide (St Cyrille et Méthode, St Naum et St Clément et le centre culturel et littéraire d'Ohrid). Résultat de l'activité des apôtres slaves saint Clément et saint Naum, la fondation à Ohrid de la première université slave (on ne dit rien de l’Ecole de Préslav qui est étroitement liée à l’Ecole d’Ohrid, encore moins des rois Boris et Siméon) est un évènement d'une portée considérable. L'Ecole littéraire d'Ohrid devient la base de la culture slave et de la propagation de la foi chrétienne. La fondation du premier évêché slave, qui sous le règne de Samoïl fut érigé en archevêché, représente la pierre angulaire de l'Eglise orthodoxe macédonienne. (après 1018 le Patriarcat bulgare devient archevêché, mais sous l’insistance catégorique de l’empereur Basile II, l’Archevêché d’Ohrid, appelé par les Byzantins “bulgare”, est présidé par un prêtre bulgare – archevêque Ioan de Debar.)Au XIe siècle, c'est sous le règne du Tsar (Émpereur) Samoïl (976-1014) que les slaves de Macédoine constituent leur premier Etat (Samoïl est le cadet des fils du gouverneur de la région de Sredets, komit Nikola et neveu de tsar Petar; quand Roman – l’unique héritier vivant de tsar Petar – arrive auprès de Samoïl, celui-ci (Roman) est proclamé roi – avec cela Samoïl et ses frères reconnaissent la légitimité de la dynastie royale bulgare ; eux-mêmes et leurs fils s’appellent aussi Bulgares), lequel restera gravé à jamais dans la mémoire du peuple macédonien. Après la chute de l'Etat de Samoïl, la Macédoine devient une arène où se succèdent souverains et insurrections. Après la victoire turque de la Marica en 1371, le pays passe sous domination ottomane et reste occupé pendant cinq siècles. La révolte de Mariovo-Prilep (1564/65) et l'insurrection de Karpos (1689) sont les premières tentatives sérieuses de résistance populaire contre la domination turque.La Macédoine était, depuis la fin du Moyen Âge, sous la domination de l'Empire ottoman. Pendant la première guerre des Balkans (1912-1913), la Grèce, la Bulgarie et la Serbie réussirent à arracher la Macédoine de l'Empire ottoman. Cependant, un conflit entre ces trois États fut à l'origine de la seconde guerre des Balkans (1913). La majorité de la Macédoine fut alors partagée entre la Serbie et la Grèce, et la Bulgarie n'en reçut qu'une petite partie.Théoriquement incluse dans le royaume de Serbie entre 1913 et 1918, la Macédoine subit, en réalité, trois ans d'occupation bulgare entre 1915 et 1918. Après la Première Guerre mondiale, elle revint au Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, qui prit en 1930, l'appellationde «Yougoslavie», et fut soumise, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, à la politique autoritaire de Belgrade.1941-1944 réannexion par la Bulgarie.La question de la Macédoine, objet de divisions à l'intérieur même du Parti communiste yougoslave, provoqua en 1941, le départ de ses membres macédoniens, qui rejoignirent le Parti communiste bulgare. L'arbitrage de Moscou permit à Tito de reprendre le contrôle de l'organisation communiste macédonienne.L'action de la Résistance des partisans yougoslaves s'intensifia et, le 2 août 1944, le Conseil antifasciste de libération nationale yougoslave (AVNOJ) décida d'intégrer la Macédoine dans l'État yougoslave.En 1946, lorsque la République fédérale socialiste de Yougoslavie fut proclamée, la Macédoine yougoslave devint officiellement l'une des six républiques de ce pays.La Macédoine connut un développement modeste au sein de la Yougoslavie socialiste, et resta la plus petite république de la fédération, et la plus pauvre.Après la guerre, l'instauration du régime communiste dans plusieurs pays des Balkans créa une configuration politique nouvelle, et un projet de réunification de la Macédoine (Macédoine du Vardar, Macédoine du Pirin, et Macédoine de l'Égée) au sein d'une fédération balkanique, et pas seulement yougoslave, fut un moment envisagé par le Parti communiste yougoslave. Ce projet, qui reprenait une idée présente dans le mouvement macédonien depuis la fin du XIXe siècle et chez certains groupes du Parti communiste yougoslave des années 1920, et qui bénéficiait, dans une certaine mesure, du soutien du Komintern, fut finalementabandonné après 1948, à la suite de la rupture de la Yougoslavie avec Moscou. La création d'une République de Macédoine en 1945 (Constitution yougoslave de 1946) par Tito, offrait pour la première fois, un cadre politique à l'identité nationale macédonienne, qui restait malgré tout placée sous contrôle yougoslave. Ainsi, Tito reconnut-il l'existence de cette nouvelle entité dans le cadre fédéral yougoslave, non seulement face aux Grecs, mais aussi face aux Bulgares.Dès le début, la Macédoine yougoslave pratiqua une politique linguistique très répressive à l’endroit de ses minorités. Que ce soit les minorités albanaise, turque, grecque, serbe, bulgare, etc., il était interdit, par exemple, de porter des noms étrangers, d’ouvrir des écoles en une autre langue que le macédonien, d’utiliser un autre alphabet que le cyrillique, etc. La minorité grecque semble avoir été particulièrement touchée.Par ailleurs, toutes les pièces d'identité se sont vu ajouter la lettre K en majuscule, afin de les reconnaître, tout comme l'étoile de David qui servait aux SS à reconnaître les Juifs. Cette pratique n’a, semble-t-il, pris fin qu’en 1955.Les tensions entre les nationalités de la Macédoine yougoslave se manifestèrent à la fin des années soixante, notamment avec la minorité albanaise qui réclamait plus d’autonomie. Après la mort du maréchal Tito en 1980, la Macédoine, à l’instar des autres républiques yougoslaves, commença à manifester son mécontentement vis-à-vis du gouvernement fédéral dominé par les Serbes, et la minorité albanaise fit de même à l’encontre du gouvernement macédonien. À partir de 1981, le gouvernement tenta de mettre fin au nationalisme albanais,mais tandis qu’il permettait, d’une part, plus de droits dans les domaines de la langue et de l'enseignement, il interdisait, d’autre part, les noms albanais et essayait de réduire le taux élevé de natalité des Albanais. Face à ces mesures, les Albanais répondirent par des manifestations populaires à la fin des années 1980. Les communistes, alors au pouvoir, modifièrent la Constitution de la République et déclarèrent la Macédoine comme étant l'État des Macédoniens, omettant de mentionner les minorités de la république yougoslave. Par crainte d'un retour de l'hégémonie serbe et par souci de se démarquer des conflits consécutifs à la disparition de l'ex-Yougoslavie, la Macédoine se déclara indépendante le 8septembre 1991.Une fois que les républiques de Croatie et de la Slovénie eurent déclaré officiellement leur indépendance de la Yougoslavie (en juin 1991) et eurent été pleinement reconnues par la communauté internationale, la Macédoine yougoslave tint, le 8 septembre 1991, un référendum sur cette question. La très grande majorité de la population, soit 95 %, vota pour l'indépendance. Au mois d’octobre de la même année, la Macédoine yougoslave proclama sonindépendance et devint la république de Macédoine.Des relations commerciales étroites ont repris avec la Grèce depuis la levée du blocus économique que cette dernière avait décrété entre 1994 et 1995, et qui ne dut d'être levé qu'aux pressions exercées par la Communauté européenne et les États-Unis sur Athènes. La République de Macédoine et la République fédérale de Yougoslavie se sont reconnues mutuellement en 1996, et ont signé un accord économique de libre-échange après des années de contentieux (menaces et provocations de Belgrade à la frontière) lié officiellement à la question de la minorité serbe en Macédoine. De son côté, la Bulgarie a reconnu l'«État de Macédoine», même si elle continue de dénier l'existence d'une nation macédonienne car, pour nombre de Bulgares, les Macédoniens sont purement et simplement des Bulgares. Enfin, la Macédoine a rétabli ses relations avec l'Albanie après que tensions et incidents se soient multipliés à la frontière (spécialement au moment de l'effondrement de l'État albanais et de larévolte des Albanais au printemps 1997). En effet, l'exigence principale de Tirana concerne la protection des droits de sa minorité.La Macédoine est aujourd'hui confrontée, outre le problème économique, à une autre question, surtout intérieure: celle de ses relations avec sa minorité albanaise. Celle-ci estessentiellement concentrée dans le nord-ouest du pays, des faubourgs de Skopje jusqu'au sud du lac d'Ohrid, et elle est majoritaire dans certaines villes comme Tetovo. Les Albanais de Macédoine, qui disposent de quelques postes au sein du gouvernement, au même titre que d'autres minorités, aspirent à devenir un «peuple constitutif », statut dont ils ne bénéficiaient pas non plus dans la République yougoslave, et à avoir un enseignement dans leur langue. Leur fort dynamisme démographique et l'afflux d'émigrés en provenance de l'Albanie et duKosovo, semblent nourrir chez les Macédoniens la crainte que cette minorité ne se transforme un jour en majorité. Les tensions, qui étaient déjà vives entre les deux communautés depuis l'effondrement de la Fédération yougoslave, ont été ravivées lorsque les autorités macédoniennes ont brutalement mis fin à l'expérience de l'université libre albanaise de Tetovo, et qu'ils en ont arrêté les principaux dirigeants à la fin de 1994; aussi, certains partis albanais semblent peu à peu tentés par une radicalisation de leur politique, tendance qui fait écho au durcissement du mouvement kosovar de Pristina. Ainsi, à partir de 1996, le PPDAM (Parti pour la Prospérité démocratique) a tenté d'autonomiser les districts majoritairement albanais, afin de créer une confédération de deux États égaux, avec deux langues officielles, voire de provoquer une séparation pure et simple. Ce même projet a été repris par le PDA (Parti démocratique des Albanais), issu du précédent, et regroupant les tendances séparatistesles plus radicales, qui a proposé, en juillet 1997, «la création d'un État des peuples macédonien et albanais ».Si le gouvernement de Skopje a, dans un premier temps, choisi la négociation et le compromis pour tenter d'apaiser les tensions interethniques, il n'a pourtant pas reculé devant l'usage de la force (répression des émeutes de Tetovo en 1997). Par ailleurs, il a été confronté à la menace constituée par l'éclatement de la guerre au Kosovo et à la crainte que cette dernière n'embrase la totalité des Balkans. Conséquence directe de l'alourdissement du climat social et politique,les électeurs déçus ont sanctionné le gouvernement de Branko Crvenkovski en ralliant les rangs de l'opposition. C'est donc sans surprise que lors du scrutin législatif organisé en 1998, le représentant de la coalition politique formée par l'opposition de droite (VMRO-DPMNE et Alternative démocratique), Ljubco Georgievski (VMRO-DPMNE), a obtenu la majorité, avant d'être officiellement désigné par le président Kiro Gligorov, pour diriger le nouveau gouvernement."
La souveraineté de la nouvelle république indépendante de 1991 ne fut pas reconnue tout de suite par la communauté internationale. D’abord, la Grèce refusa en effet de reconnaître la République tant que son nom n'aurait pas été modifié, du fait que la «Macédoine» était le nom d'une province grecque et que des articles de la Constitution macédonienne impliquaient des prétentions territoriales sur la Grèce du Nord. Quant à la Bulgarie, elle refusait de reconnaître le macédonien comme langue officielle de ce nouveau pays, estimant qu’il s’agissait là d’un dialecte de sa propre langue officielle. À la suite de pressions internationales, le Parlement modifia la Constitution et déclara que la République ne revendiquait aucun territoire en Grèce ou dans tout autre pays. Mais les tensions politiques internes et les rivalités entre les nationalités s'intensifièrent. Des émeutes éclatèrent dans la capitale à l’automne de 1992 et mettaient aux prises les forces de l’ordre et les Albanais. L'afflux de quelque 50 000 réfugiés venant de Bosnie-Herzégovine ne fit qu’ajouter à la crise. Finalement, après bien des tractations au plan international, le 8 avril 1993, la république de Macédoine fut reconnue par la communauté internationale lorsqu'elle devint membre de l'Organisation des Nations unies sous le nom de ex-République yougouslave de Macédoine. Le 9 novembre 1995, la Macédoine est devenue membre du Conseil de l'Europe. Associée à l’OIF depuis septembre 1999. Mais la Macédoine demeure au bord de la guerre civile. La minorité albanophone continue de s'opposer aux Slavo-Macédoniens, les armes à la main. Ces derniers semblent appliquer la devise suivante aux Albanais: «Un bon Indien est un Indien mort.» Et la spirale de l'affrontement ethnique est engagée, sans trop d'espoir que la situation s'améliore à court terme. Mais après six mois d’affrontement entre la guérilla albanaise et les forces gouvernementales, les dirigeants macédoniens et albanais du pays ont conclu, le 1er août 2001, un premier accord pour tenter de ramener la paix dans le pays. L’accord porte notamment sur le statut de la langue albanaise en Macédoine. Après de longs entretiens, les Macédoniens et les albanophones ont réussi provisoirement à harmoniser leurs positions sur la question linguistique. Cependant, l’officialisation de l’albanais est conditionnée par la conclusion d’un accord global de règlement du conflit albano-macédonien.

Dossier préparé par I. Ivanov
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Le texte principal en noir est pris de :
[http://www.francophonie.org/membres/etats/membres/articles/cl_
892.html], le 12.04.2005.