La Crise en Macédoine



LA CRISE EN MACEDOINE : UNE CINQUIEME GUERRE BALKANIQUE ?

Assia STANTCHEVA


L’histoire a fait des pays du Sud-Est de l’Europe une mosaïque de peuples. Au cours du 20e siècle, plusieurs rectifications des frontières ont eu lieu dans cette région suite aux guerres successives. Les remaniements territoriaux ont été effectués, le plus souvent, en fonction des intérêts des vainqueurs, sans prendre en compte le principe des nationalités. Le résultat : des Etats qui deviennent multietniques et multinationaux, une exacerbation des nationalismes, des minorités nationales qui s’estiment persécutées et discriminées, des mouvements de populations volontaires ou forcés. Aujourd’hui, des foyers de tensions et de conflits continuent à exister dans les Balkans.
Dix ans après l’éclatement de la Fédération yougoslave, la Macédoine[1], le seul pays issu de l’ancienne Yougoslavie qui ait réussi le passage au statut d’Etat indépendant sans effusion de sang est, elle aussi, en proie à une crise interne à caractère interethnique.

1. Historique

La Macédoine (2 millions d’habitants, 25 500 km²) a accédé pour la première fois à une formation étatique en septembre 1991. Le territoire macédonien – en tant qu’appellation d’une région géographique – a été longtemps une pomme de discorde dans les Balkans. Faisant partie de l’Empire ottoman, après la guerre russo-turque de 1877-1878, le Traité de San-Stéfano l’attribua à la Bulgarie, mais les Grandes puissances en décidèrent autrement au Congrès de Berlin en 1878 et la Macédoine resta territoire ottoman jusqu’aux guerres balkaniques, avant d’être partagée en 1913 entre la Grèce (Macédoine de l’Egée, 51%), la Serbie (Macédoine du Vardar, 39%) et la Bulgarie (Macédoine du Pirin, 10%). Au sein du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, puis de la Yougoslavie, elle a été « énergiquement serbisée de 1918 à 1941, puis bulgarisée non moins énergiquement durant l’occupation de 1941 à 1944 »[2] avant d’être utilisée comme enjeu dans les projets avortés de fédération balkanique en 1944-1947. En tant que l’une des six républiques constitutives de la Fédération yougoslave, la Macédoine a eu comme objectif premier la confirmation de l’identité nationale de son peuple.
Après son indépendance en 1991, la Macédoine a trois défis majeurs à relever : sa reconnaissance internationale, sa survie économique et sa stabilité politique interne en raison du nombre considérable de ressortissants macédoniens appartenant à des minorités ethniques, dont la plus importante est la minorité albanaise.
Les données statistiques concernant les minorités nationales, en premier lieu les résultats des recensements, sont un enjeu important dans le débat relatif aux rapports majorité-minorités. Elles sont fréquemment utilisées comme argument politique de part et d’autre et par conséquent régulièrement contestées. Tel est le cas également en ce qui concerne le nombre des Albanais en Macédoine. Les Albanais ont boycotté plusieurs recensements dans le pays et contesté leurs résultats. Selon le recensement qui a eu lieu en 1994 sous contrôle international, financé par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, 67% de la population du pays est constituée de Macédoniens slaves, 23% sont des Albanais, mais ceux-ci considèrent que leur nombre est supérieur de 10 à 20%, et que, en tout état de cause, ils constituent au moins un tiers de la population du pays.
En raison de cette importance numérique, les Albanais n’acceptent pas le statut de minorité nationale - selon eux infériorisant - qui leur est conféré par la Constitution macédonienne de novembre 1991. En effet, dans le préambule de la Constitution - qui a été l’objet de polémiques et n’a pas été votée par les députés albanais - le peuple macédonien est mentionné comme peuple constitutif de l’Etat, tandis que les Albanais le sont au titre de nationalité-minorité. C’est notamment dans la revendication des Albanais d’être reconnus comme peuple constitutif de l’Etat que réside la raison apparente des tensions interethniques en Macédoine ainsi que de la crise actuelle.

2. « La Question albanaise »

La trame de fond du problème réside dans ce qu’il est convenu d’appeler « la Question albanaise ». Après la prise de conscience nationale des Albanais à la fin du 19e siècle (la Ligue de Prizren, 1878-1881 ; la Ligue de Peć, 1897-1900) et la proclamation de leur indépendance en novembre 1912, les frontières du nouvel Etat sont tracées suite à une transaction diplomatique tenue lors de la Conférence des Ambassadeurs des Grandes puissances, tenue à Londres de décembre 1912 à août 1913, sans participation de représentants albanais. Une partie des Albanais se retrouvent ainsi dispersés dans les Etats voisins : en Grèce, en Macédoine, au Monténégro et en Serbie (Kosovo). Après un passage par une configuration de « Grande Albanie » au cours de la Seconde guerre mondiale, sous patronage fasciste puis nazi et avec la fin de l’Albanie isolationniste d’Enver Hoxha, les Albanais ressentent de plus en plus fortement la dispersion de leur peuple comme une injustice historique subie.
La montée du nationalisme albanais, étayé par des mythes nationaux étrangement symétriques aux autres mythes nationalistes dans les Balkans et combiné à plusieurs autres facteurs, a constitué un des catalyseurs des crises successives liées en partie à la recherche de l’unité nationale albanaise. On garde en mémoire l’évolution dramatique de la crise au Kosovo, suite à laquelle se pose à présent le problème du statut politique futur de la province. Des foyers de tensions sont toujours ouverts : les confrontations armées dans le Sud de la Serbie, peuplé majoritairement d’Albanais, depuis l’automne 2000; et, la dernière en date, la crise en Macédoine dans les premiers mois de 2001. Bien sûr, les conditions au Kosovo, en Serbie du Sud et en Macédoine ont leurs spécificités propres.
Dans son livre La Question albanaise[3], l’universitaire kosovar Rexhep Qosja - qui a aussi des responsabilités politiques - avance une thèse selon laquelle la question albanaise n’est pas un problème de minorité nationale, mais celui d’une nation morcelée qui compterait 7 millions de membres dont 3 millions en Yougoslavie. Il estime que de nouvelles frontières doivent être établies dans les Balkans pour réaliser l’unité nationale de tous les Albanais dans une « Albanie naturelle », notion qu’il substitue à celle d’une « Grande Albanie »[4]. On retrouve ici les mêmes ressorts que ceux du nationalisme serbe : injustice historique subie, morcellement politique de la nation, revendication d’autodétermination et de nouvelles frontières. Un tel plaidoyer se situe tout entier dans la perspective de l’ethno-nationalisme, comme le remarque à juste titre Michel Roux, et qui devrait être dépassé pour permettre la stabilisation des Balkans[5].
Un point de vue semblable est présent dans le discours d’une partie de la classe politique en Albanie. En mai 1992, le leader du Parti démocratique et Président de l’Albanie pendant cette période Sali Berisha évoque devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le problème des Albanais en tant que « nation divisée en deux », en soulignant que 3 millions d’entre eux vivent sur « des terres millénaires albanaises », actuellement en Yougoslavie, et sont privés de droits humains et nationaux. Faisant une nette distinction entre les Albanais du Kosovo et ceux de Macédoine qu’il estime être entre 700 et 900 000, la seule solution juste selon lui est « l’autonomie territoriale et politique des Albanais », l’autodétermination au Kosovo et la cantonisation de la Macédoine. Il déclare en outre que son pays est prêt à accorder la double nationalité à tous les Albanais. On devrait cependant souligner que les dirigeants albanais actuels accentuent plutôt sur le fait que « les Albanais n’aspirent pas à la Grande Albanie, mais à la Grande Europe »[6].

3. Les Albanais en Macédoine

La situation des minorités albanaises au Kosovo et en Macédoine n’est évidemment pas similaire. La Constitution macédonienne garantit aux Albanais l’exercice de leurs droits culturels, la liberté de religion, d’expression et d’association (art. 7 et 48) ; ils disposent de nombreuses associations, d’organes de presse, d’émissions en albanais à la télévision et la radio d’Etat ainsi que de chaînes privées ; la langue albanaise est enseignée y compris à l’Université albanaise de Tétovo créée en 1995. Surtout, les Albanais de Macédoine ont leurs propres partis politiques qui participent très activement à la vie politique du pays sont représentés au parlement depuis 1990 et font partie de la coalition gouvernementale pendant les deux dernières mandatures. Le Parti démocratique albanais (DPA, Arben Xhaferi), participe au gouvernement avec 5 ministres sur 16 ; le Parti pour la prospérité démocratique des Albanais de Macédoine (PPD ; Imer Imeri - Président ; Muhamet Halili - secrétaire général) est, lui, dans l’opposition.
Certains membres du DPA, du PPD et de l’Union des détenus politiques albanais en ex-Yougoslavie reprochent au dirigeant du DPA Arben Xhaferi d'avoir échoué dans sa tentative d'améliorer les droits des Albanais en Macédoine par des réformes législatives et politiques. Ces radicaux ont fondé un nouveau parti albanais, dont la création a été rendue public le 11 mars 2001 - le Parti démocratique national (PDN), dirigé par un ancien du DPA, Kastriot Haxhirexha, secrétaire général Adem Xheveti. Ce parti semble être la structure politique de l'Armée de libération nationale de Macédoine (UCK-M), le groupe armé qui a lancé les opérations ayant déclenché la crise actuelle en Macédoine.

4. Caractère et évolution de la crise

4.1 Rappel des faits

A la suite de quelques manifestations en janvier, mais surtout depuis le début du mois de mars 2001, une organisation de guérilleros albanais, s’intitulant l’Armée de libération nationale, UCK-M (le rapport avec l’UCK du Kosovo est évident), opère dans les montagnes de la région frontalière entre le Kosovo et la Macédoine, sans expliciter dès le début ses revendications et la raison de ses actions. On estime que la révolte est liée à l'Armée de libération de Presevo, Medvedja et Bujanovac (UCPMB) qui opère depuis l’automne dernier dans le Sud de la Serbie, 10 à 20 km au nord-est de la frontière macédonienne.
Les informations au sujet de cette nouvelle structure armée sont contradictoires. Créée probablement le 20 janvier 2000, après un an de clandestinité[7], l’UCK-M se manifeste ouvertement au début de 2001. Selon Adem Xheveti, Secrétaire général du Parti démocratique national (PDN) qui est la vitrine politique de l'UÇK-M, le leader politique de cette dernière est Ali Mehmeti. D’après d’autres sources[8], son dirigeant est Fazli Veliu, secrétaire général de la branche extérieure du Mouvement populaire albanais (LPK) – l’ossature politique de l’UCK – élu au congrès du LPK en Suisse en août 2000 et resté en clandestinité jusqu’au 11 mars 2001. Ancien professeur, la soixantaine, il est recherché par les autorités de Skopje qui le soupçonnent d'avoir participé à un attentat terroriste à Krcevo, en 1998, ce qu’il réfute. Veliu est associé à divers mouvements de libération du Kosovo, et tout comme lui, de nombreux militants de l’UCK-M ont participé aux activités armées de l'autre côté de la frontière. Devant l'agence de presse italienne ANSA, Veliu déclare avoir choisi la voie des armes en raison de l'inefficacité de l'approche politique et nie avoir pour objectif la création d’une «Grande Albanie». Cependant, avant même le début des combats à Tetovo, un dirigeant de l'UÇK-M a prévenu que celle-ci avait des cellules dans toute la Macédoine et que sa stratégie était d'étendre la lutte armée à Skopje, Gostivar et à l'ensemble du territoire macédonien.
Les accrochages avec les forces gouvernementales deviennent de plus en plus vifs, et font des victimes de part et d’autre. Les combats se déroulent autour de Tanusevci et de Tetovo – la deuxième ville du pays, fief de l’albanité. Les cortèges de personnes fuyant précipitamment leurs maisons réapparaissent. Bien qu’absents des images des télévisions européennes, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU a recensé 30 000 réfugiés et déplacés à la fin du mois de mars. Le gouvernement macédonien décide de riposter avec l’armée et les forces de sécurité, et, quinze jours après l’offensive du 14 mars, il déclare que la crise est terminée dans la région de Tetovo et qu’il est prêt à reprendre le dialogue politique. Les combats continuent cependant dans une autre zone, à une dizaine de kilomètres seulement au nord de la capitale Skopje. On estime qu’une nouvelle offensive albanaise n’est pas à exclure après Pâques.

4.2 Les revendications albanaises

Derrière quelques demandes peu substantielles (reconnaissance des diplômes de l’université albanaise de Tetovo, etc.), les revendications portent sur des questions bien plus sérieuses, concernant le statut de la minorité albanaise. Le Parti de la prospérité démocratique (PPD) et du Parti démocratique national (PDN), les deux partis albanais macédoniens radicaux, considèrent que les Albanais en Macédoine sont discriminés et les réformes ne sont pas un moyen efficace, tandis que le Parti démocratique albanais (DPA) ne partage pas ce point de vue et ne soutient pas les irrédentistes. Les 20 000 partisans du DPA qui ont manifesté pacifiquement à Skopje le 13 mars, demandaient «Paix et justice». Le lendemain, la manifestation organisée par le PDN à Tetovo (5000 manifestants, dont des hommes armés qui ont tiré sur la police), exigeait « la fin du régime de terreur de l'Etat macédonien à l'encontre des Albanais», scandant le nom des combattants cachés dans les collines surplombant la ville.
Les revendications principales visent l'organisation d'un nouveau recensement national de la population, car le chiffre officiel de 23 % d'Albanais en Macédoine serait inférieur à la réalité ; et la reconnaissance des Albanais non comme une minorité nationale, mais comme une nation constitutive de l’Etat, avec une modification du préambule de la Constitution macédonienne dans ce sens. L’objectif à terme est la constitution d’un Etat fédéral, composé de deux entités, de deux nations égales, disposant chacune de sa langue. Cette dernière option a toujours été fermement rejetée par tous les macédoniens. Le gouvernement macédonien sera cependant probablement amené à négocier – il s’est déjà dit prêt à « reprendre le dialogue politique », mais la perspective de morceler encore un pays de la région n’a rien d’exaltant.
Il n’y a pas suffisamment de données pour le moment pour analyser la base politique et sociale de cette crise. La population albanaise est partagée, tandis que l’opinion publique macédonienne a fait part de son incompréhension quant aux motifs des opérations de la guérilla albanaise : « Pourquoi prennent-ils les armes alors qu’ils participent au gouvernement ? On a accueilli 500 000 Albanais pendant la guerre du Kosovo, on les a protégés contre Milosevic, maintenant cela nous revient au visage comme un boomerang ».
On analyse l’action de l’UCK-M comme faisant partie, à long terme, d’un plan visant à réunir les territoires à population albanophone dans un Etat ayant pour centre Pristina (et non Tirana). A court terme, les revendications restent limitées à l’autonomie des régions à forte population albanaise, afin de ne pas irriter les occidentaux. Le Kosovo servirait de base arrière des guérillas de l’UCPMB et de l’UCK-M.

4.3 La réaction internationale

Le gouvernement macédonien, confronté pour la première fois à une crise de ce genre, disposant d’une armée petite et inexpérimentée – en fait, ce fut la première campagne de l’armée macédonienne depuis l’époque d’Alexandre le Grand de Macédoine – et souhaitant protéger ce qu’il considérait comme « le modèle macédonien, fait de tolérance », a demandé d’emblée l’aide des européens et des américains, de la « communauté internationale ». La réponse a été « oui, mais…».
Peut-être surpris par les propos déterminés et durs du président macédonien Boris Trajkovski lors du Sommet de l’Union Européenne (UE) les 23 et 24 mars 2001 à Stockholm, les Chefs d’Etat européens ont adopté une déclaration de soutien, mais en demandant aux macédoniens « de la modération », le chancelier allemand Schröder ajoutant l’exigence de réformes en faveur de la minorité albanaise.
Les Etats-Unis ne se sont pas montrés, non plus, très empressés à réagir. Serait-ce une manifestation des intentions de la nouvelle administration de Washington de se retirer progressivement des Balkans et de laisser le règlement des crises européennes aux européens ? Devant l’ampleur de la crise, l’OTAN a tout de même envoyé quelques renforts de l’autre côté de la frontière, en face du village de Tanusevci.
Le Président russe Vladimir Poutine a été celui qui a exprimé à Stockholm un soutien sans réserve au gouvernement macédonien, non sans l’idée de faire un parallèle avec la situation en Tchétchénie. L’appui chinois a été également explicite.
Bien sûr, tout le monde s’est dit préoccupé, y compris les organisations internationales ; bien sûr, tout le monde s’est déclaré pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la Macédoine, mais les macédoniens ont exprimé leur vive déception face à la passivité de la KFOR, stationnée à quelques kilomètres des zones d’affrontement, mais qui n’a pas de mandat en Macédoine. Les visites d’urgence de Javier Solana, le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, et du Secrétaire général de l’OTAN George Robertson à Skopje n’ont pas suffi à les convaincre.
Dans ce contexte on pourrait s’interroger sur l’efficacité de la mission de la KFOR, qui n’a pas vraiment réussi à garantir la sécurité du territoire et des frontières du Kosovo, à empêcher l’expulsion de la minorité serbe de la province et à désarmer l’UCK. Dès le début des affrontements à la frontière entre le Kosovo et la Macédoine, les troupes allemandes de la KFOR se sont rapidement retirées du secteur. Toutefois, quelques jours plus tard, pas moins de 40 000 hommes, c’est-à-dire l’équivalent de la KFOR, assuraient la sécurité d’un convoi de déchets nucléaires en Allemagne, attaqué par les écologistes.
La crise a provoqué un vif émoi dans les pays voisins de la Macédoine, étant donné le danger qu’elle représente pour la stabilité régionale. Certains pays de la région, en premier lieu la Grèce et la Bulgarie, ont soutenu le gouvernement macédonien sans ambiguïté. Sous la pression de l’UE qui a laissé entendre qu’elle supprimera les aides pour le Kosovo, les trois principaux leaders albanais de la province, Ibrahim Rugova, Hashim Thaçi et Ramush Haradinaj ont appelé les extrémistes albanais de Macédoine à déposer les armes. Les dirigeants de l’Albanie ont, à leur tour, désapprouvé « la violence, d’où qu’elle vienne », tandis que le parlement du pays a exprimé son mécontentement des intentions de « certains Chefs d’Etat », à savoir les présidents bulgare et grec, d’apporter de l’aide au gouvernement macédonien.

5. Conclusion

Dans l’analyse de la crise actuelle, il ne faudrait pas perdre de vue que la Macédoine n’est pas le Kosovo, et une modification la concernant aurait des conséquences sur l’équilibre stratégique de la région. Surtout à côté d’autres Etats dont l’avenir politique reste instable.
La crise en Macédoine vient prouver, une fois de plus, la difficulté de trouver le délicat équilibre entre la protection des droits et des revendications légitimes des groupes ethniques et des minorités nationales, d’une part, et la nécessité de ne pas encourager des irrédentismes nuisibles à la stabilité du continent. Dans cette curieuse combinaison de mouvements d’intégration communautaire et de désintégrations en chaîne que l’on observe en Europe depuis dix ans, il est certain que la recherche d’un mécanisme véritablement efficace de gestion des crises et des conflits, surtout ceux mettant en jeu les minorités nationales, est d’une importance vitale.



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[1] La dénomination officielle du pays à l’ONU est « Ex-République yougoslave de Macédoine »

[2] Bernard LORY, L’Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipses, 1996, p. 36

[3] Rexhep QOSJA, La question albanaise, Paris, Fayard, 1995, 326 p.

[4] idem, p. 269

[5] Michel ROUX, Le Kosovo : dix clés pour comprendre, Paris, La Découverte, 1999, p. 41

[6] M. Gjinushi, Président de l’Assemblée du peuple albanais, intervention devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, AS (1999) CR 27, 21 septembre 1999 ; Ilir Meta, Premier Ministre de l’Albanie, AS (2000) CR 10, 4 avril 2000

[7] Christophe CHICLET, « L’UCK cherche une revanche en Macédoine », Le Monde diplomatique, avril 2001, p. 22

[8] ibid.



http://www.robert-schuman.org/synth4.htm

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