LA VÉRITÉ SUR LA MACÉDOINE


LA VÉRITÉ SUR LA MACÉDOINE

PAUL HAUPT

AKAD. BUCHHANDLUNG VORM. MAX DRECHSEL

BERNE 1918









LA VÉRITÉ SUR LA MACÉDOINE

Le socialiste allemand M. Hermann Wende!, député au Reichstag, est peut-être un bon marxiste et un excellent tribun au Parlement; mais les articles qu'il a publiés dans la «Die Glocke», l'«Arbeiter-Zeitung » et le «Vorwärts» sont loin de le recommander pour un homme versé dans les affaires balkaniques. Ces articles sont en effet aussi audacieux que superficiels et dénués de toute base scienti­fique. H méconnaît les ouvrages de savants qui ont écrit sur la Macédoine à une époque où il n'existait pas encore de question des Balkans, ni des compétitions chauvines entre Serbes et Bulgares, ou entre Grecs et Bulgares, il méconnaît aussi les conférences internationales qui ont sanc­tionné, par des protocoles et des cartes, la physionomie ethnique de la Macédoine. Et, ce qu'il y a de plus grave, si méconnaît tout ce que la population même de cette pro­vince a fait par ses écoles, par ses luttes pour l'indépen­dance religieuse, par ses révolutions, pour défendre sa nationalité et son droit politique. Or, les écoles, la lutte pour l'indépendance religieuse et les révolutions faites en vue de l'obtention des libertés politiques parlent avec le plus d'éloquence de son sentiment national que M. Wendel nie tout court.

Nous nous permettons de présenter ici ou plutôt de rappeler et de souligner tous ces efforts douloureux d'une population de martyrs qui a lutté pour sa conservation avec un sentiment le plus profond et une abnégation sans exemple et qui laisse loin derrière elle tout ce que d'autres races opprimées en Europe ont fait pour maintenir leur individualité ethnique et leur indépendance spirituelle et politique.


I. ASSERTIONS DE SAVANTS.

La physionomie ethnique de la Macédoine s'est trouvée fixée dès la première moitié du siècle dernier, grâce aux voyages d'un grand nombre de savants, archéologues, géo­graphes, ethnographes, etc. Les études qu'ils firent ainsi, à une époque où il n'était pas question de rivalités chau­vines et haineuses, ont à cause de cela même, un caractère scientifique.

Pouqueville le premier, a en 1805 indiqué les fron­tières qui dans la péninsule ottomane, séparent les Bulga­res des Grecs au sud et des Albanais à l'ouest. En passant du Pinde à la région de Kastoria, il a rencontré des villages bulgares :

«Nous nous arrêtâmes, écrit-il, à Piakos ou Doupari, village situé à peu de distance du lac de Kastoria. Jusque là j'avais voyagé comme en pays de connaissance, puisque je pouvais parler aux hommes et communiquer avec eux, maïs ici la scène changeait. J'entrais dans la région des Bulgares et il fallut recourir à quelques mots esclavons que j'avais appris pendant mon séjour à Ragousse. »1

Dans la vallée de Prespa on compte 46 villages bul­gares. Dans la région de Resna on trouve environ 26 villages bulgares.2 « La Drin établit à cette distance, par sa rive droite, la démarcation entre la langue bulgare et celle des Schypetars-Guègues qui occupent la Dardanie et Prévalitaine ».3

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1
T, Pouqueville, Voyage de la Grèce, Paris, 1826, t. II, livre VI, chap. III, p. 517.

2 Ibid. – III, pp. 71 et 73.

3 Ibid. – III, p. 59.


Ami-Boué.1 « Les Bulgares forment le noyau principal de la Macédoine, à l'exception de la partie tout à fait sud-ouest, depuis Kastoria et sur l'Indje-Karasou (Bistritza). Les montagnes entre le bassin de Florina et de Kastoria, entre Kailari et Schatista, entre Ostrovo et Verria, et entre Vodena et Niausta, limitent le territoire, où on ne parle que bulgare, de celui du midi où le grec est la langue du paysan...»

Cyprten Robert:s «... Négligeant de constater la marche et le déplacement des races, les géographes continuent d'as­signer pour limites à la Bulgarie la Thrace, la Macédoine et l'Albanie, trois provinces où abonde aujourd'hui la race bulgare. Cette race forme même le principal noyau de la population en Macédoine, depuis la ligne de montagnes situées entre Kailari, Schatista, Ostrovo et Verria, jusqu'aux vallons de Niausta et Vodena; au midi seulement de cette ligne le pays de la Macédoine est grec...»

Lejean :3 « Aujourd'hui la race bulgare est à peu près circonscrite par le Danube, le Timok et une ligne passant par les villes de Nische, Prisrend, Ochrid, Kastoria, Niausta, Salonique, Andrinople et Sîzépoli, la mer Noire, Bourgas. En Macédoine, les Bulgares ont à peu près tout pris et leur masse a peu à peu refoulé les Hellènes vers la mer, où ils sont maintenus sur une lisière étroite et marécageuse entre Platamona et Klakin. De Strymona à la Maritza, la zone hellénique n'est qu'une bande très étroite habitée par des marins et pêcheurs, tandis que le Bulgare, essentielle­ment agriculteur, occupe les hauteurs qui dominent ce lit­toral. En dehors de ce périmètre il existe des avant-postes

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1
La Turquie d'Europe, par Ami-Boué, Paris, 1840, t. II, p. 5.

2 Les Slaves de Turquie, Serbes, Monténégrins, Bosniaques, Albanais et Bulgares, par Cyprien Robert, Paris 1844, t, II, p. 230.

3 Ethnographie de la Turquie d'Europe, par Lejean, Mitteihingen iiber geogr. Forschungen von A. Pettermann, Gotha ; Justus Perthes, 1861, pp. 12 et 29.


ou des débris de race bulgare parmi les Albanais, les Valaques, les Grecs, dans la Bessarabie et la Dobroudja et jusqu'en Asie. »

Ubicinl:1 «Parmi les peuples de race slave, sujets im­médiats de la Porte, les Bulgares tiennent le premier rang. Coupés en deux par les Balkans, les Bulgares touchent à la mer Noire et à l'archipel par Bourgas et Salonique, s'é­tendent à l'ouest jusqu'à l'Albanie et longent le Danube au nord, depuis Feti-Islam jusqu'à Silistrie. »

V. Qrigorovilch : 2 « Les villages entre Salonique et Enidjé-Vardar sont habités principalement par des Bulgares. Les vil­lages des régions de Enidjé-Vardar, Voden, Florina, Monastir, ainsi que ceux que l'on rencontre entre Monastir à Ochrida, sont habités exclusivement par des Bulgares, mélangés ça et là à des Koutzovalaques et Turcs. »

Hilferdin' : 3 «Le mont Char arrête le mouvement de l'élément serbe et sert de frontière entre le peuple serbe et le peuple bulgare. Ce dernier a traversé ces monts du côté sud-est et a occupé la Macédoine et la partie est de l'Albanie.»

M.-C. Irecek: 4- «Les habitations des Bulgares sont dans les anciennes régions de la Mésie, de la Thrace et de la Macédoine, ou, d'après la plus récente subdivision turque, dans les vilayets du Danube, d'Andrinople, de Salonique et de Monastir et, en outre, dans une partie de la Bessarabie... La ligne frontière des provinces peuplées d'habitants parlant la langue bulgare, se relie au nord avec le Bas Danube à partir de son embouchure jusqu'à Widin; ensuite, cette ligne passe par la terre ferme jusqu'au Timok, avance sur la fron­tière serbe qu'elle franchi rarement et rebrousse au sud

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1
L'Empire Ottoman, par H. Ubicini, Paris 1854, p. 34.

2 Esquissa de voyage dans la Turquie d'Europe, avec une carte des environs des lacs d'Ochrid et de Prespa, par V. Grigorovitcli, Moscou 1840, pp. 107 et 100.

3 Recueil des ouvrages de Hilferding, 1852, t. III, p. 141.

4 Histoire Bulgare, par M.-C. Irecek (traduction bulgare), Tirnova 1888,p.718.


seulement de Ja rivière Toplitza, près de Procopie. S'avan-çant sur les hauteurs de la lisière gauche de la vallée de la Morava, elle traverse la ville de Vrania, arrive à la Tcherna-Gora, se prolonge sur le mont Char, gagne le Dibra supérieur et se termine à la rive orientale du lac d'Ochrid, près du village Lina. La région au sud des lacs d'Ochrid et de Prespa, la vallée de Kortcha et celle de la rivière Devola ont une population mixte (Albanais, Bulgares et Valaques). Plus loin, la frontière se dirige de Devola à travers le lac de Kastoria, la ville valaque Klissoura, les villes Niaousta, Salonique, Serrés et commençant aux en­virons de Drama, traverse le versant méridional des Rhodopes ; de là elle s'avance vers Démotika, Ouzoun-Keupru, Bounar-Hissar et le petit Samocow jusqu'à la mer Noire...»

A. Synvet:1 « Les Bulgares, d'origine ougrienne, ont été slavisés en Europe. Cette race est aujourd'hui circonscrite par le Danube, le Timok et une ligne passant par les villes de Nisch, Prisrend, Ochrida, Kastoria, Salonique, Andrinople et Sizeboîou, la mer Noire, Bourgas. On en trouve aussi en Albanie, en Thrace, en Bessarabie...»

V. Teploff:2 «Il existe beaucoup de contestations sur la question de savoir si les Bulgares ou les Grecs consti­tuent la majorité de la population de la Macédoine. Les voyageurs et savants impartiaux, tels que Lejean et Kiepert, ont prouvé que les Grecs n'habitent que le littoral de cette province, pendant que l'autre partie est habitée par les Bulgares. »

A l'appui de ce qu'il avance, Teploff a publié un tableau comparatif de la population chrétienne des 26 cazas macé­doniens suivants: Kpukoache, Razlog, Djoumaïa-Bala, Nevro-

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1
Traité de géographie générale de l'Empire Ottoman,
par A. Synvet, Cotistantinople 1872, p. 72.

2 Question ecclésiastique gréco-bulgare, par V. Teploff, 1377, pp. 239 et 240.


cop, Demir Hissar, Melnik, Petritch, Doïran, Tikveche, Strou­mitza, Keaprulu, Velès, Uskub, Kpamanova, tÇratova, Kfll-kandelén (Tetovo), Egri-Palanka, liadovichtê, Kptchani, Ichtib, Monasùr, Perlépé, Kirtchova, Ochrida et Florina. L'auteur n'y reconnaît que trois nationalités chrétiennes à savoir 940,000 Bulgares, 2,616 Grecs et 38,778 Koutzo-valaques.

«En laissant de côté, continue M. Teploff, la partie sud de la Macédoine, sur laquelle les Grecs, avec ou sans rai­son, formaient des prétentions à cause de sa population, considérons seulement la partie nord et sud de la Macé­doine. S'il est vrai que les chiffres peuvent être éloquents, ceux que j'ai cités plus haut me dispenseront de formuler d'autres arguments à l'appui de la conviction que j'ai for­mulée, à savoir que la satisfaction des revendications légi­times des Bulgares tendant à rejeter le joug du Patriarcat grec, est inévitable, car les Grecs ne constituent que de petits îlots, très rares, disséminés ça et là dans la mer de l'élé­ment bulgare. »

Croasse:1 «Disséminées dans les provinces ottomanes, principalement dans la partie sud-est, en Thrace, en Thessalie, en Epire, les Grecs sont surtout nombreux le long du littoral, en Europe et en Asie Mineure, et dans les îles de l'Archipel. En Thrace et en Macédoine les Grecs sont très disséminés, sauf dans quelques villes: Constantinople, Andrinople, Phïlippople, ainsi que le long du littoral, où ils forment des groupes assez considérables. »

A T. Rittich :2 La Macédoine nous donne aujourd'hui la proportion suivante de population bulgare, grecque et turque: Bulgares, 1,121,288, Grecs, 59,833, Turcs, 360,628. La Macédoine appartient donc aux territoires slaves, comme

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1
La Péninsule Gréco-Slave, par Frsnz Crousse, Bruxelles, 1876, p. 169.

2 Le Monde Slave (Slavensky Mir), par A. T. Rittich, Saint-Pétersbourg, 1885, p. 116.


du reste, dans les plus anciens... Et si nous prenons en considération que dans les cazas orientaux de la Macédoine, à l'est des rivières Bistritza et Stroumitza, dans les cazas de Melnik, Nevrocop, Petritch, Zihna, Djoumaïa et Razlog, beaucoup de mahomêtans, quant à leur langage usuel, sont également des Slaves, la prépondérance de ces derniers devient telle qu'ils laissent une place minime à toutes les autres nationalités. »

Arthure-J. Evans:1 «L'élément bulgare prédomine dans toute la longueur et toute la largeur de la Macédoine. J'em­ploie cette expression parce qu'elle englobe tout le territoire compris entre l'Epire et l'Albanie d'un côté, la Roumélie orientale et la Principauté bulgare actuelle, de l'autre. Ce n'est que dans certaines villes de la partie sud qu'on ren­contre des traces d'élément grec, mais ici même il est neu­tralisé et se noie complètement dans la population bulgare des villages. Salonique qui est l'unique ville importante de la province est principalement habitée par des Juifs d'Es-pague et des Musulmans, et non par des Grecs ou des Bulgares. A Monastir même, la population est en majorité bulgare et le bulgare est la langue du marché. Perlépé, Uskub, Ichtib, Kratovo, Palanka, Stroumitza, Maglen, ainsi que d'autres villes de l'intérieur sont exclusivement bulgares. Ce n'est pas par ouï-dire que j'avance cette vérité, mais grâce au voyage que j'y ai fait en personne. J'irai même plus loin et je dirai qu'un voyageur peut parcourir toute la Ma­cédoine, des monts Pinde aux frontières bulgares, sans ren­contrer un seul Grec.»

Louis Léger: 2 « J'écrivais il y a plus d'un quart de siècle dans mon volume La Bulgarie (Paris 1855), «La Macé-


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1
Livre 31 du Recueil périodique de la Société Bulgare, p. 59.

2 Revue «L'Opinion libre», 1913, novembre 13, n° 11, Réponse à l'enquête de l’Opinion libre, par Louis Léger, membre de l'Institut, pp. 2—4. — Aussi : Louis Léger, membre de l'Institut, Le panslavisme et l'Intérêt français. Paris 1917, pp. 12 et 13.


doine reviendra fatalement aux Bulgares le jour où l'heure de la liquidation définitive aura sonné. » Dans l'article Bulgarie de la Grande Encyclopédie (tome VIII, p. 401), je disais: «Les Slaves macédoniens sont Bulgares et parlent un dialecte bulgare, » Je n'ai pas changé d'avis et je suis profondément affligé et indigné de tout ce qui se passe en ce moment. »

Ce n'est qu'après le traité de Berlin, lorsque la Serbie s'est vue définitivement enlever la Bosnie et l'Herzégovine que certains de ses hommes d'Etat ont eu l'idée de chercher une compensation du côté de la Macédoine et de supposer des Serbes dans des pays peuplés de Bulgares...»

Léon Lamouche:2 « Parmi tous les peuples qui, au cours du XIXe siècle des nationalités, et au commencement du XXe, ont lutté pour la défense ou la récupération de leur individualité, l'un de ceux qui ont fourni l'effort le plus persévérant, le plus énergique, qui ont surmonté les plus grandes difficultés, supportés les plus rudes sacrifices, est certainement le peuple bulgare de Macédoine, Tout semblait devoir s'y opposer. Cinq siècles d'une double domination, de l'Etat turc et de l'Eglise grecque, avaient fait disparaître les dernières traces de la culture bulgare, un moment si brillante dans la région d'Ochrida et de Prespa; la race bulgare n'était plus représentée que par des paysans igno­rants; les citadins croyaient nécessaire à leur dignité et à leurs intérêts de parler le grec et de se dire grecs. Mais dans les poitrines robustes, dans les têtes tenaces de ces paysans, le sentiment de la race restait vivant ; il se réveilla au contact des Slaves du nord et, depuis, le progrès fut lent, mais continu et sûr. La lutte, on l'ignore ou on l'ou-

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1
Revue «L'Opinion libre», 1913, décembre 7, n° 15. Réponse à l'enquête de "L'Opinion libre*, par Léon La mouche, colonnel de l'armée française, pp. 1—9. — Aussi ; La Bulgarie dans le passé et le présent, par Léon Lamouche. Paris, 1899, pp. 502-506.


blie trop facilement, commença pacifiquement par le livre et l'école, et la première grande victoire fut remportée sur le terrain religieux. En 1870, la création de l'Exarchat cons­tata officiellement l'existence de la nationalité bulgare. Les Macédoniens avaient eu leur large part dans ce succès, et la première circonscription de l'Exarchat embrassait dans ses limites un diocèse de la Macédoine centrale, celui de Vélès (Kœprulu), dont le chef-lieu était et est toujours resté l'une des citadelles de bulgarisme macédonien. Presque aussitôt après, en 1872, deux autres diocèses macédoniens, ceux d'Uskub et d'Ochrida, faisaient constater que plus de deux tiers de leur population chrétienne était bulgare et obtenaient leur rattachement à l'Exarchat. En même temps, les écoles se multipliaient dans toute la Macédoine, malgré l'opposition du clergé grec; aussi le caractère bulgare de cette région fut reconnu par les ambassadeurs des grandes puissances, réunis en conférence à Constantinople pour le règlement des affaires de Bosnie et de Bulgarie. L'un des deux vilayets autonomes dont ils proposaient la création, celui de Sofia, devait contenir, avec un fraction de la Bul­garie proprement dite, la plus grande partie de la Macé­doine. Le traité de San-Stéfano qui, s'il avait été respecté, aurait résolu définitivement la question balkanique par la création d'une grande Bulgarie, forte et satisfaite, n'ayant d'autre souci que son développement économique et pos­sédant les moyens d'y pourvoir, le traité de San-Stéfano, disons nous, avait tracé les limites de la future principauté d'après celles de la race bulgare et ce tracé montre même, chez ceux qui l'avaient dessiné, une connaissance exacte de l'ethnographie balkanique, assez rare eu général, chez les diplomates . . .

La déception apportée par le traité de Berlin, les vio­lences du régime hamidien modifièrent le caractère de la

lutte nationale en Macédoine, Tout en continuant sur le terrain intellectuel, elle recourut aussi à des moyens plus énergiques. Ce fut la période héroïque, celle des bandes, des combats, mais aussi des emprisonnements, des exils, des tortures. Les Komitadjis bulgares, dont on regrette de ne pouvoir admirer sans restrictions, l'héroïsme, trop sou­vent souillé pas des actes de cruautés, avaient à combattre contre trois fronts, non seulement contre les Turcs, mais aussi contre les Grecs et les Serbes, dont les bandes, jouis­sant, sinon de la connivence, du moins de la neutralité des autorités, attaquaient les villages exarchistes pour les obliger à se déclarer patriarchistes. La lutte, comme on le sait, atteignit son paroxysme en 1903, et contraignit les puissances à intervenir. C'est à cette époque que dans le Sandjak de Monastir, l'insurrection, et, par suite, les victimes étaient les plus nombreuses. Jamais le caractère bulgare pen­dant les mouvements macédoniens de 1902 à 1908, n'a été contesté par qui que soit Le fait d'ailleurs, que les insurgés avaient à lutter au nord contre les bandes serbes, au sud contre les bandes grecques, suffisait à le prouver. Du reste, les autorités turques aussi bien que les officiers européens, français, russes, italiens, etc., chargés de la réorganisation de la gendarmerie reconnaissaient que la masse des popu­lations macédoniennes était bulgare . . .

Ce sont incontestablement les insurgés bulgares de Macédoine qui, en écroulant le trône d'Abdul Hamide, en provoquant l'intervention européenne, ont permis, on peut même dire, ont provoqué la révolution libérale de 1908. Ils n'en ont guère profité, et malgré le loyal concours prêté par eux lors de la marche des Jeunes Turcs sur Cons-tantinople en avril 1909, les Bulgares macédoniens se sont vus presque aussitôt exposés à de nouvelles poursuites a l'occasion du désarmement et de l'installation des mohadjirs musulmans.

Pour tout leur malheur, c'est en Bulgarie, et non pas en Serbie ou en Grèce, que les Macédoniens cherchaient et trouvaient un refuge. C'est en Bulgarie que des milliers et des milliers de Macédoniens, venaient demander une vie plus libre, plus humaine suivant une de leurs expressions favorites, un emploi plus utile de leur force ou de leur intelligence. Et ils le trouvaient souvent, témoins la multitude de fonctionnaires, d'officiers, d'intellectuels, de commer­çants bulgares nés ou originaires des vilayets macé­doniens.

Jamais depuis l'origine de la renaissance bulgare, c'est-à-dire depuis plus d'un siècle, la plus étroite solidarité n'a cessé d'exister entre les deux fractions du peuple bulgare, dans la Bulgarie indépendante et en Macédoine.

Quoiqu'on puisse prétendre au sujet de combinaisons politiques, il est certain que le peuple bulgare a fait la guerre à la Turquie exclusivement pour délivrer les Macé­doniens, pour réunir à la mère-patrie ses frères malheureux, pour réaliser le rêve qui depuis la création de la Princi­pauté n'avait cessé de hanter l'esprit de tout Bulgare, la Bulgarie de San-Stéfano. C'est dans la même pensée que 15,000 Macédoniens sont venus dès le début de la guerre, se ranger sous les drapeaux bulgares, comme volontaires réguliers, sans compter les innombrables irréguliers qui dans leur propre pays servaient d'éclaireurs aux troupes alliées ou combattaient en partisans. Et après cette guerre, dans laquelle la Bulgarie a joué le rôle principal pour la préparation comme pour l'exécution, dans laquelle elle a fait les efforts les plus sensibles, il se trouve que les Bulgares macédoniens n'ont fait que changer de maîtres, que 80,000 soldats Bulgares sont tombés morts ou blessés sur les champs de bataille de la Turquie pour donner la Macédoine presque entière à la Grèce et à la Serbie ... et pour venir à la dénationalisation des hommes dont la Turquie, au moins, avait toujours respecté la langue et la nationalité … »

Enquête dans les Balkans:1 «Avant 1873, il est vrai, les Grecs avaient déjà disputé la Macédoine aux slaves. Mais les slaves (Serbes et Bulgares) n'avaient pas encore pensé à se la disputer entre eux. La jeunesse radicale bulgare et serbe, qui propageait, de 1860 à 1870, cette idée d'une fédération des Slaves du sud, acceptait, comme un fait acquis et imposé par la tradition, que les populations de Thrace et de Macédoine étaient bulgares, autant que celles de la Bulgarie elle-même...

En 1912 et 1913, le soldat serbe, comme le soldat grec, croyait fermement et naïvement qu'il rencontrerait, en Macédoine, des compatriotes, des hommes qui parleraient sa langue, qui lui crieraient jivio ou zito. II trouva des hommes qui parlaient une langue différente de la sienne et qui criaient « Hourrah ! » Il la comprit mal ou ne la comprit pas, La doctrine qu'il avait apprise dans sa jeunesse sur l'existence d'une Macédoine serbe et d'une Macédoine grecque en souffrit évidemment, mais sa conviction patriotique, à savoir que la Macédoine devait devenir serbe ou grecque, si elle ne l'était encore, n'y perdit rien ...»

Emile de Laveleye:2 «... Tout le centre et l'est de la province sont habités par les Bulgares, qui s'avancent jusqu'au près de Salonique et de Serrés. D'après les auteurs les mieux renseignés Reclus, Kiepert, Ubicîni, Lejan, Crousse, la grande majorité des habitants de la Macédoine sont Bulgares...» Nous n'en finirons plus, si nous voulions citer les textes de tous les écrivains qui se sont occupés de l'histoire eth-

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1
Dotation Carnegie pour la Paix internationale. Enquête dans les Balkans. Avec préface par M. le Dr, Nicolas Murray-Butler, président de Columbia University (New-York). Paris 1914, pp. 5, 32 et 33.

2 La Péninsule des Balkans, par Emile de Laveleye. Paris, F. Alcan, 1888, t. III, p. 204.


nographique de la Macédoine et qui déclarent catégorique­ment que ce pays est en majeure partie peuplé de Bulgares.

Bornons-nous à dire que les conclusions de Hahn, Griesebach, Heuschling, Mackenzie et Arbey, Roberts, Patermann, Dr. Muller, Dumont, Florinsky, Goloubintzki, Obrout-cheff, Makoucheff, Boudilovitch, Stein, Kolb, Circou, Bouch, et celles, plus récentes, de Weigand, Milioukoff, Victor Bérard, Max Choublier,1 Bachmakoff etc., sont tous également con­cordantes et affirmatives sur ce point. Pas un de ces auteurs ne parle de l'existence de Serbes en Macédoine.

Yastreboff, Goptcheviich, Draganoff, Rostovsky, eux-mêmes hostiles, pour des raisons politiques, à l'élément bulgare de la Macédoine, ne signalent la présence de Grecs qu'au sud-est et au sud-ouest de la Macédoine, d'accord en cela avec les autres ethnographes.


II. LES GRANDES PUISSANCES SANCTIONNENT LA PHYSIONOMIE BULGARE DE LA MACÉDOINE.

Les études des savants sur la Macédoine et leurs témoi­gnages relatifs à cette province furent sanctionnés par la conférence de 1876. La physionomie bulgare de la Macé­doine est reconnue par le protocole n° 1, du 11/23 décembre, où la conférence a consigné ses conclusions. Ce protocole contient une énumération complète des sandjaks et des cazas peuplés de Bulgares, et, en annexe, une carte des deux provinces bulgares délimitées par la conférence, dont l'une la province orientale, devait avoir Tirnovo pour capitale et dont l'autre, la province occidentale, aurait sa capitale à Sofia.

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1 La question d'Orient depuis le traité de Berlin, par Max Choublier 1, Paris 1896. « ... On peut cependant affirmer que la Macédoine hormis quelques parties ou les Grecs et les Koutzo-Valaques sont en majorité, est surtout peuplée de Slaves. On s accord en général à les considérer comme Bulgares. » (p 283 )


Voici le texte intégral du troisième protocole de la Conférence de Constantinople annexé au compte rendu n° 8l qui trace les frontières de la Bulgarie:

«BULGARIE. — PROJET DE RÈGLEMENT ORGANIQUE.

« 11 sera formé des territoires ci-dessous désignés, et con­formément à la carte ci-jointe, deux vilayets (provinces) qui seront administrés sous les formes détaillées plus bas.

« Le vilayet oriental, qui aura pour chef-lieu Tirnovo, sera composé des sandjaks de Roustchouk, Tirnovo, Toultcha, Varna, Slivno, Philippopolis (excepté Sultan Yeri et Achir Tchélébé), et des cazas de Kirk-Klissé, Moustapha-pacha et Kisiî-Agatch.

« Le vilayet occidental, qui aura pour chef-lieu Sofia, sera composé des sandjaks de Sofia, Widdin, Nlch, Uscab, Bitolia (excepté deux cazas du sud), d'une partie du sandjak de Serrés (trois cazas au nord), de Stroamitza, Tikvich, Velessa et Kastoria. »

A la Conférence de Constant in ople, les plénipotentiaires ottomans contestèrent la délimitation des frontières de la Bulgarie. Ils montrèrent de la défiance, parce que les deux provinces nouvellement créées avaient pour but de réunir à un tout l'élément bulgare dispersé un peu partout, et de lui donner de cette manière la prédominance sur l'élé­ment turc et grec. Le comte Corti, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire d'Italie, et le marquis de Salisbury, plénipotentiaire de l'Angleterre, répondirent à ces contestations: le comte Corti au nom des plénipotentiaires des cinq puissances, le marquis de Salisbury, en son propre nom. Les deux diplomates soulignèrent dans leurs discours le fait que les frontières des deux provinces ne comprenaient

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1
Blae-Book, Turkey, n° 2 (IS87), p. 153.


pas tout l'élément bulgare, et que l'élément grec, représenté comme sacrifié par les plénipotentiaires ottomans, pourrait le premier, au contraire, bénéficier des avantages accordés à toutes les populations sans distinction de race et de religion et avoir la prépondérance dans les provinces.

Comte Corti; « En ce qui touche le régime administratif, la Sublime Porte déclare ne pas se rendre compte des raisons qui ont motivé la proposition du remaniement des circons­criptions existantes, et de la formation de deux vilayets, oriental et occidental. Elle estime que la répartition nou­velle a comme résultat, sinon comme but, de réunir tous les Bulgares répandus dans la Turquie d'Europe en deux grandes divisions administratives, où l'élément bulgare do­minerait exclusivement, et qu'il y a lieu par suite, de re­douter l'opposition violente que cette combinaison ne man­quera pas de provoquer de la part des populations musul­manes et grecques mélangées aux populations bulgares.

« Si les plénipotentiaires des Puissances Garantes s'étaient en effet préoccupés uniquement d'assurer à l'élément bul­gare une situation privilégiée, il eût été plus simple de ne constituer qu'une seule province; mais en proposant ce remaniement des circonscriptions administratives, ils n'ont eu d'autre but que de réunir et de grouper les divers dis­tricts qui ont été le théâtre des événements douloureux dont l'opinion publique s'est légitimement émue, et où l'im­possibilité de la continuation de l'état présent a été dé­montrée. C'est à ce titre que les sandjaks de Slivno et de Philippopoli, et quelques cazas, ont été détachés du vilayet d'Andrinople, d'autres districts des vilayets de Salonique et de Bitolia. Il était dès lors naturel, de procéder à une organisation nouvelle de l'ensemble de ces contrées. En proposant celle indiquée dans leur projet, les Plénipoten­tiaires se sont en outre efforcés de grouper autant que

possible les éléments chrétiens et musulmans. C'est là une mesure dont le caractère pratique ne saurait être contesté, et que justifient suffisamment les conditions particulières de l'Empire Ottoman.

« Quant aux prétendues difficultés auxquelles il faudrait s'attendre de la part de l'élément grec dans les nouvelles provinces, nous devons signaler d'abord la contradiction qui existe entre cette observation et renonciation précédente que nous aurions voulu réunir seulement les Bulgares sous une même administration. Il suffit d'ailleurs de faire remar­quer que les populations grecques seront appelées à jouir des mêmes droits et des même avantages accordés à toutes les populations sans distinction de culte ni de religion.

« Les Plénipotentiaires croient que l'opposition entre les différentes nationalités doit tendre à disparaître avec le système d'autonomie cantonale dont les Grecs seront cer­tainement les premiers à profiter. « La lutte acharnée », que MM. les Plénipotentiaires ottomans paraissent redouter, pourra être une lutte électorale; il est permis d'espérer qu'elle se renfermera peu à peu dans les limites d'une compétition légale devant le scrutin. »l

Marquis de Salisbary: « Enfin, les plénipotentiaires otto­mans se sont plaints qu'il n'y avait rien dans le programme anglais pour autoriser les nouvelles délimitations administra­tives qu'on a tracées. Mais cette manière d'agir était une condition nécessaire de la tâche qu'ils ont été appelés à remplir. Ils étaient chargés de fournir des garanties contre la mauvaise administration en Bulgarie. Le mot « Bulgarie » n'indique pas une région dont les limites géographiques ont été tracées. En lui donnant une interprétation pratique, les Plénipotentiaires ont dû tenir compte de l'origine du

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1
Blue-Book: Turkey, pp. 324 et 325, Vie protocole. Séance du 8 jan. 1877.


mot même et du sens dans lequel il est actuellement em­ployé. Les limites des fonctions des Plénipotentiaires ont été ainsi indiquées.

«On n'aurait pu soumettre à la considération de la Conférence sous le nom de Bulgarie, les endroits où la population bulgare ne prédomine pas, ni les endroits qui n'ont pas été exposés à la mauvaise administration qui a donné lieu aux excès commis dans le courant de l'été dernier.

« Les Plénipotentiaires ont été ainsi empêchés de faire appliquer leurs recommandations à une grande partie des vilayets d'Andrinople, de Salonique et de Prizrend. La nécessité d'exclure ces régions de l'opération de ces règlements les ont obligés de tracer de nouvelles lignes de démarcation. S'ils ne l'avaient pas fait, ils se seraient exposés, et avec raison, aux reproches des Plénipotentiaires ottomans, qui auraient pu se plaindre que la Conférence s'était écartée du programme anglais en fournissant des garanties contre la mauvaise administration en Bulgarie, dans les endroits qui ne faisaient pas partie de la Bulgarie.

« Ayant passé en revue tous les points au sujet desquels Leurs Excellences les Plénipotentiaires ottomans ont prétendu que la Conférence avait dépassé les limites légitimes, je crois avoir suffisamment démontré que les propositions faites par les Plénipotentiaires des six puissances ont été du moins scrupuleusement restreintes dans les limites du programme anglais. »

Le Congrès de Berlin travaillait méthodiquement à détruire la grande Bulgarie de San-Stefano et, s'il en détacha la Macédoine, ce fut pour empêcher la création d'un bloc bulgare et non pour rendre la liberté à une population grecque. Nous en trouvons la preuve absolue dans les pro­tocoles des premières séances du Congrès.

Marquis de Satisbury : « La race Grecque, qui habite de, nombreux endroits de la nouvelle Bulgarie, sera assujettie à une majorité Slave avec laquelle ses relations ne sont guère amicales, et, comme je l'ai déjà soumis à l'appréciation du Congrès, il est probable que la langue grecque disparaîtra et que la race sera absorbée.

« En outre, l'admission au littoral de la mer Egée d'une nouvelle puissance maritime ne pourrait être agréée sans un vif sentiment de regret par les Puissances voisines de la Méditerranée.

« Selon mon avis, on doit trouver un remède à ces ré­sultats nuisibles dans une modification des articles sur les­quels Son Altesse le Président a appelé notre attention. Si la Bulgarie, au lieu de s'étendre jusqu'à la mer Egée et au lac d'Ochrid, était limitée vers le sud à la ligne des Balkans, et que l'autre partie de la province restât sous l'autorité du sultan, ces dangers seraient de beaucoup mitigés, si même ils ne disparaissaient entièrement.

* Dans ce cas, une nouvelle Puissance maritime ne s'é­tendrait plus aux bords de la mer Egée, une proportion très nombreuse de la population grecque qui se trouvait menacée d'être absorbée dans la nouvelle Bulgarie et d'êtres assujettie à une majorité Slave, resterait dans la position! politique qu'elle occupe actuellement, et la Porte posséderait une frontière stratégique qu'elle pourrait défendre contre toute invasion à l'avenir. Cet avantage stratégique pourrait être atteint sans nuire aux intérêts des populations de cette région, dont le sort serait plutôt amélioré.»1

Dans son Commentaire du traité de Berlin, Brunswick souligne ces mots:3 «La Bulgarie n'a pas l'extension que

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1
Blae-Book, Turkey, n" 37 (1878). Map showing the territory restored to Turkey by the Congress of Berlin. Protocole n° 2. Séance du 17 juin 1878, p. 17.,

2 Le traité de Berlin annoté et commenté par Benoit Brunswick,' Paris, 1878, pp. 18 et 45.


lui avait préparée le traité de San-Stéfano; des considérations stratégiques et politiques ont amené le Congrès à restreindre ses frontières du côté sud et du côté ouest, et à placer en dehors de son autorité une quantité considérable de ses nationaux. »

Interpellé au Reichstag par Benigsen, chef du parti national-libéral, sur les événements de la péninsule ottomane, le prince de Bismarck fit, à son tour, cette déclaration: « Le premier point est la constitution de la Bulgarie et, à cet égard, il y a à s'occuper d'abord de la question de la déli­mitation, telle qu'elle a été discutée à la Conférence de Constantinople.

« La différence entre les délimitations n'est pas, à mon avis, d'une telle importance que la paix de l'Europe en puisse être menacée.

« La situation ethnographique de la Bulgarie, comme je sais de source authentique, et comme il résulte de la meil­leure carte que nous connaissions, celle de Kiepert, est celle-ci: les limites de la nationalité descendent à l'ouest à peu près sans mélange jusqu'au delà de Salonique et vont à l'est, avec un peu de mélange d'éléments turcs jusqu'à la mer Noire, tandis que la Conférence de Constantinople, comme on peut le voir par ses délibérations, s'est arrêtée dans la Bulgarie orientale, un peu au nord des limites de la nationalité, et, a rattaché, en revanche, peut-être à l'ouest de la Bulgarie un peu plus que le territoire habité par une population exclusivement bulgare...»

Cette déclaration de Bismarck est très importante. M. Adolphe d'Avril l'appelle un événement : ' « On connaissait déjà, dit-il, le chancelier sous plusieurs aspects: mais le Bismarck ethnographe a bien son intérêt et un intérêt mul-

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1
Voir: Les négociations relatives an traité de Berlin, par Adolphe d'Avril, Paris, 1836, Ernest Leroux, édit., pp. 317 et 318.


tiple. D'abord il n'est pas mal de montrer à ses émules; en herbes et à ses rivaux en fleurs que le chancelier de l'Empire s'est cru obligé de connaître, et par conséquent d'étudier la question bulgare. 11 sait son Kiepert sur le] bout du doigt. En second lieu, une déclaration ethnogra­phique de M. de Bismarck est plus qu'une opinion, c'est un événement Cette déclaration a un poids spécifique indé­pendamment de sa valeur intrinsèque. Notons donc en pas­sant que le chancelier de l'empire allemand admet, ethnographiquement parlant, la grande Bulgarie de la Conférence de Constantinople et du traité de San Stéfano ...»

L'ethnographie de la Macédoine que M. Wendel, au­jourd'hui encore, ne connaît pas, bien qu'il soit en posses­sion des discours parlementaires du chancelier de fer, est; donc claire et bien définie: pour les savants et les hommes politiques les plus compétents, selon les congrès et les actes internationaux, la Macédoine est pays bulgare par sa popu­lation.


III. LA CONSCIENCE NATIONALE DE LA POPULATION SLAVE EN MACÉDOINE.

Les savants dans leurs livres, les hommes d'Etat dans leurs discours et les grandes puissances à la Conférence de Constantinople et au Congrès de Berlin parlent de Bulgares, de Grecs, de Koutzo-Valaques, de Turcs, d'Albanais et des Juifs en Macédoine, mais non point de Serbes. Ils soulignent : dans leurs ouvrages et dans leurs cartes que les Bulgares | constituent la majorité de la population en Macédoine et qu'ils dépassent, sous le rapport du nombre, tous les autres éléments pris ensemble. Mais en dehors de ces témoignages si autorisés et si accablants sur la physionomie ethnique de la Macédoine, il en existe un plus concret et plus vif, c'est à savoir celui de la population slave même qui habite

cette province. Cette population a suffisamment montré elle-même ce qu'elle était. Elle l'a prouvé par son nombre, ses langues, ses mœurs, ses coutumes, ses chansons, sa psychologie, ses traits, ses costumes, sa façon de vivre et ses écoles, elle l'a prouvé par la lutte pour sa conservation, par les contingents inouïs qu'elle a fournis aux prisons turques en Europe et en Asie, par la ruine et la dévastation de ces foyers \ par les persécutions cruelles auxquelles elle est exposée depuis cinquante ans et enfin par sa conscience nationale plus convaincante que tout livre ou toute carte quels qu'ils soient, plus puissante que toute force matérielle ou morale. Ainsi qu'en témoigne toute une pléiade de savants étrangers, elle se considérait et se disait «bulgare», avant qu'il y eût un Exarchat bulgare et une Principauté bulgare, avant même qu'il y eût pendant le siècle écoulé, d'école bulgare. Elle s'appelle elle-même « bougari » et « balgari » (Bulgares). Et telle elle est connue et appelée par ses co­habitants de race étrangère et ses voisins, Turcs, Albanais, Valaques, Juifs et la Sublime Porte elle-même ne la désigne pas autrement dans ses actes officiels. Elle peuple, en Ma­cédoine, 39 cazas sur 46, 36 villes sur 53 et 2239 villages sur 2704.2

Si Wendel connaissait l'histoire de la renaissance des peuples balkaniques, s'il avait fait un parallèle des condi­tions dans lesquelles chaque nationalité des Balkans a com­mencé sa renaissance, s'il était au courant des luttes difficiles que les Macédoniens ont soutenues pour assurer le triomphe de l'école et de l'enseignement bulgares en Macédoine, il parlerait avec un respect recueilli de leur sentiment national

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1
Victor Bérard. Pro Macedonia. Librairie Armand Coliiti, Paris ig04, pp. 45—48, 75—103.

2 Voir: Brancoff, La Macédoine et sa population, chrétienne, les tableaux statistiques où l'on trouvera détaillés les noms des villes et des villages de Macé­doine avec le nombre et la nationalité des habitants de chaque localité. Paris, 1905, p. 17-19, 198-286.


et de ce qu'eux-mêmes, malgré leurs persécutions, leurs emprisonnements, leurs déportations et leurs exécutions in­cessantes, ils ont fait pour leur instruction.

Le fait est que c'est en Macédoine qu'on vit s'élever la première voix en faveur de la conscience nationale bul­gare et de l'éveil de la nation. Ce fut la voix du Macé­donien Païssy, moine du monastère de Hilendar, du mont Athos, que les Serbes considèrent comme un des leurs. Par sa célèbre histoire, panégyrique enthousiaste du royaume bulgare, parue en 1762, il appelle ses co-nationaux à s'éveiller de leur léthargie et à aimer leur race et leur langue bul­gares. Il lance des philippiques enflammées contre les Grecs, qui avaient asservi moralement les Bulgares et qui les dé­pouillaient matériellement, ainsi que contre les Serbes et les Russes qui les raillaient d'être simples et illettrés. Son appel fut repris, au commencement du siècle passé, en Thrace et en Mésie, par le prêtre Stoïco Vladislavoff, qui devint plus tard évêque de Vratza sous le nom de Sophrony et en Macédoine par Hadji Yoakim Kirtchovsky de Kitchévo et Kiryl Péitchinovïtch, du village de Téartzi, caza de Tétovo.

Alors que, au début du dernier siècle et plus tôt, Tir-novo, Sofia, Vidin, Svichtow, Plovdiv (Philippople), Sliven, Kotel et autres villes, n'avaient que des écoles grecques, alimentées par les Bulgares, en Macédoine, dans les monas­tères des régions d'Ochrid, Dèbre, Prilep et dans celui du Rilo il existait des écoles où l'on enseignait la lecture et l'écriture en langue slavo-bulgare. En 1810, on vit s'ouvrir une école bulgare à Vélès.

C'est encore de la Macédoine, d'une ville macédonienne, que partit la première voix demandant l'introduction de la lithurgie slave dans les églises et la nomination d'évêques bulgares. Skopié (Uskub) réclama la première l'une et l'autre en 1832. Son exemple fut suivi par Vélès, Samokov et

plus tard, par Vidin, Sofia, Ochrid, Prilep, Chtip, Plovdiv, Koukousche, Svichtow, et plus tard encore par Tirnovo, l'antique capitale bulgare, et finalement le mouvement gagna toutes les villes bulgares en Mésie, Thrace et Macédoine qu'il mit en lutte avec le Patriarcat de Constantinople et la Sublime Porte.

Déjà au cours de la seconde moitié du siècle passé, des écoles bulgares furent fondées dans la plupart des villes, des bourgades et des villages. En dehors des écoles élémentaires, des collèges furent également ouverts, notam­ment à Vélès, Skopié (Uskub), Koukouche, Prilep, Chtip, Tétovo (Kalkandelen), Bania, Méhomïa, etc. A Vélès on inaugura en 1840 l'enseignement par la méthode de Lan-caster et, plus tard, on créa une école spéciale de commerce.

En 1845, le village de Bachino-Sélo, près Vélès, possé­dait une école bulgare dont le conseil d'administration sig­nait ses actes d'un cachet à l'inscription suivante: Petch. Bachovskoto balgarsko outchitlchté. (Sceau de l'école bul­gare de Bachino.). En 1850, les écoles bulgares de Vélès comptaient plus de sept cents élèves. Aux environs de 1865—1868 les écoles bulgares supplantèrent les grecques dans toutes les villes et bourgades ainsi que dans les villages macédoniens. Certaines même s'élevèrent si haut qu'elles laissèrent loin derrière elles les écoles grecques. C'était le cas de l'école de Koukouche où enseignaient C. Miladinoff, Jinzifoff, de celle d'Ochrid, où enseignait Parlitchetf qui avait fait des études supérieures à Athènes et qui, en raison de ses dons éminents, fut un des premiers poètes couronnés par l'université de cette ville; de celle de Vélès, à la tête de laquelle se trouvait, en 1868, Vassil Popovitch, écrivain et critique remarquable sorti des aca­démies russes; de celle de Chtip qui, à la même époque était placée sous la direction du grand pédagogue bulgare

Yossif Kovatcheff, ancien élève des mêmes académies russes, etc. Au temps de Kovatcheff et grâce à sa gestion intelligente, l'école de Chtip s'acquit une situation prépondérante qui lai plaçait bien au-dessus des écoles de Macédoine, de Thrace et de Mésie. Ce fut la première école normale dans la péninsule — les écoles similaires grecques de Salonique et de Serres| ne furent fondées que plus tard, 1871—1872. Kovatcheff introduisit pour la première fois en Turquie la méthodes vocale et expérimentale (de l'enseignement simultané) qui! se substitua à celle de Lancaster. Des élèves instituteurs] affluaient de toutes les parties de la Macédoine, de la Thrace] et de la Mésie à Chtip pour étudier la nouvelle méthode.1 11 en vint même de Gabrovo, ville qui jouissait d'une grande | réputation dans ces trois contrées à cause de ses écoles exemplaires et qui était un des premiers centres de culture, bulgare, le Heidelberg bulgare pour ainsi dire.

Les écoles étaient fondées et entretenues par la popu­lation même, guidée par des communes élues et aidées par les corporations d'artisans. Elles étaient administrées par un comité (conseil d'administration) recruté parmi les membres des corporations. On survenait aux frais de presque toutes les écoles grâce aux subsides des églises, aux dons des artisans et aux contributions volontaires que la population des villes et des villages s'imposait à cet effet. Chaque école avait un sceau, sur lequel on lisait: Ecole bulgare de… telle ville ou tel village. A côté des écoles pour les enfants, des cours du soir et du dimanche destinés aux personnes âgées et illettrées furent également organisés dans les villes. On fonda ensuite des salles de lecture et des sociétés féminines, toutes exclusivement bulgares. Les princi­pales salles de lecture en Macédoine étaient à Prilep, Vélès, Koukouche, Vodéna, Skopié, Chtip, Kriva-Palanka, etc.

Le cycle des luttes scolaires et religieuses, des luttes

soutenues pour le développement des écoles bulgares, pour la conquête d'une Eglise bulgare indépendante, pour la re­connaissance officielle de la nation bulgare et de la com­munauté religieuse bulgare dans les limites de l'empire otto­man — que possédaient les Grecs, les Arméniens et les Juifs se termina en 1870. En cette année mémorable, qui marque l'étape la plus importante de la renaissance bulgare, le droit national des Bulgares fut sanctionné et l'indépen­dance ecclésiastique bulgare fut rétablie par un firman impérial qui prescrivait la constitution de l'Exarchat bul­gare et, par là-même, consacrait de la manière la plus offi­cielle les frontières ethniques des Bulgares dans la pénin­sule. Faut-il répéter ici, après tout ce qui a été exposé, la vérité si évidente que ce n'est pas l'Exarchat qui a créé les Bulgares en Macédoine, mais qu'il n'est lui-même qu'un résultat des efforts communs des Bulgares de Macédoine, de Thrace et de Mésie, que ce n'est pas lui qui a donné son nom aux Slaves macédoniens, mais qu'il l'a reçu d'eux, que ce ne sont pas l'Exarchat et la Principauté bulgares qui ont introduit les écoles bulgares en Macédoine, mais que ces écoles y existaient bien avant la constitution de l'Exarchat et de la Principauté.

On entend souvent dire que la Macédoine a pris sa physionomie bulgare en 1870. Cette assertion gratuite a contre elle tous les apôtres macédoniens et les instituteurs qui, plusieurs dizaines d'années avant la création de l'Exar­chat, se rendaient de Macédoine en Mésie pour y réveiller la conscience nationale et propager l'instruction parmi leurs compatriotes.

Ces instituteurs bulgares étaient: Païssy, Néophyte Rilsky de Kratovo — le premier instituteur de l'école de Gabrovo (Bulgarie), celui qui introduisit en Bulgarie la méthode de Lancaster — Christaky Pavlovitch et Vasski-

dovitch, tous deux Macédoniens, instituteurs à Swichiow, Plevna, etc… ; c'étaient encore les instituteurs de la Macédoine même, parmi lesquels des médecins, des agrégés d'Université, des littérateurs, des membre du clergé, comme par exemple, le docteur Michaïkoff de Monastir, son frère Panaret Plovdivsky, diplômé d'Athènes, Parlitcheff, poète couronné d'Athènes; Parthéni Polianinsky du caza de Dèbre l'archimandrite Nathanaïl du village de Koutchavîtza, caza d'Uskub, plus tard métropolitain de Philippopoli; Méthody Koussévitch, de Prilep, qui tous trois avaient fait leurs études en Russie; les frères Miladinoff de Strouga, folkloristes célèbres; Jinzifoff de Vélès (Keuprulu), agrégé d'Université, professeur et poète, etc. Pourquoi tous ces Macédoniens instruits ne voulurent-ils pas se faire passer pour Grecs ou Serbes, lièrent-ils plutôt leur sort à celui du peuple bulgare] en s'intitulant eux-mêmes Bulgares? S'ils avaient été Grecs' ou Serbes, ils auraient porté avec fierté le nom de leur nation, car il leur aurait été plus avantageux d'appartenir à un peuple civilisé et libre comme le peuple grec ou seulement libre comme le peuple serbe, que de se dire fils de ces hommes humiliés et asservis appelés alors Bul­gares. Quelles raisons les ont poussés à supporter toutes les souffrances, toutes les vexations, toutes les persécutions auxquelles étaient alors exposés les Bulgares?

— L'Exarchat, répond-t-on d'Athènes et de Belgrade!

— Le devoir, la conscience nationale, répond la Vérité.1

M. Hermann Wendel n'entend pas cette protestation. Il ne voit pas de conscience nationale chez la très mal­heureuse population macédonienne, il n'en voit pas non plus chez les héros macédoniens dont nous rappelons au­jourd'hui la mémoire. Mais lorsqu'il s'agit de conscience nationale, M. Wendel pourrait-il nous citer en Macédoine,

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1
Brancoff. La Macédoine et sa population chrétienne, p. 49—52; 60—62.


pour la période que nous visons, au moins deux Serbes que l'on puisse comparer aux Païssy, aux Néophyte, aux Miladinoff, aux Parlitcheff, aux Michaïcoff, aux Kovatcheff, etc. S'il n'en connaît pas, qu'il cherche dans l'histoire de la renaissance des Balkaniens, qu'il appelle à son secours le professeur serbe Cvijié. Il est tenu de le faire. Sa con­science le doit non seulement aux socialistes, mais à l'opinion publique du monde qu'il a traitée avec tant de légèreté et avec si peu de respect.

II n'y a pas un cas en Macédoine où la population slave ait fondé et entretenu à ses frais une école serbe, comme il n'y a pas non plus d'exemple de corporation serbe, d'épiscopat ecclésiastique serbe, de comité scolaire serbe et de communauté serbe, officielle ou non. On voyait, il est vrai, ça et là dans les villes, des instituteurs serbes, mais ils étaient payés par des comités scolaires bulgares et en­seignaient dans des écoles bulgares et en langue bulgare. Mais on en trouvait aussi, jusqu'en 1876, en Mésie et même en Thrace de même qu'on rencontrait, dans les écoles bul­gares, des instituteurs, tchèques, polonais, turcs, voire ma­gyares. A l'époque dont il est question, les comités scolaires bulgares avaient besoin d'hommes préparés pour l'enseigne­ment de certaines matières spéciales et ils n'hésitaient pas à les recruter parmi les étrangers slaves. Il y avait dans l'école de Choumen jusqu'à la libération, des Polonais, 1 des Tchèques et un Magyare du nom de Schafran. A Kazanlik, en Thrace, enseignait l'institutrice Rahil, une Serbe qui épousa l'instituteur D.-T. Douschanoff, personalité marquante dans l'œuvre scolaire, la nommée Mileva, sœur de la pré­cédente, enseignait à Kalofer. L'évêché de Roustchouk conserve encore dans ces archives une requête remise en

1873, par un Serbe qui demandait d'être nommé instituteur dans l'école bulgare de cette ville. A Prilep, le directeur d'école bulgare en 1865 était un Serbe qui enseignait en bulgare. II y en eut un à Vélès aussi, mais le comité scolaire, ayant remarqué une tendance propagandiste dans ses cours, le renvoya aussitôt.

II faut faire une distinction entre un Serbe enseignant dans une école bulgare et une école serbe dirigée par un comité scolaire serbe et dépendant d'une communauté serbe Il n'y en eut pas en Macédoine jusqu'en 1865. C'est ce que reconnaissent les Serbes eux-mêmes. Miloch Milojevitch qui faisait partie du comité de propagande serbe instituée auprès du ministère de l'Instruction publique à Belgrade écrit que jusqu'en 1865 il n'existait pas une école serbe en Macédoine. La première fut ouverte en 1865, 6 autre; en 1866, 82 en 1867 et 42 en 1868. Mais toutes ces écoles étaient, au dire de Milojevitch, entretenues par les moyen du gouvernement serbe. 1

Plus autorisée et plus catégorique encore est l'opinion] de Jovan Ristitch, qui, en sa qualité de régent et plus tard! de ministre des Affaires étrangères, organisa un comité de propagande serbe en Macédoine. En cinq ans de 1868 à 1873 le comité créa2 78 écoles serbes à Kossovo, en Bosnie-Herzégovine, dans le pays de la Morava, dans celui de la Nischava et en Macédoine. Il communiquait les noms des villages et des villes où des écoles serbes s'ouvraient et les subventions que le gouvernement serbe versait pour chacune de ces écoles, mais il ne donnait jamais dans ses communications le nombre des élèves qui étaient sensés les fréquenter. En effet, ce n'est pas avec des sommes de

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1
Dotation Carnegie pour la paix internationale. Enquête dans les Balkans. Paris 1914, pp. 5—6.

2 Jovan Ristich. Les relations extérieures de la Serbie dans les temps modernes, Belgrade 1901, pp. 278—290.


ducats autrichiens (96 francs), la plus petite du budget e cette société, ni même de 45 ou 50 ducats (480—600 francs), la plus grande que l'on peut subvenir aux frais d'un établissement scolaire. A Bachino Selo, qui possédait une école bulgare depuis 1845, le gouvernement serbe allouait, n 1873, un subside de 12 ducats et à Vélès et Skopié (Uskub) 30 ducats, c'est-à-dire 332 francs. En réalité, ces sommes n'étaient pas destinées à des écoles, mais à des agents serbes en Macédoine. Les sommes inscrites au budget de l'Etat serbe et divulguées dans le livre de Ristitch ne ont que confirmer cette vérité, à savoir qu'il n'y a pas une école serbe en Macédoine fondée par la population slave, parce que cette population avait une conscience nationale développée. C'est ainsi seulement que l'on peut comprendre pourquoi cette population, malgré toutes les difficultés et toutes les privations, auxquelles elle était exposée, n'ouvrait que des écoles bulgares et retirait ses enfants des écoles grecques.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est quoi ces inepties de pseudo historiens , avez vous demandez aux macedoniens ce qu'ils ressentent sur la question de leur nationalité -identite ? A travers l'histoire ils ont subi l'occupation turque, grecque, bulgare, serbe,on les a affublé de toute sorte d'identités et de noms obscures mais jamais de leur vrai identité qui est macédonienne ! C'est à vomir ! Alexandre était macedonien et la Macedoine n'était pas peuplée que d'un seul individu , il y avait aussi un peuple Macédonien qui ne s'est pas évaporé après la mort d'Alexàdre! Arrêtez de falsifier l'histoire !

Anonyme a dit…

Les Macedoniens sont Grecs depuis 2,500 ans.
Essaies de lire les inscriptions sur les pierres tombales des sepultures Royales a Vergina en Macedoine centrale.
Ne falsifies pas l'histoire avec la propagande de Skopje, toi le Bulgare.