La Macédoine Bulgare


LA MACÉDOINE BULGARE

APERÇU HISTORIQUE ET CULTUREL


(A L'OCCASION DU 15e ANNIVERSAIRE DE L'INSURRECTION DE LA ST. ELIE AOUT 1903-1918)

PAR LE


D-R L. MILETITCH

PROFESSEUR A L'UNIVERSITE DE SOFIA

SOFIA 1918

IMPRIMERIE DE LA COUR ROYALE


La Macédoine Bulgare

Aperçu historique et culturel

A I'occasion du quinzième anniversaire de l’Insurrection de la St. Elie – août 19O3 – 1918.

L'écho de la lutte sanglante et inégale des Bulgares de Macédoine pour la liberté a retenti dans toute l’Europe parce que la Macédoine n'était pas une province reculée de l’empire turc, mais bien un pays du centre de la péninsule Balkanique, par lequel passe la voie naturelle la plus courte du nord au sud et qui joint l’Europe Centrale a la mer Egée et au proche Orient. Grâce à cette situation géographique particulière, la Macédoine fut, dans les temps anciens aussi, un centre important de commerce et de culture dans la péninsule et jouera à I'avenir également un rôle très important, presque mondial. On peut en voir une preuve dans I'intérêt que le monde entier prend a son sort, auquel la guerre actuelle semble réserver une solution définitive.

Pour la Bulgarie plus particulièrement, la Macédoine, par sa population et son passe, constitué le noyau de la moitié occidentale de la patrie bulgare. Sans la Macédoine, le progrès de I'Etat bulgare et de la nation bulgare n'est nullement assure. Ce sont les Bulgares de Macédoine qui, compacts et ayant le sentiment national très développé, pourront, s'ils font partie de la Bulgarie, équilibrer à I'avenir la force défensive de I'Etat Bulgare centre les nationalités étrangères à I'intérieur et autour d'elle. Aussi, la question de I'union politique du peuple bulgare, qui comprend avant tout I'union des Bulgares de Macédoine, est-elle; la question vitale par excellence pour le peuple bulgare C'est pour la résoudre que nos frères de Macédoine ont consenti a tous les sacrifices au cours de ces derniers trente ans et que la Bulgarie s'est engagée dans trois guerres. C'est de I'heureuse solution de la question Macédonienne que dépend aussi le développement pacifique ultérieur de la Bulgarie. Cette solution constituera enfin une réparation historique parce que pendant de longs siècles la Bulgarie et la Macédoine constituèrent un tout, souffrant l’une pour l’autre, cherchant ensemble a réaliser l’unité nationale. On ne doit pas oublier les liens de race et de culture qui de tout temps ont uni la Bulgarie et la Macédoine, Sans un coup d'oeil historique dans le passe ancien de la Bulgarie, il nous serait plus difficile de comprendre comment se fit-il qu'une insurrection générale des Bulgares se produisit en 1903 précisément dans la partie la plus éloignée de nous, dans la Macédoine occidentale, dirigée centre une autorité puissante et implacable comme, le fat la turque. La situation géographique de la Macédoine explique de son côté son passé culturel et son état actuel.

I.

Quand il, s'agit des limites de la Macédoine depuis les temps les plus anciens et jusqu'a nos jours, on ne peut paner que des frontières naturelles déterminées par la plastique du terrain qui, quoique entrecoupe de nombreuses mon­tagnes et vallées, forme une unité géographique et culturelle. C'est à cela qu'est dû aussi le fait que les limites administratives de la Macédoine, si variables qu'elles aient été au cours de des siècles, ne sont pas sorties des cadres de ses frontières naturelles. Dernièrement c'est la question des frontières ethnographiques de la Macédoine qui a pris de l’importance. Ces frontières peuvent être fixées aujourd'hui avant tout d'après la population la plus nombreuse et la plus avancée au point de vue culturel, la bulgare, une population fixée dans ce pays depuis les temps anciens et qui a joue le plus grand rôle dans son histoire.

Ce n'est pas par un fait fortuit que les frontières ethnographiques de la Macédoine correspondent aux frontières géographiques qui, difficiles a traverser, ont empêche les tribus apparentées, lors du peuplement de la Macédoine, de sortir loin des frontières naturelles. Comme les Slaves bulgares s'établissaient en Macédoine en venant du nord-est, ce sont les frontières naturelles du sud-ouest de la Macédoine qui ont principalement arrêté la vague slave. L'histoire nous apprend que si nombreuses qu'aient été les colonies bulgares qui les ont dépassées dans la direction de l’Epire, de la Thessalie et de la Morée, ainsi qu'en Albanie, vers l’Adriatique, elles n'ont pu conserver leur nationalité et disparurent au cours du temps, cela faute de communications faciles avec leurs frères de Macédoine.

La Macédoine est la partie occidentale du midi de la péninsule Balkanique. Ses frontières géographiques sont tracées au nord par les grandes chaînes de montagnes qui s'étendent presque sans interruption de l’ouest vers l’est, en partant du Mt. Char et en passant par la Montagne Noire de Skopie, puis par la ligne du partage des eaux du Vardar et de la Morava dans la région de Prechovo et au delà, par les montagnes d'Ossogovo et de Rila, jusqu'au Mont Moussala ou commence la frontière orientale de la Macédoine; de ce point, celle-ci passe par les pentes occidentales des Rhodopes, prend une direction sud-est jusqu'a la rivière Mesta, au nord du village de Bouk, et suit cette rivière jusqu'a la mer Egée. La frontière méridionale de la Macédoine com­mence a l’embouchure de la Mesta, suit la côté de la mer et, coupant la presqu'île Chalcidique, atteint I'embouchure de la Bistritza dont elle suit le cours jusqu'a ses sources; d'ici continue, toujours a I'ouest, par la ligne du partage des eaux, jusqu'aux sources du Devol et les montagnes de l’Albanie. Ici la frontière occidentale de la Macédoine tourne vers le nord et, passant par les montagnes à l’ouest du lac d'Ochrid et de la ville de Debre, atteint les pentes méridionales de la chaîne du Char.

Déjà les anciens considéraient, d'après Strabon, que la chaîne de montagnes qui s'étend a l’est de l’Albanie – a savoir le Char et les montagnes suivantes y compris le Bal­kan jusqu'a la mer Noire – partage la péninsule Balkanique en deux parties, la septentrionale et la méridio­nal e. Dans la partie septentrionale était située la Mesie qui s'étendait de la mer Noire jusqu'a la rivière Drin en se divisant en deux parties: l’une à l’est, l’autre a l’ouest. La frontière en était la rivière Cebrus. La partie occiden­tale s'appelait la Mesie supérieure (Moesia supe­rior); elle comprenait la province de Dardania avec la ville de Liplian (Ulpiana). La partie occidentale portait le nom de Mesie Inférieure (Moesia inferior).

Pendant la domination romaine la partie méridionale de la péninsule était divisée, au point de vue administratif en deux diocèses: la Thrace et la Macédoine ; c'esi la ri­vière Mesta qui leur servait de frontière. Les limites du diocèse de la Thrace variaient considerablement, englobant souvent des parties de la Bulgarie du nord-est, comme par exemple lors de la nouvelle division administrative de Dioclétien (297); le diocèse de la Macédoine reste le même jusqu'au Vl-e siècle en gardant pour frontière orientale la Mesta. Cette frontière se trouve sur la zone de transition allant à la partie orientale thrace de la péninsule qui se dis­tingue par ses vastes plaines comprises entre les longues chaînes de montagnes – vers la partie occidentale, la macédonienne – qui est de préférence montagneuse et ne comprend que des vallées closes plus ou moins étendues.

Ainsi, dans ses frontières historiques, la Macédoine est entourée de toutes parts de hautes montagnes, excepté au bord de la mer. Trois grandes rivières la traversent du nord au sud pour s'écouler dans la mer Egée: le Vardar, la Strouma et la Mesta. La vallée du Vardar est la plus importante, non seulement parce qu'elle est la plus grande et la plus commode pour les communications commerciales, mais aussi parce qu'elle est reliée par le plateau relativement bas de Prechovo (au sud de Vrania, 430 m. d'altitude), a la val­lée de la Morava qui conduit au Danube et ouvre la voie de l’Europe centrale. La vallée du Vardar peut être considérée comme divisant la Macédoine en deux parties – l’orientale et l’occidentale. Tandis que la Macédoine occidentale représente au point de vue géographique et culturelle unité plus complète, la Macédoine orientale, prise dans son ensemble, est plus disparate: les montagnes de la Belassitza de la Platchcovitza et de l’Ossogovo et les plaines qu'elles comprennent vont dans une direction horizontale vers l’est jusqu'à la chaîne du Pyrin, tandis que cette dernière s'allonge transversalement du nord au sud en isolant complètement à l’est la vallée de la Mesta (la région de Nevrocope), enserrée entre les Rhodops, le Rila et le Pyrin.

La Macédoine à la forme d'un quadrilatère irrégulier dont la partie principale est comprise entre 40° et 42° de latitude et 39° et 43° de longitude de Greenwich. Le point le plus oriental de la Macédoine est l’embouchure de la Mesta; le plus occidental se trouve près de la ville de Debre; le plus septentrional sur la ligne du partage des eaux entre k Vardar et la Morava; le plus méridional — sur la grande boucle de la Bistritza.

11 faut remarquer que parmi les îles Egéennes, l’île de Thassos, en face de Cavalla, appartient au point de vus géo­graphique entièrement a la Macédoine.

La Macédoine est en général un pays montagneux. De vastes plaines et de profondes vallées s'étendent entre les montagnes; dans sa partie sud-ouest se trouvent de grands et petits lacs; partout le pays est sillonne de ruisseaux et, grâce a cette abondance d'eau, la Macédoine est naturellement fertile et belle. Elle est tout entière penchée vers le bassin de la mer Egée. II n'y a que le lit du Drin avec le lac d'Ochrid qui soit tributaire de la mer Adriatique. Aussi la Macédoine appartient-elle par son climat à la région méditerranéenne qui se distingue par la sècheresse de l’été et l’humidité de l’hiver et, en général, par une température plus modérée.

Dans les frontières indiquées, la Macédoine a une superficie d'environ 65000 klm. carrés. Elle est peu peuplée actuellement. D'après les statistiques les plus dignes de foi, sa population atteignait en 1912 a environ 2250000 hommes, dont 55% des Bulgares, 20% des Turcs, 10% des Grecs, 10°i0 des Albanais et 5% des Valaques, Juifs, Tziganes, etc.

Si la Macédoine jouit d'une liberté qui y garantisse la vie et les biens des habitants, elle pourrait facilement nourrir une population trois fois plus grande, grâce a son climat doux et a la variété de ses terres, aptes a toutes les cul­tures et se prêtant au développement de l’industrie.

II.

Occupant une position centrale entre la Thrace et l’Albanie, disposant des voies les plus courtes qui conduisent a la mer Egée et a l’Adriatique, reliée a l’Europe centrale par la vallée du Vardar et celle de la Morava, la Macédoine est le mieux situe de tous les pays intérieurs de la péninsule Balkanique. Tandis que les autres péninsules de la Méditerranée, l’Italie et l’Espagne, sont barrées au nord par de hautes montagnes et ne disposent pas de bonnes voies transversales qui conduisent naturellement du nord jusqu'a la côté la plus méridionale, la péninsule Balkanique jouit du grand avantage d'être ouverte, par la voie de la Morava et du Vardar, aux communications commerciales et culturelles avec l’Europe centrale et en même temps avec le proche Orient. Un autre avantage précieux est le grand golfe de Salonique, auquel aboutit la vallée du Vardar, au point ou la côté de la mer est le plus découpée, entre Salonique et Orphano. Le chemin le plus court entre l’Europe centrale, et plus particulièrement entre la riche plaine hongroise et le canal de Suez, est précisément la voie de Sa­lonique qui passe par le cœur de la Macédoine, l'„hinter­land" naturel de Salonique. Relevons a ce propos que la Macédoine, et surtout la Macédoine occidentale, ne dispose pas d'un autre port de mer accessible, étant donne qu'à l’ouest, malgré la proximité de la mer Adriatique, elle est close, comme en général toute la partie occidentale de la péninsule dont les limites extrêmes sont tracées par la chaîne de montagnes transversales allant du nord au sud, le long de l’Adriatique. Ainsi, au nord de la vallée de Lublian partent pour s'étendre jusqu'a Scutari d'épaisses chaînes de montagnes du système Dinarique. Au sud de Scutari commencent les montagnes greco-albanaises qui, toujours parallèles à la côte, font partie du système du Pinde. Plus basses que les Alpes Dinariques, celles-ci sont formées de plus jeunes roches sédimentaires de fleiss, qui y ont permis l’intercalation de vallées transversales dont les plus importantes sont celles du Scumbi et du Devol qui percent presque toutes les chaînes de montagnes. Ces vallées sont aussi étroites, mais elles se prêtent tout de même a la construc­tion de lignes ferrés jusqu'à la mer. C'est du golfe de Durazzo par la vallée du Scumbi que passait la grande voie historique, connue sous le nom de Via Egnatia, qui, par Elbassan, Ochrid et Ressen, touchait à Bitolia (Monastir) et de ce centre, passant près du lac d'Ostrovo et près de Voden, atteignait Salonique pour continuer de la jusqu'a Constantinople, en côtoyant la mer. On ne connaît pas une autre voie, plus ou moins commode, qui mène de la Macédoine occidentale a la mer Adriatique.

En dehors de la vallée de la Morava et de celle du Vardar, la péninsule Balkanique possède une autre artère naturelle de communication – la voie qui joint l’Europe centrale a Constantinople en passant par Niche et Sofia. Ces deux voies se croisent a Niche d'ou toutes les deux suivent au nord la vallée de la Morava jusqu'au Danube. La voie de Salonique est non seulement plus courte, mais elle possède, par rapport à celle de Constantinople, un autre avantage pour les communications par chemin de fer: c'est que le partage des eaux entre le Vardar et la Morava n'a qu'une: altitude de 430 m. et s'élève si doucement que le passage: en est a peine perceptible, tandis que le partage des eaux; entre la Nichava et l’Isker a une altitude de 800 m. et le suivant – entre l’Isker et la Maritza – de 740 m.; avec cela dans les deux défiles de Dragoman et d'Ikhtiman les pentes sont très raides.

Les liens géographiques ci-dessus indiqués entre la Macédoine et la vallée de la Morava expliquent non seulement les traits communs de la population de ces deux pays, mais aussi l’identité de culture, une culture bulgare, dans tout le bassin du Vardar et de la Morava bulgare. Car même lors de l’établissement des Slaves venant du nord-est dans le pays de la Morava et en Macédoine, les communications naturelles entre les deux pays ont exerce une influence dé­cisive sur le mouvement migratoire des tribus apparentées slavo-bulgares.

III.

Avant l’arrivée des Slaves dans la péninsule Balkanique, la composition ethnographique de la population macédonienne était assez uniforme. Dans la période préhistorique ce sont les Thraco-Illyriens qui s'étaient établis en Macédoine, a savoir: dans la partie orientale – des tribus thraces, dans l’occidentale — des tribus illyriennes1) dont sont issus les Albanais d'aujourd'hui. La tribu des Macédoniens était probablement apparentée aux Thraces, la tribu des Epirotes — aux lllyriens. Ces deux tribus étaient séparées par le Scumbi, au sud duquel vivaient les Epirotes. Elles se distinguaient par le dialecte et par le type physique, Les Guegues d'aujourd'hui sont des descendants des lllyriens, les Toskes— des Epirotes.

La partie méridionale de la Macédoine, ou se trouvaient plus tard les capitales des anciens rois de Macédoine, Edessa (aujourd'hui Voden) et Pella, a du être une zone de frontière où l’élément thraco-illyrien touchait a l’élément hellinique. A l’époque historique, aux temps du royaume Macédonien et surtout d'Alexandre le Grand, la langue grecque a du jouer ici un rôle important; mais à l’intérieur du pays c'est au contraire la langue thraco-illyrienne qui dominait 'a l’exclusion du grec. Toutefois, plus tard, à la suite de plusieurs invasions successives de peuples étrangers en Macédoine, la population thraco-illyrienne s'était petit à petit clairsemée. Au commencement du Ille siècle av. J.-C. eut lieu l’invasion des Celtes; au IIe siècle après J.-C. eut lieu la conquête romaine qui amena dans le pays de nouveaux colons d'ltalie, dont les derniers vestiges sont les Koutzo-Valaques de Macédoine ou tzintzars. L'affaiblissement de la population thraco-illyrienne est due aussi en partie aux invasions dévastatrices des Ostrogoths (vers 474), qui saccagèrent la Dardanie et la Macédoine, à celles des Huns et des Avars (au lVe siècle), et — dans les provinces riveraines — aux pirates sarrasins. Toutefois, le coup le plus formidable fut porte a cette population aux Vle et Vlle siècles par l’envahissement de la péninsule par les Sla­ves, dont les ondes s'étendirent loin au sud-ouest et au sud, inondant presque toute la Grèce. Mêlés aux Slaves, les restes des Thraco-lllyriens, qui avaient échappe a la romanisation et qui avaient survécu a l’invasion slave1), n'ont pu garder longtemps leur nationalité: un procès d'assimilation commença au profit de la puissance slave nouvellement établie et, au bout de trois ou quatre siècles, les Thraco-Illyriens furent complètement absorbes en Macédoine par les Slaves, comme le furent les Thraces dans la Thrace. II n'y a que les tribus illyriennes vivant isolées dans les montagnes de l’Albanie qui aient pu conserver leur caractère ethnographique.

Après l’invasion slave, d'autres éléments étrangers s'établissent en Macédoine: les Normands du sud de l’Italie, les Francs des croisades, les Juifs espagnols et enfin un grand nombre de Turcs et de Tatars.

Malgré ces nouveaux éléments ethnographiques, l’élément slave demeura le plus nombreux et le plus cohérent dans les limites de la Macédoine, a l’exception des cotes, et cela pendant tout le temps et jusqu'a nos jours. Faute d'une flotte, les Slaves ne purent se maintenir au bord de la mer Egée même, quoique, au début, leurs établissements aient touche a la mer. Ainsi ils purent se maintenir autour de Salonique, mais, pour la cause indiquée, ils ne purent se rendre maîtres de la ville, ce qu'ont pu faire, pour peu de temps, il est vrai, même les Arabes (904) et les pirates normands (1185), puis, plus tard, les Turcs, qui conquirent Salonique en 1430 pour la dominer longtemps.

IV.

On sait que les Slaves sont venus en Macédoine du nord-est, de la Dacie – la Roumanie actuelle et le pays voisin. Quoique ces Slaves aient été divises en tribus portant chacune son nom, ils étaient tous proches par la langue, par les mœurs et par l’esprit, ayant tous appartenu a cette branche des Slaves du sud qui, après s'être détachée de la patrie slave commune, a vécu pendant des siècles en mouvement au sud, vers le Bas-Danube, jusqu'a ce qu'enfin elle s'y établit pour une longue durée avant de traverser ce fleuve. Les chroniqueurs Procope et Jornandes disent au sujet de ce peuple qu'au VI" siècle après J.-C., se trouvant au nord du Danube, il s'appelait slave (Sclavini). Ces Slaves terminèrent leur établissement dans la péninsule Balkanique vers le milieu du VIIe siècle. La rive méridionale du Danube fut la première occupée par les sept tribus slaves ' que les chroniqueurs Théophane et Nicéphore mentionnent dans l’année 679. Ces tribus s'établirent entre le Danube et le Balkan, venant sans doute du nord, par la Valachie. Ces mêmes' tribus' occupèrent la Thrace qui, malgré toutes les dévastations, opposa une résistance opiniâtre dont le résultat fut que seule la puissante tribu des Smolians réussit a s'établir A Tintérieur des Rhodopes. Une des plus grandes '' vagues de l’invasion slave traversant la Mésie occidentale, c'est-à-dire la Mésie supérieure, passa par la vallée de la Morava et du Vardar en Macédoine, d'où elle se dirigea au sud vers l’Heilade et la Laconie. En Macédoine une vague s'en détacha vers l’Albanie moyenne ; on remarque encore ses traces dans les régions de Durazzo et de Himara où l’on conserve toujours beaucoup de noms locaux slaves. Une partie de ces mêmes Slaves qui passèrent de la Mésie supérieure en Macédoine demeura dans la région de" la Morava que traversait la voie principale et la plus com­mode conduisant vers le sud. Longtemps après leur établis­sement en Mésie, en Thrace et en Macédoine, ces tribus étaient désignées du nom générique de Slaves. La langue de la tribu établie près de Salonique, langue dans laquelle S-ts Cyrille et Méthode et leurs disciples traduisirent l’écriture sainte et d'autres livres d'église, s'appelait slave. Cette langue désignée dans la littérature sous le nom de yieux-bulgare, se distinguait, « au IX° siècle, principalement par ses traits phonétiques inconnus des autres langues yougoslaves de l’époque, la serbo-croate et la Slovène (en Pannonie). En base du signe phonétique le plus caractéristique de la langue de Sts Cyrille et Méthode – de la prononciation « cht et « jd » au lieu du « tj » et « dj » de la prononciation primitive slave – la linguistique a indubitablement établi que c'est la même langue qu'ont parlée tous les Slaves qui, aux VIe et VII' siècles, se sont établis non seulement en Mésie et en Thrace, mais aussi dans toute la Macédoine, et dans ce nombre les co­lons slaves qui s'étaient lances loin au sud, en Grèce, et a l’ouest, en Albanie. La prononciation nasale des voyelles Ѫ et Ят est de son côté un trait caractéristique important de ce « vieux-bulgare »; il en est de même de la prononciation du Ѣ en « e » long, semblable au « ia », dont il se distinguait a peine dans beaucoup de cas1).

C'est principalement grâce a ces traits phonétiques que la science a pu plus tard établir que les Slaves qui traversèrent le Danube sont ethnographiquement identiques a ceux qui, au VIe siècle, a l’époque des chroniqueurs Procope et Jornandes, vécurent au nord du Bas-Danube. Par le même moyen, la science a pu établir qu'une branche de ces Slaves s'étendit loin a l’ouest de la Dacie, dans la plaine hongroise, atteignant par ses colons la Theiss et même la capitale hon­groise actuelle, Pest. Le son « cht » contenu dans le nom de Pest constitue une preuve irréfutable de son origine bulgare. Quoique, a l’instar des colons Slaves en Grèce et en Al­banie, les Slaves Bulgares du nord du Danube aient disparu, ils y ont laisse des preuves historiques de leur séjour, car beaucoup de lieux y portent encore des noms slaves et les langues grecque, roumaine et hongroise ont conserve beaucoup des mots slaves désignant des notions de culture2). Les preuves linguistiques dont il s'agit sont appuyées par un grand nombre de données historiques fournies par les chroniqueurs byzantins et occidentaux. La conclusion générale a laquelle nous amènent ces données est que la colonisation lave dans la péninsule Balkanique, qui a jeté les fondements de la nationalité bulgare, était très forte, si forte que même le Péloponèse était considère comme terre slave (slavinia terra) par les navigateurs occidentaux, dans la première moitie du VII1C siècle. Constantin Porphyrogénète lui-même dit: « tout le pays se slavisa et devint barbare »1). L'identité de race entre les Slaves de Macédoine et Ceux de la Thrace et de la Mésie apparaît plus tard tout le long de l’histoire: dans tous ces pays et jusqu'aux limites les plus occidentales de la Macédoine, la même langue vieille-bulgare s'est maintenue dans la littérature nationale durant des siècles, jusqu'aux temps nouveaux, lorsque la langue nationale vivante, modifiée, commença a se frayer chemin dans la littérature. Cette dernière langue comprend en macédoine plusieurs dialectes qui, malgré certains écarts du vieux-bulgare, ont conserve dans leur base ses traits essentiels. Dans leur développement, ces dialectes ont suivi la même direction que les dialectes bulgares en dehors de la macédoine, avec lesquels ils constituent aujourd'hui la même langue moderne bulgare. Cette identité des dialectes macédoniens avec les autres dialectes modernes bulgares ne peut être expliquée que par l’identité de base - la langue commune des vieilles tribus slaves c.à.d. vieilles-bulgares.

V.

La nationalité bulgare s'est formée par la fusion des slaves dont nous avons parle avec les Bulgares d'Asparoukh. Ceux-ci étaient d'origine touranienne. Avec les Slaves, ils ont jeté les premiers fondements de l’Etat bulgare. L'évènement capital qui est considéré comme le début de I'histoire bulgare est la traversée du Danube eh 679 par une horde bulgare, ayant à sa tête le prince Asparoukh (Isperikh) et qui de la Dacie – ou plus précisément de la Bessarabie – alla s'installer dans la Dobroudja actuelle. Bientôt après, Aspa­roukh fonda, dans la Bulgarie actuelle nord-est, la première principauté bulgare de la péninsule Balkanique dont la capitale fut d'abord Aboba et ensuite Preslav. C'est dans cette principauté que vécurent et agirent en commun les Bulgares d'Asparoukh nouvellement arrives et les Slaves plus anciens qui étaient jusqu'alors des sujets byzantins. Cette alliance constitua le noyau du grand royaume bulgare qui engloba en peu de temps toutes les provinces habitées par les mêmes Slaves en Mésie, en Thrace et en Macédoine et 'qui s'étendait plus loin vers l’Albanie, l’Ephe et la Thessalie.

Avant la traversée du Danube par Asparoukh, l’autorité des Bulgares s'étendait sur la Dacie et, par la Transylvanie, loin à l’ouest jusqu'a la Theiss, en Hongrie. Ici aussi, dans cette Bulgarie appelée transdanubienne, les Bulgares se trouvaient en alliance avec les mêmes Slaves que ceux établis dans la péninsule Balkanique. C'est dans la Dacie, où avant la fondation de la principauté d'Asparoukh, les ancêtres bulgares ont vécu pendant près de deux siècles, qu'ils ont fait pour la première fois co'nnaissance intime avec-les Slaves; c'est ici que furent jetés les fondements de leur amitié politique durable, grâce a laquelle les Slaves de la Mésie, de la Thrace et la Macédoine adoptèrent et firent leur l'idée de l’Etat telle que l’avaient conçue les Bul­gares d'Asparoukh. Jusqu'à la fondation de la principauté de Preslav, les Slaves de la Dacie prirent part aux luttes menées centre Byzance par les Bulgares d'Asparoukh; leurs congénères, les Slaves de la péninsule Balka­nique, collaborèrent de leur côté a l’extension du nouvel Etat bulgare: C'est ainsi que l’autorité bulgare put s'étendre partout où ces tribus slaves se trouvaient en majorité Celles-ci se sentaient du reste si proches entre elles, par la langue et par l’esprit, qu'elles constituaient au fond une nationalité formée, distincte des autres Slaves du sud. Malgré cela, étant donne les différences de tribus et l’absence d'une autorité centrale commune, il est probable que, sans l’intervention étrangère, la conscience nationale et le sentiment des intérêts communs ne se seraient pas développés chez eux au point de les amener à constituer une force organisée et à fonder un Etat durable. Les Bulgares d'Asparoukh étaient précisément des organisateurs énergiques; grâce à cette qualité, ils purent gagner politiquement et socialement leurs allies Slaves et les attacher de telle manière qu'au bout de deux ou trois siècles ces derniers oublièrent leur nom slave et adoptèrent le nom national des fondateurs de l’Etat, les Bulgares. Le fait que les Slaves de Macédoine adoptèrent aussi le nouveau nom constitue a lui seul une preuve des plus convaincantes que déjà avant cet évènement ils avaient la conscience de l’unité nationale aussi développée que les Slaves de Thrace et de Mésie.

Les Bulgares touraniens, venus du Volga et apparentes par la langue aux Koumans, Huns et Hazars, étaient surtout des cavaliers. A comparer a leurs allies vassaux, les Slaves, ils étaient une minorite infime; aussi leur disparition com­plète dans la masse slave n'était-elle qu'une question de temps. L'assimilation entre les deux éléments ethniques s'est accélérée surtout après leur conversion au christianisme (865), par les mariages. L'insuffisance de femmes dans la horde d'Asparoukh a imposé des le début le croisement. Déjà au commencement du IXe siècle la langue slave a penetre dans les plus grandes familles bulgares. Les fils d'Omortag ont porte les noms slaves de Voïne, Malomir et Zainitza. Pourtant, a la fin du Xe siècle, on distinguait encore, en Bulgarie et même à I'étranger, les Bulgares touraniens d'Asparoukh et les Slaves. Le procès d'assimilation eu pour fin la disparition complète des Bulgares touraniens c'est-à-dire de leur langue, dont il n'est reste aucune trac dans la langue actuelle bulgare qui est, d'un bout à l’autre, purement slave.

La Macédoine, ou une principauté slave distincte s'était constitué aux VIIe et VIIIe siècles, fut conquise par les Bul­gares au commencement du IXe siècle. Le célèbre prince Kroum conquit en 817 Sofia et pénétra en Macédoine ou la population slave reconnut immédiatement son autorité. a! l’époque du prince Boris les frontières bulgares atteignirent la côté de l’Egée, près de Salonique; a l’ouest, Ochrid et province du Devol faisaient partie de la principauté, ses frontières atteignant Durazzo et dépassant au nord, au delà de Cossovo, la rivière Ibar. Cette extension du royaume bulgare en Macédoine amena l’empereur byzantin Théophile C829—842) a installer les Turcs Vardariotes, entre Salonique et Voden, a titre de gardes-frontières et surtout pour défendre Salonique. Cette mesure de défense de la part de Byzance avait sa raison d'être, parce que, en effet, en 914 le tsar Siméon fit déjà la guerre en Macédoine pour la conquête de Salonique et de Durazzo, les deux principaux ports sur la mer Egée et sur l’Adriatique. En 926 des troupes bulgares attaquèrent de nouveau Salonique. II est remarquable que pendant qu'au nord les Serbes et les Croates se révoltaient centre Siméon (925), en Macédoine tout était tranquille; mais ce qui mérite plus encore d'être relevé, c'est qu'en général les Slaves de Macédoine n'ont jamais combattu l’Etat bulgare.

VI.

Les liens de race entre les Slaves de 'Macédoine et ceux de la Thrace et de la Mésie apparaissent très clairement dans l’unité culturelle aussi: ils avaient la même langue littéraire, la même église, les mêmes institutions d'enseignement.

L'activité culturelle dont la base immuable fut jetée par les deux frères de Salonique, Sts Cyrille et Méthode, et par leurs collaborateurs qui furent aussi, principalement, des Bulgares de Macédoine, réunit tous les Slaves bulgares t Méthode était un dignitaire civil et qu'il gouverna une principauté slave-bulgare en Macédoine, pendant que son frère était élève à Constantinople, sous la direction du patriarche Photios. En général, St Mét­hode connaissait les langues étrangères et était un homme instruit. Ces deux Bulgares de Macédoine élevèrent leur dialecte maternel à la hauteur de langue d'écriture commune à tous les Bulgares en y traduisant l’Écriture sainte et les livres de messe au moyen d'un alphabet compose par eux, l'alphabet glagolien. C'est ainsi qu'ils jetèrent les fondements de l’écriture bulgare qui devint plus tard l’écriture de tous les Slaves du sud-est. C'est grâce a cette langue littéraire de Sts Cyrille et Méthode, conservée dans les manuscrits les plus anciens, appelés « vieux-bulgares » que la science a pu établir d’une manière certaine qu'au IXe siècle déjà les Slaves de Macédoine faisaient partie des Slaves bulgares dont est issue la nation bulgare. Les dialectes bulgares macédoniens d'aujourd'hui se confondent absolument, dans leurs traits phonétiques essentiels, avec la langue ancienne bulgare employée dans l’écriture de Sts Cyrille et Méthode. Cette écriture fut d'abord appliquée dans les écoles populaires de Macédoine, surtout dans celles d'Ochrid ou enseigna St Clé­ment, le plus important des disciples de Sts Cyrille et Méthode. Le nom de St Clément – celui-ci mourut en 916 a Ochrid comme évêque de Velitza – est encore vivant dans la tradi-dition populaire; St Clément est considéré comme un saint et un bienfaiteur du peuple; il en est de même de ses compagnons, également disciples de Sts Cyrille et Méthode, a savoir: Gorasde, Naoum, Angélarius et Sawa. Bien des sou­venirs sur St Clément existent encore à Ochrid; une des églises porte son nom. Sur le bord du lac se trouve le cou- ; vent de St Naoum.

On sait que l’oeuvre de St Cyrille et Méthode et de leurs premiers disciples est un évènement d'une importance mondiale; c'est à elle que les autres Slaves, surtout les orthodoxes, doivent aussi d'avoir eu si tôt leur écriture, en adoptant la langue littéraire de Sts Cyrille et Méthode. Cette langue est de nos jours encore employée par l’église russe et serbe et fut longtemps la langue d'église des Croates, principalement sur le littoral adriatique où la tradition écrite glagolienne se maintint le plus longtemps et jusqu'a nos jours, comme par exemple a I'île de Veglia.

La littérature vieille-bulgare prit son plus grand essor pendant le règne du tsar Siméon le Grand (888—927), pen­dant lequel l’influence de la culture byzantine prit les plus grandes proportions. La littérature transporta plus tard cette influence en Russie et en Serbie. Quoique cette dernière fut dans le voisinage immédiat de la Bulgarie et surtout de la Macédoine, les premiers débuts de l’écriture y firent leur apparition trois siècles plus tard, à la fin du XIIe siècle; c'est de cette époque qu'est datée le plus ancien monument écrit – une charte du ban de Bosnie, Kouline, de 1189. La Serbie emprunta directement à la Bulgarie sa langue écrite ainsi que le nouvel alphabet, le cyrillien, dont St Clément est considéré aujourd'hui comme étant l’auteur.

VII.

Le fait que la Serbie s'est pourvue si tard d'une littérature, et cela en l’empruntant directement a la Bulgarie, prouve que pendant une série de siècles elle n'avait pas entretenu de rapports culturels et politiques plus on moins fréquents -avec les terres bulgares. L'ancienne histoire serbe le montre aussi, du reste. Il est intéressant pour nous d'établir jusqu'où les tribus serbes s'étendaient-elles lors de leur pre­mière installation dans la péninsule Balkanique. Cette ques­tion, qui a une importance capitale pour la détermination historique de la zone frontière entre les peuples serbe et bulgare depuis les temps les plus anciens, a été étudiée, avec la plus grande compétence par le professeur Constantin Jirecek qui a exposé les résultats de ses recherches dans -on Histoire des Serbes (Geschichteder Serben), publiée en 1911 en traduction serbe également. Cet ouvrage de Jirecek est la meilleure histoire des Serbes, leur première histoire critique --ils n'en possédaient point jusqu'alors. D'autre part, étant donne l’objectivité extrême, bien connue, de son auteur célèbre, il est superflu de relever sa valeur scientifique.

Les établissements des Serbes et Croates, dit Jirecek, trouvaient surtout dans la région montagneuse du système Dinarique. Ce système commence a Quarnero et s'etendant le long de la mer Adriatique atteint le golfe de San Giovani di Medua, aux embouchures de la Bojana et du Drin, dans une direction du nord-ouest au sud-est. Au golfe, 'endroit le plus profond de la mer Adriatique – 1600 m profondeur – une partie du système Dinarique tourne vers le nord-est en formant les montagnes du Montenega occidental et les Alpes albanaises la montagne « Prokletia » – l’autre tourne vers le sud et le sud-est en formant les montagnes de l’Albanie qui constituent un passage vers le système montagneux albano-grec. Les terres com­prises entre les montagnes rocheuses du Monté­négro et le bassin de la Morava occidental1 sont la plus ancienne patrie, la stable, du peuple serbe. C'est un pays montagneux, froid et pauvre, une région quartzeuse a l’ouest, couverte de forets a l’est, comprenant de hautes vallées propres surtout a l’élevage du bétail, un pays qui offrait peu d'attraits aux envahisseur étrangers (p. 9). Parmi les peuples slaves de la péninsule•' Balkanique, les vrais Serbes étaient au début un peuple in­terne qui, loin du Danube et de la mer, habitait les vallées du Lim, de l’lbar et de la Morava oc­cidentale. C'est d'ici que le peuple serbe étendait sa domination vers le littoral adriatique; son centre de gravite ; fut a un moment a Diocletia (Zeta), sur le lac de Scutari. A partir de la fin du XIe siècle. les classes dirigeantes serbes cherchèrent a pénétrer à l’est, vers les voies qui conduisent du Danube a la mer Egée. Un nouveau centre serbe se constitua alors au château de Rassa, sur la rivière Rachka. un affluent de l’Ibar, c'est-â-dire sur le plateau de l’actuel Novi-Pazar – d'une altitude atteignant 550 m. – où des voies importantes se croisaient au milieu des terres montagneuses couvertes de bois, entre la Tara et la Morava. C'est l’ancienne province de Rassa, appelée par les Byzantins. Ce centre fut ensuite deplace vers le sud par la conquête des deux vallées fertiles situées juste au milieu de la partie septentrionale de la péninsule la vallée du Drin blanc avec les villes d'Ypek et de Prizren et le Cossovo Pole. Ypek devint pendant cinq siècles le siège de l’église nationale serbe. Au XIIIe siècle eut lieu une nouvelle offensive serbe vers le nord, vers la vallée de i Morava orientale supérieure, que les Hongrois et les bulgares s'étaient déjà disputée; puis les Serbes avancèrent plus bas, vers le Danube, dans la région comprise entre embouchure de la Save et les Portes de fer. Au sud, ils avancèrent loin dans la Macédoine, grâce à la décadence rapide du royaume byzantin rétabli après l’expulsion des Latins. En 1349 Etienne Douchan fut couronne roi des Serbes et des Grecs, et pendant les guerres civiles grecques occupa foute la Macédoine (excepte Salonique), l’Albanie, l’Epire et la Thessalie. Cependant, bientôt après, les luttes intérieures facilitèrent l’avance dans les Balkans d'un puissant conquérant – les Turcs ottomans. Sous les despotes, l’Etat serbe avait au XVe siècle encore une base au nord, sur le Danube à Belgrade et Smederevo (jusqu'a 1459). Les princes de la famille des Tcernoevitch se défendirent le mieux contre les Ottomans, dans les montagnes inaccessibles penchées sur le golfe de Cattaro et sur le lac de Scutari, au Monténégro. Lorsque, aux temps modernes, la puissance turque dût se retirer vers le sud et l’est, deux nouveaux Etats serbes se constituèrent précisément sur la base de la dernière organisation politique moyenâgeuse des Ser­bes: l’un dans les montagnes du Monténégro, au couvent de Cettigné, fonde par les Tcernoe­vitch en 1485, l’autre dans la région boisée de la Choumadia, au sud et non loin de Belgrade et du château des despotes de Smederevo (p. 10—11)." Voila le tableau du premier établissement serbe et de l’extension ultérieure des premières frontières ethnographiques et politiques de la Serbie. Jirecek nous montre clairement que le vrai centre ethnographique des tribus serbes au moyen age ne s'est pas déplacé au sud de la Metochie et de la région de Novipazar, de sorte que seule la vallée la Morava occidentale se trouvait au milieu des établissements serbes, ce qui a valu à ce fleuve, depuis les temps anciens, le nom de „ Morava serbe"1) pour la distinguer de la Morava orientale qui porte le nom historique de « Morava bulgare ». Jirecek explique bien l’extension provisoire di frontières de l’Etat serbe au sud en Macédoine, en Ta pelant un succès de conquérants, du a la faiblesse de Byzance en ce moment-la. Plus tard, lorsque, après l’arrivée des Turcs, le peuple serbe se montra quelque peu indépendant, ce fut encore dans les anciennes terres purement serbes où se trouvait le centre de leur Etat de moyen âge. C'est une vérité bien établie. Les faits di sont absolument conformes aux données historiques se rapportant au premier établissement des Serbes dans la péninsule. Les Slaves bulgares traversèrent le Danube, comme nous l’avons vu, venant de la Dacie; les ancêtres des Serbes et des Croates, au contraire, arrivés au Vlle siècle, habitaient auparavant le long du front sud des Slovaques e Ukrainiens dans la Hongrie septentrionale. C'est la qu'il ont dû traverser les Carpathes en venant du nord-est D'après Jirecek, les aïeux des Serbes ont dû être sans doute les Slaves de la Hongrie septentrionale chez lesquels, a temps de Justinien, le prince lombard Ildigis s'était réfugié. L'émigration des Lombards vers l’Italie ouvrit aux Serbe la voie de la Pannonie, mais ici ils durent subir l’autorité du khan des Avars. Vers l’an 600, à l’époque du roi Maurice, quittant la Pannonie, ils envahirent l’Istrie et la Dalmatie (p. 103). Par conséquent, les voies principales de Pannonie conduisirent les tribus serbes vers le littoral adriatique, vers la Bosnie et vers la Serbie du nord-ouest, où ils pénétrèrent en venant principalement de l’ouest et en suivant le lit de la Morava occidentale. Par sa situation sur les pentes orientales de la chaîne des montagnes albanaises jusqu'aux sources de la Narenta où s'élève les colosses Visitor, Kom et Dormitor, la terre des Serbes, dit Jireeek, occupait une position dominante sur les vallées voisines: son long front au nord-est lui donnait une position forte centre les Avars et plus tard contre les Bulgares et les Hongrois (ouvr. cite p. 121). Déjà au XIIe siècle, Diocleas écrit: « La Serbie (Surbia), ou en latin Transmontana, comprend deux provinces, dont l’une a l’ouest de la grande rivière Drina s'appelle Bosnie, et l’autre, s'étendant de la Drina jusqu'a la rivière Lab (près de Prichtina), s'appelle Rassa » (ouvr. cité p. 121). Voila pourquoi, a l’époque du tsar Simeon, la frontière bulgare atteignait du côté de la Serbie a Metochie actuelle ou les deux Drin se joignent, pour suivre le Drin blanc et l’lbar jusqu'a l’embouchure de la Save. Rassa (Novipazar), Prichtina, Liplian et même Bel­grade étaient alors bulgares. Les Bulgares dominaient alors également les deux principales voies conduisant vers le Danube – celle de la vallée du Vardar et de la Morava qui traversait le plateau de Prechovo et celle de Katchanik – Cossovo-Pole – Niche. Toutefois, la frontière entre la Serbie et la Bulgarie passait par Rassa non seulement à l’époque de Siméon, mais aussi avant lui, à l’époque de son prédécesseur, Boris.

C'est précisément à cette époque, vers la fin du IX1 siècle, qu'eut lieu l’invasion des Magyars. La population slave bulgare de Hongrie se mit à fuir en Bulgarie. C'est alors que des Slaves bulgares s'établirent, en traversant le Danube, dans la région de la Morava, à Branitchevo et autour de Belgrade (Jirecek, Histoire des Bulgares, p. 203). On peut aujourd'hui affirmer avec certitude qu'en ce temps-là, vers la fin du règne du tsar Siméon, le procès de la nationalisation bulgare touchait a sa fin dans toute la péninsule balkanique: les Slaves qui entraient dans la composition de l’Etat bulgare apparaissent déjà transformés en une nation « bulgare » distincte. La conscience nationale bulgare a effacé graduellement les frontières politiques et ethnographiques entre la Bulgarie touranienne fondée par Asparoukh, qui s'étendait du Bas-Danube jusqu'au Balkan, et la « Slavinie » qui s'étendait au sud du Balkan surtout en Macédoine et allait vers l’ouest et le sud-ouest jusqu'à la mer Adriatique et le Peloponese.

Les limites ethnographiques de la Macédoine bulgare de cette époque-la sont visibles jusqu'a nos jours par nombreux noms de lieux bulgares conserves encore dans les territoires aujourd'hui albanais et grecs. Au nord, les limites entre l’élément serbe et le bulgare depuis les temps les plus anciens ne sont pas encore effacées, vu qu'indépendamment de la langue de la population, qui est considérée dans le cas comme un trait distinctif, les anciens noms de lieux qui se terminent en « etz » (le suffixe ьць du vieux-bulgare) sont bulgares, comme par exemple Bucovetz, Lescovetz, Pianetz etc. Les noms de lieux serbes contenant le même suffixe se terminent, conformément aux lois de la phonétique serbe, en « atz ». Sont exclusivement bulgares d'autres noms de lieux i aussi, comme par exemple ceux qui ont conserve leur terminaison en 1, ceux qui contiennent les consonnes « cht » et « jd » etc. Les formes bulgares des noms de lieux dans la région de la Morava nous permettent de suivre l'ancienne: frontière ethnographique de la Bulgarie du côté de l’ouest.

VIII.

La conscience nationale bulgare chez les Macédoniens apparaît dans l’histoire alors même que la Macédoine n'était pas politiquement liée à la Bulgarie occidentale. Lorsqu’en 963, la Bulgarie se décompose en deux royaumes, le royaume bulgare occidental, qui avait à sa tête le roi Chichman et englobait la Macédoine et la région de la Morava avec Sofia, conserva son caractère bulgare pur; de sorte que c'est avec raison que l’histoire mentionne deux Bulgaries ayant deux rois et deux patriarches. Un fait qui mérite d'être relevé c'est que précisément dans ce royaume occidental où existaient toutes les conditions pour qu'un courant de séparatisme se produisit, nous voyons juste le contraire: sous Samuel le royaume occidental bulgare se raffermit et donne plus grande expression à son caractère national bulgare dans toutes les manifestations de la vie nationale et publique. Remarquons que le séparatisme pouvait être facilite par la nouvelle hérésie, le bogomilisme, qui, à cette époque de scission politique, se manifesta avec violence dans la Macédoine qui en était le foyer: à Melnik, par exemple, a Prilep – dans la région de Babouna où se trouve actuellement le village le Bogomile, dans la région de Meglen etc. Toutefois, même cette sombre hérésie n'a pu affaiblir le sentiment de l’unité nationale dans les deux Bulgaries.

L'épisode des fils du tsar Pierre (Petar), le roi captif Boris II et Roman, évadés de Constantinople, nous montre quels sentiments nourrissait-on à la cour du roi Samuel à l’égard de la Bulgarie orientale: Roman fut nommé par Samuel chef de Skopie. D'autre part, il est superflu de relever ici l’importance d'Ochrid, où Sa­muel avait transféré sa capitale en quittant Prespa, et qui était le centre de l’idée nationale bulgare: tout le monde connaît le rôle national et culturel que cette ville a joué dans l’histoire bulgare, depuis les temps les plus anciens jusqu'a nos jours.

Après la malheureuse bataille de Belassitza, en 1014, lorsque Basile le Bulgarochtone réussit à subjuguer le roy­aume bulgare occidental aussi (1018), les deux Bulgaries partagèrent le même sort, le joug de Byzance. Mais quoique ce joug ait dure près de deux siècles, le sentiment national bulgare se maintint en Macédoine aussi bien que dans la Bulgarie Orientale. Aussi, voyons-nous Pierre et Assen, et après eux Kaloyan, réussir, après une lutte de 16 ans, non seulement à rétablir le royaume bulgare oriental, mais aussi, avec l’appui des Bulgares de Macédoine, à étendre de nouveau ses frontières loin à l’ouest, en Macédoine, en y faisant entrer la région de la Morava avec Niche et Branitchevo même Belgrade et Prizren (1204). Le tsar Assen II reconquit également le reste de la Macédoine et une partie de l’Albanie jusqu'à Durazzo, de sorte que tous les Bulgares virent de nouveau réunis sous le même sceptre bulgare. Il est vrai que sous le règne du tsar bulgare Mihaïl-Assen (1246—1257), l’empereur byzantin Vatatses réussit à prendre la Macédoine occidentale, mais après sa mort les provinces macédoniennes perdues se joignirent de nouveau au royaume bulgare. Tout ceci ne pouvait survenir si le sentiment à l’identité de race entre les Bulgares de l’est et ceux de l’ouest n'était pas très développé. Toutefois un malheureux concours de circonstances vint de nouveau à l’aide de Byzance et sous le règne de Constantin-Assen, la Bulgarie perdit de nouveau la Macédoine (1265) tout en gardant encore la région de la Morava. Après bien de luttes et des chances de succès variables, la puissance de la Bulgarie fut brisée à la bataille de Velboujd dans laquelle périt le tsar bulgare Mikhaïl (1330). La Serbie se mit alors à jouer un rôle in portant dans la péninsule. C'est alors aussi que les Serbes s'emparèrent de Niche et bientôt de toute la Macédoine. Nous avons vu combien la domination serbe en Macédoine fut breve1); les Turcs vinrent en déloger les Serbes après la bataille malheureuse entre Valkachine et les Turcs, a Tchermen, sur la Maritza (1371). Tout de suite après, les Turcs se lancèrent dans la Macédoine. Mais l’esclavage turc cinq fois séculaire ne put effacer dans l’âme des Bulgares de Macédoine leur vieux sentiment national bulgare ; dès les premières lueurs de la renaissance nationale, voyons-nous le patriotisme bulgare se réveiller avec éclat dans toute la Macédoine et plus particulièrement dans les régions les plus occidentales. II n'y a là rien d'étonnant si nous prenons en considération que dans ces régions précisément les anciennes traditions bulgares se sont le mieux conservées et que le patriarcat bulgare autocéphale d'Ochrid, quoique grécisé à l’extérieur n’avait pas entièrement rompu avec l’ancien passé bulgare. Pour le peuple, ce patriarcat fut bulgare jusqu a sa suppression (1767). On sait que c'est en Macédoine que l’insurrection grecque produisit le plus d'effervescence. Puis ce sont les guerres russo-turques qui entretinrent le sentiment national en Macédoine en y faisant entretenir la foi dans un avenir plus heureux. Grâce à cet état d’esprit, la question de l’église nationale bulgare trouva en Macédoine un terrain des plus propices et la lutte contre les phanariotes y fut conduite avec autant d'énergie que dans tous les autres pays bulgares. On comprend dès lors quelle déception nouveau le traité de Berlin provoqua-t-il chez les Bulgares de Macédoine et comment fut possible I'organisation du grand mouvement révolutionnaire bulgare qui secoua les fondements de la domination turque et attira l’attention du monde entier en lui faisant prévoir des conséquences politiques énormes. Le caractère bulgare de la révolution macédonienne se manifesta avec le plus d'éclat pendant l’insurrection de Bitolia (Monastir) en 1903, appelée aussi l’insurrection de la St Elie parce qu'elle eut lieu à la St Elie orthodoxe, le 2 août. Cette insurrection ne fut jamais complètent étouffée. Une conséquence immédiate en fut la guerre entre la Bulgarie et la Turquie, en 1912, puis celle entre la Bulgarie et Serbie, la Grèce et la Roumanie, en 1913, et enfin l’intervention de la Bulgarie dans la guerre actuelle. Cette guerre doit avoir pour fin l’union de la Macédoine à la mère-patrie bulgare, dont les vieilles traditions, la langue, les moeurs et coutumes, l’esprit vigilant qui se manifeste dans l’amour de la patrie et du progrès dans toutes les directions, y sont conservés aujourd'hui en­core dans leur pureté absolue. La Macédoine est demeurée la terre classique du bulgarisme qu'elle fut dans le passé. Ce fait est reconnu par un grand nombre de voyageurs savants, slaves et autres, qui ont étudié sur place la vie de la population bulgare de Macédoine et qui ont tous abouti à la même conviction que l’impartial académicien russe Kondakoff, lequel a dit: « Les recherches ethnographiques nous convainquent d'une manière positive que la Bulgarie s'étend par une large zone jusqu'à Ochrid inclusivement » (ouvrage cité, p. 240). Tout Bulgare porte dans son sein cette profonde conviction.

IX.

Ce phénomène de conservatisme opiniâtre est vraiment remarquable. C'est grâce à lui que le bulgarisme a pu se maintenir en Macédoine quoique ce pays, qui fait géographiquement partie de la région méditerranéenne, ait subi depuis les temps anciens une double influence culturelle –l’une de l’est, l’autre de l’ouest, suivant l’activité des communications maritimes et le développement des rapports commerciaux avec l’étranger. Le rôle d'intermédiaire dans la péninsule Balkanique revient surtout à ses parties méridionales – la Thrace, la Macédoine et la Grèce, ayant pour centres Constantinople, Salonique et le Pirée avec Athéna. Il serait naturel que même la population bulgare de Macédoine subit, dans une plus grande mesure que les Bulgares de l’intérieur de la Péninsule, l’influence culturelle de Byzance, et du grécisme en général, aussi bien que celle de Rome. II n'en est cependant rien. Tandis que, plusieurs siècles après la fondation de l’Etat bulgare, l’influence de Byzance s'exerçait sur la Bulgarie orientale par Constantinople, en Macédoine elle était barrée, aussi bien que l’influence romaine, par la puissante vague colonisatrice de Bulgares slaves qui avait inondé, pour ainsi dire, le dépôt culturel byzanto-romain jusqu'à Salonique et la Grèce. Remarquons que du côté de Constantinople et de la Thrace, en général, cette vague ne put prendre de telles proportions même lors de l’établissement des Slaves bulgares, car elle brisa à la digue solide opposée par les Byzantins. L'influence romano-italienne, de son côté, n'a pu même plus tard, pénétrer loin da la côte adriatique. Ici les Slaves bulgares étaient défendues par les éléments albanais aussi. II est vrai qu'au moyen âge l’influence occidentale pénétra à une certaine époque par les voies de St Giovanni de Medua, Durazzo ou Valona, mais avant qu'elle eût exercé une répercussion sur la culture primitive de la population albanaise pt de la population bulgare en Macédoine, ces artères commerciales furent petit à petit bouchées et cédèrent la place à la voie commerciale venant du nord, la voie de l’influence de l’Europe centrale. Mais ici aussi la domination turque éleva des barrières. Quant au commerce Egéen, qui apportait du sud l’influence byzantine et turque, il ne pénétra, lui non plus, très loin à l’intérieur, faute de communications commodes. Une circonstance très importante est que jamais la Grèce n'a eu de bonnes voies de communications avec les principaux centres balkaniques. Tous les golfes de la Grèce septentrionale sont entoures de hautes montagnes qui isolent la Grèce du reste de la péninsule, ne lui laissant ouvert que le littoral de la mer. C'est pour la même raison que la cul­ture hellénique n'a jamais pu se répandre loin du littoral Egéen et que depuis des siècles la Grèce n'a exerce une grande influence en Macédoine. Aussi, ne trouvons-nous pas de nombreuses colonies grecques -au nord de la Thessalie et de l’Epire méridionale. On ne peut par dire qu'il y en ait eu dans les temps anciens non plus, parce que, dans ce cas, elles auraient encore existé, l’élément grec ayant été toujours protégé en Turquie. On sait, d'autre part, qu'aux temps recules c'est d'abord la colonisation slave et ensuite l’albanaise qui repoussaient ['élément grec vers le sud. II y a bien longtemps que la Grèce a perdu son importance mondiale principalement a cause du déplacement des centres de culture de la région méditerranéenne à l’ouest et au centre de l’Europe. C'est surtout la navigation mondiale et par elle le commerce qui ont pris une autre direction. Mais c'est plus encore à la décadence de la race grecque qu'est due la diminution de l’influence grecque. La Grèce ne put devenir économiquement assez puissante pour mettre en valeur ses côtes.

En ce qui concerne les Turcs et les Albanais, on sait qu'ils n'ont pu exercer une grande influence sur la vie des Bulgares de Macédoine. L'influence turque fut superficielle, elle est aussi de date récente, du XVIIIe et XIXe siècles lorsque la colonisation turque fut poussée avec vigueur en Macédoine. Cette influence demeura faible même chez les Pomaks (Bulgares convertis à l’islamisme et qui ont con­serve leur langue), en Macédoine aussi bien qu'a l’est de la Péninsule. La culture primitive des Bulgares de Macédoine s'est maintenue intacte jusque dans le costume, plus particulièrement celui des femmes, le Coran ayant impose à la femme turque de grandes restrictions relativement au vêtement avec lequel elle peut paraître en public. Voilà pourquoi, en Macédoine comme dans le reste de la Bulgarie, l’influence turque s'est exercée plutôt sur le costume des hommes obligés de se mouvoir parmi les Turcs, au marché et dans les administrations. On sait d'autre part que dans les temps les plus obscures du joug otto­man, jusqu'a la fin du XVIlIe siècle, les Turcs défendaient rigoureusement aux Chretiens de s'habiller comme leurs maîtres; aussi, dans certaines régions reculées, le vêtement du villageois bulgare s'est-il conservé relativement pur jus­qu'à nos jours. Dans les temps plus récents c'est l’influence albanaise qui s'est exercée sous ce rapport par suite de la colonisation albanaise en Macédoine.






___________________________________________________________________________________

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Why are you doing this to Macedonia???We don`t deserve to call ourselves Macedonians??when you will consider that we are Macedonians from ever and we will stay even if our neighbours have other opinion

Anonyme a dit…

Conclusion;
Totes les sllaves, donc les serbes, Volgares(bullgares) son arrivée dans cet partie de ballkans comme des conqustadores espagnoles en Amerique, donc por eux ce le nouvau eldorado !
En faite, les autoctones(les idigéenes du ballkans) le people pres sllave ils vive encore dans cet regions ?

Anonyme a dit…

bien sûr ils vivent encore à la Macédoine les autochtones. Même si vous ne l'aimez pas, ces sont les GRECQUES. Le peuple que vous voulez eliminez, anonyme. ça vous derange qu'il y a un peuple qui a toujours veçu dans la région, bien sûre. Pauvres Grecques, pourquoi une telle guerre contre eux???? Ils sont les seuls qui aident la région, et les autres pays qui vivent aux Balkans et pas les Etats-Unis. Les Etats-Unis s'en fouent pour la stabilité dans la région. La Grèce souffre à cause de la stupidité de FYROM, et de quelques autres pays de la région. Vous ne voyez pas qu'ils sont les seuls qui veulent vous aider? Mais ils ne peuvent pas réfuser aussi leur idéntité Macédonienne. Pourquoi vous suivez encore le mensonge de Tito?

Anonyme a dit…

Les pauvres grecs, offensés de tout le monde et les stupides FYROMIENS...
Non mais c'est le monde à l'envers!!!
Les macédoniens existe, que ça vous plaise ou non. Et ils ne sont ni grecs, ni bulgare ni serbe. Ils sont tout simplement macédoniens.
Je ne vois pas ce qu'ils seraient sinon.
Fyromiens (absurdité ridicule)!!! Terme inventé en 1995 pour satisfaire provisoirement la Grèce.
Vardarien !? (Dite moi ou vous avez trouvé ce terme dans l'histoire ?) Précédente tentative des grecs de nommer la population en Macédoine.

Anonyme a dit…

"MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS"...

Tous les mensonges des Grecs et des Serbes au fil des 18e, 19e et 20 siècles ils vont les payer à partir du 21 siècle....

Les Macédoniens furent appelés ainsi par leurs voisins, d'abord, puisqu'ils habitaient sur le territoire géographique du Royaume de Macédoine.

A bon entendeur!

Anonyme a dit…

Habitants du Vardar, vous êtes slaves et devriez être fiers de l'être! Tout au plus pour certains d'entre vous, vous êtes peut-être descendants des macédoniens antiques mais "slavisés".
Le problème de FYROM, et afin de se créer une identité indispensable pour la survie dans les balkans,c'est qu'ils se sont accaparés l'identité macédonienne antique à leur sauce moderne!
Ils ont osé faire des anciens macédoniens des slaves!!!!!
Ils en sont persuadés!
Sans cela, tous les arguments de FYROM tombent à l'eau!
Continuez seulement à traduire le démotique de la pierre de Rosette, en essayant de le faire parler slave, cela ne fera qu'ajouter au ridicule de FYROM.
Le dialecte macédonien antique était une dialecte hellénique.
Les macédoniens antiques se sentaient hellènes et étaient fiers de l'être! C'est cette culture et cette langue qu'ils ont répandus jusqu'aux Indes!
Faites appel aux vrais macédoniens pour qu'ils vous traduisent tout ce que vous trouverez de macédonien.
Et à l'occasion passez en Macédoine en Grèce pour visiter les sites archéologiques des 2 premières capitales macédoniennes ainsi que le lieu de naissance d'Alexandre III dit le Grand.

Anonyme a dit…

...Alexandre était le fils de Philippe de Macédoine donc ce n'est pas compliqué de comprendre ; seulement Macédonien!
Et à la bataille de Chéroné Philippe de Macédoine se battait contre lui-meme, alors ? lorsqu'il écrasa les Grèques...absurde!
La Macédoine d'Egée vous a été offerte en 1913 lors de l'ignominieux partage alors qu'avant vous étiez stratégiquement insignifiants dans vos anciennes frontières . Les Macédoniens existent et ne sont ni grècs ni bulgares ni autres...