Quelques mots de réponse aux calomniateurs des Macédoniens


Bibliothèque des peuples balkaniques

Quelques mots de réponse aux calomniateurs des Macédoniens

Par

Spiro Kitintcheff

En vente à la librairie centrale des nationalités

Rue Caroline

Lausanne

1919



La « Tribune de Lausanne » du 20 novembre 1918 a publié un extrait d'un appel que la jeunesse yougoslave de Lausanne et la société grecque «Koraïa» ont adressé aux professeurs, étudiants et hautes autorités suisses, ainsi qu'aux consulats alliés. Dans cet appel, outre les accusations portées contre les Bulgares, on lisait ceci : « les armées alliées libératrices du sol si éprouvé de la Macédoine, de la Thrace et de la Serbie continuent leur marche victorieuse apportant l'espoir aux opprimés, la liberté à ceux qui souffrent sous le terrible joug bulgaro-turc ».

Notre étonnement est grand de voir la jeunesse yougoslave se joindre à l'appel de la « Koraïa », société, – soi-disant académique – appel qui ne se proposait que de mettre au compte des Bulgares des atrocités imaginaires et de poursuivre ainsi la série des calomnies à l'ordre du jour contre le frère balkanique. Nous ne voulons pas nous camper ici en défenseur de ces derniers. Nous ne pouvons cependant pas ne pas nous élever contre le qualificatif de libératrices dont on gratifie les armées grecques et serbes. Nous protestons énergiquement à la face de l'univers civilisé contre les prétentions injustifiées que ce qualificatif implique et proclamons hautement que nous considérons les armées serbes et grecques, qui n'ont pas pu pénétrer dans notre pays par leurs propres moyens, non comme des libératrices mais comme des conquérantes qui n'ont envahi notre patrie avec l'appui des autres que pour y semer la terreur et recommencer le régime de dénationalisation inauguré à la suite du néfaste traité de Bukarest de 1913, qui malgré une intervention du Président Wilson nous a précisément partagé comme un «simple objet », pour employer les termes d'un de ses Messages de cinq ans plus tard en nous plongeant dans le deuil et l'ignominie !

Comme en 1913 les ennemis du peuple macédonien clament à tous les échos ce prodigieux mensonge qu'ils entrent chez nous en libérateurs. A moins qu'il s’agisse d'une réédition de là libération de 1912!

Les pages qui suivent ont pour but de montrer au public impartial sur la loi des documents les plus authentiques ce qu'elle fut. Nous invoquons pour commencer quelques témoignages de l'Enquête de la Commission de la Dotation Carnegie pour la paix internationale. Cette commission s'est rendue dans les Balkans pour éclairer sans parti pris l'opinion publique sur les procédés, employés par les belligérants sur la population Macédoine. Les membres de la Commission sont trop connus pour que le soupçon de partialité puisse même les effleurer. Notons que cette Commission nouvelle garantie d'impartialité, fut internationale et qu'elle fonctionna sous la présidence de M. d'Estournelles de Constant, sénateur français, qui représenta son pays aux deux Conférences de La Haye (1899 et 19031). A M. d'Estournelles de Constant étaient joints M. Francis W. Hurst, directeur de 1'« Economist » de Londres, bien connu pour ses belles campagnes pour la conciliation internationale et par la loyauté de son ;, caractère; M. Samuel T. Dutton, professeur à Columbia University ; M. Justin Godard, député de Lyon, dont M. d'Estournelles de Constant a pu dire que sa droiture désarmait jusqu'à ses adversaires ; M. Milioukoff, qui joignait à sa haute situation politique le grand mérite d'être un savant comme il en est peu en même temps que celui de connaisseur unique des pays balkaniques et de leurs langues; enfin M. Redlich, professeur à l'Université de Vienne et M. Schucking, professeur à l'Université de Marbourg, deux juristes éminents.

Parlant des Grecs, la Commission écrit dans son Enquête : «les excès de l'armée grecque commencèrent le 4 juillet,- au moment de la première rencontre à Koukouche (Kilkiche). Ce fut à partir de la défaite de la petite armée bulgare, à Koukouch, par' des forces grecques supérieures, après une résistance acharnée de trois jours, que la campagne grecque prit le caractère d'une guerre d'extermination. Aux environs de la ville, 'des obus tombèrent sur des groupes de paysans fugitifs pendant qu'à l'intérieur, d'autres obus atteignaient l'orphelinat et l'hôpital tenus par des sœurs catholiques de France, sous la protection du drapeau français. Quand l'armée grecque y entra, Koukouche était encore intacte. C'est aujourd'hui un monceau de ruines, nous affirme un membre de la Commission qui a pu la visiter malgré les obstacles que les autorités grecques opposèrent à cette visite. C'était une ville prospère de 13.000 habitants, au centre d'un district exclusivement bulgare, et siège de plusieurs écoles florissantes. Que la destruction de la ville ait été préméditée, cela ne souffre aucun doute. Les témoins européens décrivent la visite systématique des soldats grecs dans toutes les maisons, l’une après l'autre. Tout habitant qu'on y trouvait était mis dehors, puis venait le pillage et, finalement, après une petite explosion, la maison était en flammes. Nous avons reçu la liste détaillée de septante-quatre habitants de Koukouche qu'on croit avoir été tués. Ce sont pour la plupart, des vieilles femmes, et on relève, parmi les noms, ceux dé sept bébés.

« Le fait principal sur lequel nous insistons, c'est que l'armée grecque a inauguré la seconde guerre par l'incendie systématique d'une ville bulgare. Le précédent de Koukouche ne fut, hélas!, que trop bien suivi dans les villages. Dans la seule province de Koukouche, l'armée grecque ne brûla pas moins de quarante villages bulgares, pendant sa marche vers le nord. Des détachements de cavalerie allaient de village en village et le travail des réguliers était achevé par les Bachibouzouks. L'emploi des turcs indigènes comme agents de destructions ne fut que trop général. Dans quelques endroits on leur fournit des armes et même des uniformes ».

Puis, racontant la fuite des Macédoniens pour se sauver du massacre qui les attendait s'ils restaient chez eux. la Commission continue : «Il est inutile d'insister sur les souffrances de cette fuite. Vieux et jeunes, femmes et enfants marchèrent parfois pendant des semaines, dans des chemins à peine tracés. Les faibles tombaient de faim et d'épuisement sur la route. Des familles étaient séparées, et, parmi les cent mille fugitifs, éparpillés à travers la Bulgarie, des maris, à l'heure actuelle, cherchent encore leurs femmes, et des parents, leurs enfants. Il arrivait à ce fleuve de fugitifs de traverser la route des armées en lutte : le fracas de la cavalerie, derrière eux, produisait une panique, un sauve qui peut où les mères perdaient leurs enfants, parfois en abandonnaient un, avec l'espoir de sauver l'autre. Ils arrivaient au terme de leur exode, sachant que leurs troupeaux leur avaient été pris, leurs moissons livrées au premier venu, et leurs foyers détruits ».

Pour montrer jusqu'à quel degré la barbarie est raffinée chez le grec, nous citerons en entier l'histoire d'un petit macédonien torturé par l'armée régulière grecque. Mito Kolev, petit garçon de quatorze ans, du village de Kavaliantsi, près de Koukouche. « Le mercredi, 2 juillet, après la bataille de Koukouche, les paysans s'enfuirent de notre village, excepté quelques vieilles gens. Je me sauvai avec les autres et nous gagnâmes Kilindir. Le jeudi, je fis trois heures à pieds, pour revenir rassembler nos bêtes et chercher ma mère. Je la trouvai et j'étais en train de revenir retrouver les autres à Kilindir, lorsque, en quittant notre village, je vis un cavalier grec en uniforme, à cheval. Alors il tira sur ma mère en pleine poitrine, et j'entendis celle-ci qui me disait, à côté de moi : « Mito, es-tu en vie? » Ce furent les derniers mots qu'elle prononça. Un autre petit garçon accourut et se sauva, quand il vit ce qui était arrivé. Le soldat le poursuivit, tira dessus, puis le tua avec son épée sans descendre de cheval. Alors je vis une petite infirme, nommée Kata Goshéva qui était devant nous, cachée dans un ravin. Le soldat courut après elle, mais je ne sais pas s'il l'a tuée. Puis il revint, passa auprès de nous et rencontra un autre cavalier. Un meunier du village, un nommé Kalin, qui pouvait parler le grec et le bulgare, vint à moi et me souleva. Le meunier avait un fusil Mauser. I1 se cacha dans le ravin, quand il vit que les deux soldats revenaient à la hâte, et moi je me cachai dans une haie d'où j'entendis les sabots du cheval dans la direction du meunier. Ils causèrent ensemble et je suppose qu'il a dû se rendre. Puis le meunier revint là ou j'étais et me dit: «Mito, Mito, sors ou bien la cavalerie va te tuer», de sorte que je sortis. Nous allâmes tous les deux à l'école où il trouva d'autres soldats grecs. Je suis tout à fait sûr qu'ils étaient grecs, parce que j'ai reconnu leurs uniformes. Ils avaient l'habitude de venir dans notre village avant que la guerre eût éclaté. Ils posèrent des questions au meunier, en grec, écrivirent quelque chose et lui donnèrent l'écrit. Alors le meunier me dit: «Allons au moulin, c'est à un quart d'heure du village». Nous y restâmes une heure. Pendant ce temps là, trois autres soldats grecs arrivaient, dans une autre direction. Le meunier alla à leur rencontre et leur montra son mot d'écrit. Le meunier me dit de ramasser de la paille et il en ramassa aussi. Les soldats y mirent le feu, de manière à brûler le moulin. Le meunier mit son matelas sur son cheval qui se trouvait au moulin. Alors les soldats s'en allèrent vers le village. Nous les suivîmes, et le meunier me dit : « Nous ferions mieux de leur demander un autre mot d'écrit pour qu'on nous laisse aller jusqu'à Salonique ». A ce moment-là, quelques cartouches qui étaient restées dans le moulin firent explosion. Cela ramena les soldats au galop. Ils tirèrent sur nous. Le meunier leur dit quelque chose en grec, en leur montrant son papier et ils se mirent à baragouiner (Mito ne parlait que bulgare). Je les vis qui me regardaient. Puis l'un d'eux tira son revolver et fit feu sur moi, La balle traversa mes habits sans me toucher ; je tombai faisant semblant d'être mort. Il tira encore ; cette fois la balle entra dans mon dos et ressortit par ma poitrine. Puis, toujours à cheval, il me frappa à l'épaule avec son sabre et le même coup me blessa au doigt. (Mito se couche et nous montre exactement comment les choses se sont passées). Le sang me sortit de la bouche. Je suis resté caché dans le blé tout le restant de la journée et j'ai vu le village prendre feu en trois endroits. Puis la cavalerie se rassembla et partit. J'avais mal, mais je réussis à marcher. Je rencontrai deux de mes voisins, des Bulgares, et l'un me prit dans sa charrette jusqu'à Doïran. Là je retrouvai mon père et l’on me soigna mes blessures à l'hôpital -militaire. Nous nous sauvâmes à travers les montagnes et on me conduisit à l'hôpital de Sofia ». Et la commission dit : « La preuve matérielle du récit, ce sont les blessures que Mito portait encore. Un coup de feu peut être accidentel, mais un coup, de sabre est toujours volontaire et ne peut se donner que de près. Un soldat qui blesse un petit garçon de son épée ne peut pas plaider la méprise. Il était évidemment en train de tout massacrer indifféremment. On peut donc affirmer sans réserve de cet escadron grec qu'il tirait sur les paysans bulgares à bout portant, sans épargner les femmes ni les enfants. » Puis nous racontant le cas du village de Arkangéli où beaucoup de paysans furent massacrés par un escadron grec et où les soldats vers le soir pénétrèrent de force dans les maisons et commencèrent à violer les femmes publiquement et qui ensuite mirent le feu au village, la commission continue en ces termes : « Partout où les paysans se risquèrent à attendre dans leurs villages l'arrivée des soldats grecs, ils le pillèrent de la même façon. Le village fut pillé et incendié, pendant qu'on a violé les femmes ; les non combattants furent froidement égorgés, quelquefois dix par dix, trois par trois, d'autres fois en foule. L'incendie des villages fut une pratique universelle. Toute une région bulgare ait été dévastée, sur une étendue de 140 kilomètres et que presque tous les villages de cette région aient été incendiés. Ils brûlèrent tous les villages à mesure qu'ils avançaient ». Plus loin, parlant du couvent catholique de Paliorstsi, près de Ghevghéli où un soldat grec essaya de violer une religieuse, et où on vola 3oo lires turcs après avoir torturé 5 femmes et une jeune fille la Commission fait cette juste remarque : « Si on a pu traiter de la sorte des Européens protégés par le drapeau français, il est facile d'imaginer ce que durent subir les paysans bulgares de Macédoine ».

Voici d'autre part la lettre de protestation adressée en juillet igi3 par Monseigneur Epiphane, Evêque et Vicaire Apostolique- des Bulgares catholiques de la Macédoine, aux Ministres des Affaires Etrangères de France, de Grande-Bretagne, d'Italie, d'Autriche-Hongrie, d'Allemagne ; à l'Archevêque de Canterburry, à Monseigneur Stojan, député au Parlement autrichien et au Cardinal Gotti, préfet de la Propaganda Fide à Rome.

VICARIATUS APOSTOLICUS

PRO BULGARIS CATHOLICIS

IN MACEDONIA

THESSALONICOE

Pour des raisons incompréhensibles pour Nous, déjà bien antérieurement à l'événement du désarmement de la garnison bulgare en notre ville, les autorités helléniques avaient adopté des mesures par trop arbitraires vis-à-vis de l'élément bulgare. Les arrestations ainsi que les déportations sous le fallacieux prétexte de gens suspects augmentaient de jour en jour, et cela, sans égard aucun à la confession et à la qualité des personnes.

Ces procédés, du reste, non justifiables quant à l'application redoublèrent de violence après la reddition de la dite garnison.

En dépit de la protection que le Gouvernement de la République Française assure tant au personnel qu'aux œuvres de notre Vicariat en Macédoine, le Séminaire Catholique bulgare des Missionnaires Lazaristes, l'Orphelinat des Sœurs de Charité à Zeitinlik et notre résidence épiscopale ne furent pas exempts de ces rigueurs.

Nous-mêmes, personnellement, dans l'exercice de notre ministère de pasteur d'âmes, avons été l'objet de ces violences plus d'une fois et continuons à l'être encore.

Il nous est presque impossible de vaquer aux devoirs sacrés de Notre Apostolat, grâce aux multiples entraves qui Nous sont faites en un moment où plus que jamais Notre assistance est requise. D'où l'exercice du culte est suspendu par l'état de choses créé.

Nombreuses et très nombreuses sont les familles plongées dans la misère noire à la suite de la détention des chefs ou des soutiens ; et par sa prolongation elle va en accentuant de jour en jour la famine dans les foyers.

Notre douleur est d'autant plus grande que Nous sommes impuissants à alléger leurs peines, vu que ni Notre autorité pastorale ni nos ressources ne nous permettent de les atténuer.

La situation à l'intérieur de Notre Vicariat est au paroxysme de l'épreuve. Les districts de Ghevguéli, Doïran et Kilkich en sont les plus éprouvés. Littéralement plus de cinquante villages ainsi qu'un chef-lieu de ces mêmes districts ont été complètement rasés par les troupes helléniques au début de la guerre et dont voici la liste :

I. District de Kilkich ou Koukouche.

1. Kilkich (ville) chef-lieu du district du même nom et centre de notre œuvre d'apostolat, possédant une population bulgare approximative de 11.000 âmes.

L'église catholique « Svéta Bogoroditza », les écoles, la résidence épiscopale, les biens immobiliers faisant partie de la mense épiscopale et dont les revenus étaient affectés à l'entretien des œuvres etc.. tout, la ville entière, sauf une partie de l'Orphelinat des Sœurs de St Vincent de Paul, après avoir été pillé en règle par les réguliers grecs, fut incendié en date du 3 juillet et réduit en cendres.

Le butin du pillage, chargé sur des charrettes spéciales, fut dirigé sur Salonique et de là embarqué sur des bateaux affrétés à destination de Grèce,

Quant à la population de cette malheureuse ville, boulevard du catholicisme en Macédoine, de 11.000 âmes, il ne reste plus que 453 personnes qui, par miracle réfugiées chez les Sœurs de Charité, purent échapper à la plus odieuse des morts. Le reste, surpris dans sa fuite éperdue par les troupes de Sa Majesté Hellénique aux lieux dits « Beylick Àrman », fut impitoyablement et sauvagement égorgé en dépit des principes d'humanité si souvent invoqués par le gouvernement hellénique et sa presse. Il ne fut fait de quartier à personne. Les nourrissons aussi bien que les vieillards y furent passés au fil de l'épée. Toutes les passions bestiales se donnèrent libre cours. Les victimes furent soumises à tous les raffinements de cruauté possibles et imaginables. La pudeur des vierges et des épouses a été outragée d'une manière inouïe en présence des pères, mères, époux et enfants.

Après quoi les cadavres de ces infortunés, arrosés de pétrole, furent livrés aux flammes pour que trace n'en reste.

De Kilkich il ne reste plus que ruines et charniers fumants. Bref, ces horreurs qui y ont été perpétrées sont tellement répugnantes qu'elles soulèvent le cœur et que l'imagination se refuse à concevoir. » Ici suivent les noms de cinquante et un villages détruits par l'armée grecque.

« Le sort des villages susmentionnés ne fut pas plus heureux que celui de la cité de Kilkich. Fidèles au mot d'ordre, les troupes grecques, après le pillage, procédèrent tant à la destruction des vies humaines qu'à celle des immeubles.

Le couvent même des Sœurs Eucharistines, couvert par le pavillon de la France, ne fut pas épargné. Abstraction faite de l'enlèvement des objets pieux, les envahisseurs s'y livrèrent aussi à des sévices. Et comme couronnement à cette conduite inqualifiable, leur presse, avec une impudence sans pareille, au Heu de flétrir ces actes, eut non seulement le courage de les justifier et glorifier, mais même de les attribuer à autrui. »

« Au nombre des victimes figurent entre autres les R.R.P.P. Anghel, Ivan et Cyprien ; le dernier, aux dires des rescapés de ces boucheries humaines, aurait échappé par miracle à une balle que lui tira un soldat grec dans les parages de Todoraki, où il se trouvait lors des événements en qualité de desservant.

Nous avons à relater encore les tortures inhumaines auxquelles fut soumis le R.P. Treptché, aumônier des Sœurs Eucharistines à Paliortzi – enlevé par les anthartes grecs, auxiliaires des armées helléniques, en compagnie du Missionnaire Lazariste M. Joseph Alloati ; le premier a été laissé agonisant à Stoyakovo, alors que le second a été conduit à Ghevghéli où, après avoir été hué, insulté, fut détenu.

La situation est des plus lamentables. Jamais, de mémoire d'homme, la Macédoine, du moins dans cette partie – Kilkich, Doîran et Ghevghéli – même sous la tourmente Hamidienne n'a été l'objet d'une calamité pareille. A la mort qui a fauché par la main des soi-disant armées chrétiennes des milliers d'innocents, holocauste d'une haine séculaire de race, viennent faire place la famine et les épidémies pour achever l'œuvre dévastatrice déjà commencée. L'aspect des campagnes est navrant ! Au lieu de coquettes bourgades, de riches moissons, ce n'est que charniers et ruines. La mort plane partout.

Voilà pourquoi, devant l'épreuve à laquelle est soumise Notre Vicariat, en qualité de pasteur d'âmes, Nous considérons de Notre devoir le plus sacré d'élever notre voix en faveur de l'innocence et de faire appel au nom de l'humanité et de la civilisation par Votre entremise, Excellence, pour la cessation de ces monstruosités, in^ dignes du vingtième siècle.

En attendant, implorant la miséricorde du Tout-Puissant sur les malheureuses victimes, martyrs de la guerre, Nous Vous prions, Excellence de daigner agréer l'hommage de nos salutations respectueuses.

Avec la grâce de Dieu et par la volonté du Saint Siège.

Votre serviteur :

APIPHANE SCIANOW,

Evéque et Vic. Apost. des Bulg. cathol.

de la Macédoine.

Il serait très long de raconter tous les méfaits que l'armée régulière grecque a commis sur la population bulgare de Macédoine. Pour terminer cependant nous donnerons la traduction de quelques lettres écrites par des soldas grecs du 19-ème régiment, dont les bagages furent saisis par les Bulgares le 27 juillet, à Dobrinichté (Razlog). Ces lettres n'ont pas besoin de commentaires. Quelques-uns des soldats vantent les cruautés commises par l'armée grecque, d'autres les déplorent. Les faits y sont relatés de manière simple, claire, brutale et tendent tous à produire la même impression. Des soldats racontent qu'ils ont brûlé partout tous les villages bulgares. Deux se vantent d'avoir exterminé des prisonniers de guerre. L'un d'entre eux assure que toutes les jeunes filles qu'on rencontra furent violées. La plupart insistent sur le massacre des non-combattants, y compris les femmes et les enfants.

Quelques extraits chacun d'une lettre différente suffiront à donner une idée de leur contenu:

...Par ordre du roi, nous mettons le feu à tous les villages bulgares. Nous avons violé toutes les jeunes filles que nous avons rencontrées...

...Ici nous sommes en train de brûler les villages et de tuer les Bulgares, femmes et enfants.

...Nous n'avons tait que peu de prisonniers et nous les avons tous tués, car ce sont là des ordres que nous avons reçus.

...Ce qu'on fait aux Bulgares est sans nom et aussi aux paysans bulgares. Cela a été une boucherie ; il n'y a pas une ville ou un village qui n'aient été incendiés.

...Nous leur avons arraché les yeux (à cinq prisonniers bulgares) pendant qu'ils étaient encore en vie.

De Koukouche à la frontière bulgare, dit la Commission Carnegie, l'armée grecque a dévasté les villages, violé les femmes, massacré les non-combattants. Les représailles ordonnées furent manifestement accomplies. De plus, nous répétons que ces « représailles » ont précédé la provocation bulgare. Systématiquement et de sang-froid, les Grecs ont incendié cent-soixante villages macédoniens-bulgares, détruisant au moins seize mille maisons.

Quant aux procédés serbes employés contre la population macédonienne, ils n'ont été, hélas ! pas meilleurs que ceux des Grecs. Le fameux « règlement pour la sécurité publique » publié par le gouvernement serbe le 21 septembre / 4 octobre 1913, qui équivalait à une dictature militaire, avait provoqué des cris d'effroi non seulement dans la presse étrangère mais dans la presse serbe même.

C'est à propos de ces ordonnances draconiennes, signées par Pierre Ier que le journal serbe « Radnitchké Noviné » écrivait ces lignes :

«S'il est vrai qu'on, a libéré ces territoires, pourquoi alors y établit-on ce régime exceptionnel ? Si ce sont des Serbes qui les habitent, pourquoi ne les fait-on pas égaux de tous les Serbes? Pourquoi n'applique-t-on pas la règle constitutionnelle selon laquelle « tous les Serbes sont égaux devant la loi » ? Si les guerres ont eu pour but l'unification, pourquoi cette unification n'est-elle pas, en fait, reconnue, et pourquoi crée-t-on ces ordonnances exclusives, que des conquérants seuls peuvent créer pour des pays conquis ? D'ailleurs notre constitution n'admet pas d'ordonnance de cette sorte ! » Commentant ces ordonnances imposées' à la population macédonienne, la Commission Carnegie s'exprime comme suit : « Si on ignorait, en effet, ce qu'est la Macédoine, la publication de ces ordonnances permettrait de le deviner. Evidemment, la Macédoine n'était pas la «Vieille Serbie » unifiée, puisqu'on traitait sa population comme des « rebelles » sans cesse soulevés. Ce n'étaient pas des criminels isolés que les ordonnances visaient : ils avaient des complices et des receleurs partout. Punir le coupable ? Ce n'était pas assez tant qu'il restait sa famille ; il fallait aussi la déporter. Mais les amis qui ne voulaient pas « dénoncer » le coupable ? Les « associés » qui guettaient l'occasion de le a mettre en liberté » lorsqu'il était « surveillé, gardé ou escorté » par les fonctionnaires ou les employés publics ? Bref, il s'agissait de toute une population « récalcitrante » et, pour lui résister, il n'y avait que ces « officiers publics » ou communaux, investis de pouvoirs extraordinaires. Ces pouvoirs, comment pouvaient-ils s'en passer, puisque la population, non contente de leur opposer une résistance passive, devenait « agressive » ? Appelée sous les drapeaux, cette population refusait de se rendre à l'appel ». Invitée à « travailler » à la « construction des routes ou à des travaux communaux quelconques», elle se mettait en grève, elle : préférait « travailler ailleurs ou autrement », En somme, chacun « refusait de se constituer prisonnier », se tenant toujours prêt à « attaquer les officiers publics », à leur résister, « sinon par la force, du moins en paroles ». Ce dernier crime, les ordonnances le punissaient de « dix ans de travaux forcés ou de six mois au moins, si insignifiants que fussent les paroles ou les gestes ». On espérait (on le disait ouvertement aux membres de la Commission dès la première moitié du mois d'août) grâce à ces mesures, venir à bout de la résistance de la population allogène de Macédoine en cinq ou six ans ! »

« En effet, si on désirait que la Macédoine « serbe » devint une réalité, au lieu de rester ce qu'elle était, — une illusion nationale qui prenait ses aspirations pour des faits accomplis — il fallait comprendre (même si on ne voulait pas l'approuver) la tactique du gouvernement ». « Les membres de la mission ont été profondément émus par la déposition que les six dignitaires de l'Eglise bulgare ont bien voulu leur faire pendant leur visite au Saint Synode, à Sofia. Ces dignitaires étaient les archevêques Âuxentius, de Pélagonie (Monastir), Cosmas de Dibra. Mélétius de Yélès, Néophyte d'Uskub, Boris d'Okhrida et le vicaire de l'archevêque de Dibra, ï'évêque de Nichava, Hilarion. Ces prélats venaient tous de protester formellement devant l'ambassadeur russe à Sofia, contre cette déclaration de l'ambassade serbe à St Pétersbourg que les archevêques bulgares de Macédoine, eux-mêmes, auraient demandé à quitter leurs diocèses : « Si vraiment », avaient-ils dit dans leur protestation écrite, « le Gouvernement serbe n'a jamais eu l'intention de nous chasser, nous sommes prêts à revenir, dès qu'il nous sera possible, chez nos ouailles, dont nous sommes les pasteurs légitimes... ».

« Nous avons vu que les gouvernements serbe et grec avaient pris toutes les mesures possibles pour isoler ces pasteurs de leurs ouailles. Au moment où la seconde guerre allait commencer, les archevêques bulgares se considéraient déjà comme prisonniers dans leurs « métropolies », On épiait ceux qui leur rendaient visite, on les questionnait, on les accablait de vexations, on les mettait au supplice. Les prêtres n'étaient même pas autorisés à voir leurs supérieurs, si ce n'est à l'église, et le service divin était pour ces archevêques le seul moyen qui leur restât de se montrer aux téméraires qui osaient encore pénétrer dans une église bulgare ». « Les journées du 3O juin, celles où l’on apprit le commencement des hostilités, marque le terme de leur résistance en Macédoine ». Ici la Commission raconte tous les procédés infâmes que les Serbes ont employés pour chasser nos archevêques et elle continue : « Le départ des évêques, c'était la un de l'existence de l'Eglise exarchiste en Macédoine, c'était la fin de l'existence officielle et reconnue de la nationalité bulgare. Les pouvoirs d'occupation n'ont pas tardé à tirer ces conséquences, si conformes à leurs désirs. Nous savons en effet, qu'on n'avait même pas attendu ce départ pour travailler à l'anéantissement complet du « bulgarisme » en Macédoine. Si, pendant les premiers mois d'occupation, septembre, octobre et même novembre, on pouvait penser qu'il s'agissait de malentendus et d'abus de pouvoirs commis par les éléments irresponsables ou par des autorités locales, par suite, cette explication devint insoutenable. Dès le commencement de 1913, la persécution de la nationalité bulgare, surtout dans les régions qui devaient passer à la Serbie par le traité du 29 février 1912, était devenue systématique ». « On pouvait prévoir que la pression la plus sérieuse serait exercée sur les dites régions de la Macédoine.

Uskub (Skopié), Koumanovo, Tétovo, Gostivar, enfin tout le coin nord-ouest de la Macédoine devait subir le premier effort de serbisation.

La place nous manque pour raconter toutes les violences que les Serbes ont commises dans les villes susmentionnées et autres que la Commission nous relève pour la serbisation de la population macédonienne. Comme exemple, nous donnerons la ville d'Uskub où les Serbes, sous les yeux des consuls anglais, français, italien, autrichien, russe, etc., ne se gênaient pas d'appliquer leurs mesures de serbisation.

« Au mois de janvier, le gouvernement d'Uskub fit le premier essai d'une statistique patriotique. Le sous-préfet Boro Milanovitch ordonna aux chefs des communes d'inscrire la population bulgare comme serbe, sous peine d'amende et emprisonnement. À cette occasion. les prêtres et les maîtres d'école furent invités à se proclamer serbes. Mais l'affaire ne marchait pas. Le 16 mars, les paysans du village de Nérézi se plaignirent à l'archevêque Néophite. Quand ce dernier en parla au préfet Tzérovitch, celui-ci prétendit que c'était des « fonctionnaires stupides » qui agissaient ainsi et s'en excusa auprès de l'archevêque. Puis il fit venir le prêtre du village et lui défendit de visiter ses paroissiens tant qu'il n'en aurait pas reçu la permission de l'archevêque serbe. Les villageois de Néi-ézi furent ar-rètés tandis qu'ils soi-taient de la métropolie bulgare et mis en prison. A. partir de ce moment, les paysans des villages eurent peur de venir chez leur archevêque. On voulut ensuite agir de même à l'égard des habitants de la ville : pendant toute la semaine de la Passion, on les terrorisa, en espérant que, effrayés, ils ne paraîtraient pas à l'église bulgare le jour de Pâques. L'archevêque se plaignit à nouveau au consul russe et au préfet, et la population bulgare, c'est-à-dire la grande majorité de la population d'Uskub, put profiter ainsi de la dernière chance qu'elle eût d'affluer à son église et de prendre part à la procession religieuse du second dimanche. La résistance des prêtres et des maîtres d'école, en ville, se prolongea, malgré toutes les persécutions, jusqu'à la fin de mai. Le 11 / 24 mai, jour de la fête nationale des saints Cyrille et Méthode, la population persista à désobéir à la défense de fermer les boutiques. Le lendemain, il y eut une quantité de perquisitions domiciliaires : il s'agissait, en effet, de découvrir une nouvelle organisation révolutionnaire. » L'inscription des volontaires, à la fin du mois de mai, fournit l'occasion d'une dernière démonstration d'indépendance. Ici, encore, comme à Tétovo, on inscrivit de force, puis l'on rassembla tous les inscrits, le 26 mai / 8 juin, à Uskub. Mais presque tous les «volontaires » déclarèrent aux pouvoirs militaires qu'ils avaient été amenés par contrainte. Leurs parents vinrent avec eux et réclamèrent auprès des consuls. On distribua des amendes et des emprisonnements, mais le Gouvernement dut renoncer à l'emploi de la force, en sorte qu'il ne resta à la préfecture d'Uskub que quinze à seize véritables « volontaires ». Les jours suivants, les volontaires de Tétovo, de Gostivar, de Kitchévo, de Dibra, d'Okhrida arrivèrent à Uskub, ainsi que les Albanais de Katchanik, soit environ cinq cents hommes en tout. Tous ces nouveaux venus, apprenant ce qui était arrivé, déclarèrent, eux aussi, qu'ils ne voulaient pas servir. On les renvoya tous, excepté quelques Bulgares qui furent accusés d'avoir poussé les volontaires à la résistance et qui furent fusillés ».

C'est à la suite de ces faits que survint la journée fatale du 17 / 30 juin. Après midi, les arrestations commencèrent et durèrent jusqu'au soir. Le 18, on emprisonna environ deux cents maîtres d'école, fonctionnaires de la métrôpolie, prêtres, notables et autres, citoyens suspects. On en choisit quatre-vingt dix-neuf, qu'on incarcéra dans la prison de Mitrovitza, le plus loin possible du théâtre de la guerre, tandis qu'à Uskub les arrestations se poursuivaient toujours. On fit. en outre, trois cents prisonniers, choisis en partie dans les villages. Plusieurs furent maltraités. Il y en eut aussi qui payèrent leurs gardiens pour ne pas l'être. En même temps, on compta à Tétovo jusqu'à cent cinquante, et environ une centaine de ceux., qui furent arrêtés à Palanka, et qui ne pouvant pas marcher, furent, tués par les soldats sur le chemin de Koumanovo ».

La persécution du bulgarîsme devint particulièrement aiguë après la déclaration de M. Pachitch. Les prêtres et les maîtres d'école, individuellement, furent forcés de céder et de se déclarer serbes. Contre les récalcitrants, on appliqua la méthode du «Désarmement», accompagnée de recherches domiciliaires et de tortures. » En attendant que les armées alliées en vinssent aux armes, les Serbes menèrent pendant six mois une guerre de guérillas, en Macédoine, à côté de l'armée régulière. Ils armèrent leurs vieilles bandes, dont les chefs et les soldats portaient l'uniforme militaire. A. Uskub, au moment de l'arrivée des troupes, il se forma, à côté du commandement supérieur, un Comité central de la «Défense nationale » qui eut des filiales dans d'autres villes de la Macédoine. C'est cette organisation occulte, mais connue de tout le monde et puissamment protégée, qui commit les pires crimes. Nos documents sont pleins de dépositions qui mettent en lumière l'activité sinistre de ces bandes tolérées par la loi. Malheureusement, tous les noms ne peuvent pas être cités... Chaque ville avait son chef de bande, qui devint vite fameux : nn certain major Voulovitch, à Koumanovo ; un certain capitaine Rankovitch, et son adjoint, un nommé Voïno Popovitch à Vélès ; un certain -Vassa, un certain Vangueî, etc. Quand on se plaignait aux pouvoirs réguliers, ceux-ci faisaient mine de né rien savoir, ou bien ils punissaient le plaignant. Si c'était un personnage, comme cela est arrivé à l'archevêque de Vélès, par exemple, on donnait satisfaction, par exception, à sa plainte en renvoyant les bandes de la ville de Vélès aux villages... pour les remplacer immédiatement après par les bandes d'Uskub.

« C'est dans les villages que l'activité de ces bandes se montra particulièrement funeste. En ville, les autorités régulières sauvaient les apparences et ne se mêlaient pas des affaires des bandits; mais en bas de l'échelle administrative, au village, le pouvoir responsable et le pouvoir irresponsable se confondaient et ne faisaient qu'un. Cette confusion était d'autant plus facile qu'on avait mis à la tête de l'administration des villages des représentants payés des minorités nationales, des « serbomanes » ou des « grécomanes », qui, très souvent, avaient servi les Turcs comme espions... Ces gens-là, avec une connaissance très intime des affaires locales, avaient leurs propres rancunes à satisfaire... Il leur suffisait de désigner le nom de leurs ennemis, et les bandes étaient là pour les arrêter, les rançonner à loisir, les battre, les tuer môme impunément. »

» Quels ont été les résultats obtenus pas ce système implacable au moment du commencement de la guerre serbo-bulgare? Un maître d'école bulgare les a caractérisés, en disant: « Même si l'on était Européen, on se déclarerait Serbe, si l'on se trouvait abandonné comme cela, seul et sans soutien, en face du banditisme déchaîné et protégé par le pouvoir légal ».

Plusieurs journaux européens s'étaient indignés contre ces procédés serbes et l'un d'eux, Manchester Guardian, écrivait ceci: « La Serbie n'est pas un pays à population cultivée ; les 80 % des habitants sont illettrés ; or, maintenant qu'il lui faut pourvoir de gouverneurs et de fonctionnaires les pays conquis, d'une superficie presque égale à celle de la Serbie, il ressort le manque d'hommes compétents. Les bons refusant d'aller en Macédoine considérée comme pays d'exil, il en résulte que des individus indignes sont investis de pouvoirs presque absolus.

» Pour chaque groupe de quatre ou cinq villages, il y a un chef qui, avec six ou sept fonctionnaires subalternes, des individus aux procédés déplorables, opère des perquisitions dans les habitations et, sous prétexte de chercher des armes, vole tout ce qui peut avoir de la valeur. Les habitants sont fouettés et les violences (sévices) sont à l'ordre dû jour.

» Un village de cent dix familles a été contraint de payer 6000 francs de contributions forcées, et maintenant on lui réclame encore deux mille. Le prêtre de ce village pour se soustraire à l'exil dut payer i5oo lires. Les pauvres émigrés qui arrivent d'Amérique sont obligés de payer de 200 à 400 lires pour obtenir la permission de rentrer chez eux. A tout cela, il faut ajouter la terreur qu'inspirent les bandes de comitadjis recrutées par le gouvernement, lesquelles ont pleine liberté d'action pour terroriser la population.

» Si les Turcs avaient commis ces choses-là, le concert européen en aurait été ému; mais il faut croire que la Serbie et la Grèce sont trop puissantes pour être blâmées, ou bien il faudrait admettre que les atrocités deviennent respectables lorsque ce sont des chrétiens qui les commettent. »

D'autres journaux, tels que : l’Etoile belge, Le Corriere d'Italia, le journal tchèque Tchas, La Qurterly Review, Le Daily Chronicle, Commune Cause, le journal russe Rousskojé Sloço, etc., ont tenu le même langage et avaient protesté contre le régime insupportable serbe. [ Au sujet des atrocités serbes, voir M. D. Skopiansky, Les Atrocités serbes, d'après les témoignages américains, anglais, français, italiens, russes, serbes, suisses, etc. Librairie Centrale des Nationalités, Lausanne.]

Tel est le régime auquel la population de Macédoine a été soumise. Que lui serait-il advenu si les Alliés, après l'armistice de Salonique, avaient laissé le champ libre aux Serbes et aux Grecs en Macédoine, en leur permettant d'occuper le pays. On le devine sans peine; le passé nous l'apprend sans phrases à la simple lumière des faits qui se sont déroulés. Ainsi chaque enfant de la Macédoine se sent-il au cœur une reconnaissance profonde envers les alliés qui ont épargné à son peuple le supplice de 1913.

A l'heure actuelle, où chaque peuple opprimé se rassénère à l'air vivifiant de la liberté, nous frissonnons, nous autres Macédoniens, à la seule idée que les armées alliées pourraient se retirer et nous laisser retomber sous la tyrannie serbo-grecque.

Ainsi, au nom de l'humanité, nous tournons-nous vers ceux qui ont en mains la destinée de l'organisation d'une Europe nouvelle basée sur la justice et la liberté et les supplions-nous de ne pas oublier les Macédoniens sous le joug des Serbes et Grecs. Nous nous adressons aussi à la presse des deux mondes et la prions d'élever sa voix en faveur d'un peuple qui, depuis cinq siècles gémit sous le joug étranger.





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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Demandez vos droits en évitant de vous approprier une histoire qui ne vous appartient pas. Vous serez plus crédibles et en plus vous aurez beaucoup plus de succès!
Evidemment, pas facile avec 25% d'albanais sur le dos...

Anonyme a dit…

Quel sarcasme !
Je retiens :
1."demandez vos droits",
2."Histoire qui ne vous appartient pas",
3."Pas facile avec 25% d’albanais sur le dos".

1. Tout d’abord on ne demande rien du tout, si se n’est de nous laisser tranquille. Si vous ne savez pas qui nous sommes c’est votre problème, pas le notre, mais on est prêt à vous le faire savoir (macédoniens, que ça vous plaise ou non),

2. Ensuite qui êtes-vous pour monopoliser et s’approprier en totalité l’histoire du territoire qui est en partie le notre aujourd’hui (je parle bien de la République de Macédoine).

3. Voici la rhétorique typique du 19ème siècle appliquée à nos jours. Voulez-vous nous faire croire que dans votre fameuse république démocratique il n’y a pas d’autres communautés ethniques ? Si vous ne les reconnaissez pas cela ne veux pas dire qu’ils n’existent pas.

Anonyme a dit…

...CALOMNIES !!! ces "bulgares" ne sont que des Macédoniens et seulement des Macédonien ; La Macédoine de l'Egée n'était peuplée que de Macédoniens lesquels après la guerre civile en Gèce ont été l'objet de nombreux échanges de population, ont subi la terreur -ma famille en est une preuve vivante- l'interdiction de se désigner Macédonien, de pratiquer leur langue( qui n'est pas un dialecte bulgare) et leur culture , ont été chassés de leurs foyers, des villages entiers ont été éffacés de la carte et les autres rebaptisés par des noms Grècs (ex: Kutlesh par Vergina) de meme les patronymes des Macédoniens ont été remplacés par des patronymes grècs jusqu'à sur les tombes de nos morts.Et en placant des populations ramenées d'Asie Mineur (les Madziri) et des autres régions de l'Empire Otoman dans la Macédoine d'Egée , il s'agissait de rompre l'homogénéité ethnique des autochtones Macédoniens et de gommer les vestiges de leur passé antique, de les éffacer de la carte du monde pour pouvoir s'approprier leur territoir, leur histoire et leur nom , afin que l'Etat Grèc soit le seul aujourd'hui à pouvoir les utiliser "légitimement"
La négation du peuple Macédonien qui au départ était un ethnocide devient un génocide.Quelle Honte!!!

Anonyme a dit…

Triple non depuis des siècles - non aux bulgares, non aux grecs, non aux serbes! Que ca vous plaise ou pas les macédoniens existent toujours et continueront. ils ne s'approprient pas l'identité macédonienne puiqu'ils sont macédoniens Vous les grecs et les bulgares etes des narcissiques pervers qui non seulement vous etes appropriés notre histoire mais vous nous accusez de le faire - effet miroir : vous reprochez aux autres ce que vous etes, des menteurs voleurs et calomnieurs D'ailleurs les analyses d'ADN le prouvent bien... nous sommes les descendants des macédoniens antiques que ca vous plaise ou pas! Les bulgares sont bulgares et ne peuvent pas etre macédoniens en plus, les grecs sont grecs et ne peuvent pas etre macédoniens en plus Quant à nos 25% d'albanais comme vous dites, laissez couler, occuper vous de compter les votres d'albanais que vous niez toujours mais plus pour longtemps Voilà l'avenir reserve bien des surprises et beaucoup de choses remontent à la surface et n'ont pas fini de remonter à la surface... vous feriez mieux de vous preparez à ca au lieu de nous empecher d'exister... Ca vous n'y arriverez pas de toute façon